Chapitre III

78 17 36
                                    

Le commencement


Jeudi

Ambre

Je me réveille, la tête étalée sur le bureau. J'ai travaillé toute la nuit pour terminer mon chapitre et j'en suis assez fière. Il est actuellement neuf heures vingt-quatre, et comme tous les jours, je vais me préparer et me faire un café.

Bryan est déjà parti mais je compte bien régler nos affaires dès qu'il aura fini et qu'il sera rentré du travail, enfin je suppose que c'est là-bas qu'il est parti.

Je me prépare et m'habille, j'ai envie de faire un tour. Jogging noir et veste grise, ça ira parfaitement. Je me maquille juste pour cacher mes cernes et ma fatigue, je ne dors pas beaucoup en ce moment, et c'est clairement inscrit sur mon front.

Je suis d'humeur à marcher aujourd'hui, alors je décide de me balader tranquillement, puis j'irai courir un petit peu. Il est actuellement dix heures vingt-deux, et le soleil illumine cette ville, magnifique en cette saison. Je m'évertue devant tant de beauté, et me perds dans mes pensées. Je souris tellement que j'en ai mal aux joues, je m'en rends compte, mais souris de plus belle. La musique résonne dans mes écouteurs, et je me mets à trottiner. Quand tout à coup, la sonnerie de mon téléphone retentit. Ça doit sûrement être Bryan, ou ma mère. Je ne lui ai pas encore parlé cette semaine.

Je m'arrête, et, gênée par la sonnerie et le monde autour, je décroche. C'est Bryan.

- Allô ?

- Allô, Ambre ? Répond une voix de femme que je ne connais pas.

- Euh, oui, qui êtes-vous ?

Je suis perplexe. Que me veut-elle ?

- Bonjour, je suis une ambulancière de l'hôpital, vous connaissez bien un certain Bryan Smith ?

- Bien sûr, pourquoi ? Il lui est arrivé quelque chose ?

Mon cœur cogne dans ma poitrine, j'ai d'un coup un mauvais pressentiment.

- Écoutez, Madame, ne paniquez pas.

- Comment ça, ne paniquez pas ? Qu'est-ce qu'il se passe ? La tension est désormais palpable dans ma voix, mes mains commencent à trembler.

- Il a eu un grave accident. Un camion est rentré dans sa moto et il en a été éjecté. Nous sommes en train de le ramener à l'hôpital. Je vous appelle pour vous prévenir.

- Mais attendez comment ça un grave accident ? Où ? Quand ? Est-ce qu'il va bien ?

C'est au tour de mes jambes de trembler, et ma tête commence à tourner.

- Pour le moment, nous ne savons pas. Il a du mal à respirer, et il est sacrément a...

BIIIIP.

L'appel a coupé. Paniquée, j'essaie de rappeler, mais je tombe directement sur sa messagerie.

Je suis abasourdie.

C'est impossible.

Impossible.

C'est un cauchemar.

Je vais me réveiller.

C'est ça ! Je vais me réveiller ! Je ferme les yeux.

Réveille-toi, réveille-toi, réveille-toi Ambre, réveille-toi.

Je les rouvre, et rien n'a changé. Je suis toujours sur les trottoirs de la ville.

Je suis seule au monde. Je ne remarque plus les visages des gens autour qui semblent me dévisager.

C'est impossible. Pas lui. Ils ont sûrement fait une erreur. Ils l'ont confondu avec un autre. Ça arrive souvent ça, pas vrai ?Ou alors c'est une blague ? Un canular ? Mais oui. J'essaie par tous les moyens de me convaincre, mais au fond de moi, un sentiment de peur me gagne.

Je recherche ma localisation et le temps qu'il me reste à pied de l'hôpital.Dix-huit minutes, parfait. J'avance d'un pas rapide, mais, j'y vais à reculons. J'ai un très mauvais pressentiment. J'arrive enfin, et me dirige vers l'accueil. L'hôpital est immense et j'aimerais savoir où se trouve Bryan rapidement, afin de m'assurer qu'il n'a rien. La secrétaire m'indique le couloir de gauche.

J'y avance - non sans avoir rempli un formulaire - et m'assois dans la salle d'attente.

Les heures passent, et ma patience s'égrène.

L'odeur de l'hôpital me donne envie de vomir, et je finis par tellement stresser que je n'arrive plus à rester assise. Les gens de la salle d'attente commencent à perdre patience.

Un médecin, petit, blond aux yeux bleus arrive et déclare :

- La famille ou les proches de Bryan Smith sont ici ?

- Oui, répondis-je.

Donc ce n'était pas une blague.

- Vous êtes ? Me demande-t-il.

- Ambre Colins, sa... Son amie.

- Très bien, veuillez me suivre s'il vous plaît.

Je suis le médecin, dans un endroit plus discret.

- Bon, je vais vous faire un résumé bref : il a deux côtes fêlées, un traumatisme crânien, et la jambe droite cassée, sans oublier une entorse du poignet droit. Pendant le choc, ses poumons ont été comprimés et sa tête a reçu un choc très important.

- Que voulez-vous dire ?

Ma gorge se noue et ma vue commence à se brouiller.

- Écoutez, il ne répondait plus de lui-même. Nous avons dû...

Pitié, faites qu'ils ne disent pas ce que je pense, par pitié...

-... Le mettre dans le coma.

Je n'y crois pas. Et pourtant. La nouvelle que je redoutais tant tombe.

Aucun mot ne sort de ma bouche.

J'entends le médecin me parler, mais je n'écoute plus.

Temps. Rééducation. Risques. Courage.

Efforts. Traumatisme. Combat.

Force. Soutien.

Psy.

Trop tôt. Réanimation. Demain.

Lessivée, je sors de l'hôpital, il fait presque nuit.

Je décide d'appeler un taxi pour rentrer chez moi, car je sais déjà que mes jambes ne me porteront pas.
Le trajet me semble court, sûrement parce que je pensais à trop de choses pour me rendre compte du temps qui passe.

Je rentre dans mon appartement vide, sombre.

Je laisse tomber mes clés par terre, enlève mes chaussures, et me dirige vers la cuisine. J'ai besoin d'un remontant. J'attrape un verre à pied, un tire-bouchon, et une bouteille de vin rouge dans le frigo. Je l'ouvre et me sers un verre.

Je me pose sur le canapé sans un son.

Aucune larme ne coule, contrairement à ce que je pensais. Je n'appelle personne. Je ne dis rien, et me contente de m'e rouler en boule sur le canapé.

Mes pensées restent actives longtemps, puis mes yeux se ferment lentement.


______________________________________


Hey toi ! Si cette histoire te plaît, n'oublie pas de laisser une étoile et de me le dire en commentaires ! Merci !

Chambre 12Où les histoires vivent. Découvrez maintenant