Chapitre IV

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Le pire réveil de ma vie


Jour 1 - Vendredi

Ambre

Je me réveille en sursaut. J'ai très mal dormi. J'ai fait un cauchemar : Bryan était dans le coma dans un état grave.

Puis je comprends que ce cauchemar, c'est ma vie.

Je me lève difficilement, et j'observe le salon. La bouteille est toujours ouverte sur la table basse, et mon verre à moitié vide, renversé en partie sur le sol.

Je vais faire du café dans la cuisine, et un souvenir me revient en mémoire : Bryan qui m'enserre la taille et qui m'embrasse le cou pendant que je souris en préparant le petit-déjeuner. Je secoue la tête comme pour me débarrasser d'une pensée néfaste, et prends ma tasse remplie de cette mixture noire et brûlante. Je ne bois jamais de café pur, mais j'ai besoin d'énergie, de beaucoup d'énergie pour que mon cerveau et mes idées arrivent un minimum à se remettre en place après l'annonce de cette nouvelle.

Je passe devant le miroir près de la porte d'entrée, et regarde mon reflet. J'ai une mine affreuse. Des cernes noirs, comme si je n'avais pas dormi depuis deux semaines, les cheveux en bataille, le front plié par l'incertitude.

J'essaie d'arranger mes cheveux mais finalement je les attache en queue rapide. Je ne me change même pas. Je finis mon café et pose la tasse dans l'évier de la cuisine. Je regarde l'heure, il faut que j'y aille si je veux aller voir comment va Bryan.

Mon téléphone vibre, deux appels manqués de Loukas, un message de Ben, un appel de ma sœur. Désolé mais là, je n'ai pas le courage d'affronter tout ça.

Je prends ma voiture et roule jusqu'à l'hôpital.

Je redemande mon chemin à l'accueil, et vais au service réanimation.

On me demande de mettre une blouse, une charlotte, un masque et même des protections sur les chaussures. Je ne comprends pas pourquoi mettre autant de sécurité, mais j'obéis silencieusement et je revêts ce qu'on m'a donné. Je ressemble à un de ces chirurgiens de série télé que plus personne ne regarde.

Une infirmière aux cheveux d'un noir de jais, avec des yeux gris magnifiques d'environ un mètre soixante-dix et très aimable m'indique sa chambre.

Elle me dit qu'il faut que je me prépare, que ça peut me choquer.

Elle a tort, c'est mon copain, rien ne peut me choquer.

Chambre 12. Je prends une bonne bouffée d'oxygène et pousse la porte.

Et là, je tombe de haut. De très haut.

Bryan est étalé sur le lit, branché à toutes sortes de machines. Sa jambe est plâtrée, sa tête est entourée d'une bande blanche, sa lèvre est tuméfiée, et il a des bleus partout.

Je me précipite à côté de lui, la lèvre tremblotante, les larmes aux yeux, je parcours son visage en l'effleurant de mes mains.

- Oh mon amour, m'exclamais-je entre deux sanglots. Mais qu'est-ce qu'ils t'ont fait ?

Je m'accroche à sa blouse blanche, et j'écoute son cœur battre faiblement. Je lui serre la main, j'embrasse ses joues. Mes larmes coulent sur son visage mais je les essuie rapidement.

Lorsque vient l'heure pour moi de le laisser se reposer, après des heures restées à son chevet, j'embrasse tout doucement sa lèvre abîmée et lui chuchote à l'oreille "je t'aime".

Je fais promettre à la gentille infirmière de m'appeler s'il y a quoi que ce soit. Celle-ci m'informe que personne à part moi n'a pu être être mis au courant car le téléphone était sacrément abîmé et qu'il a cessé de fonctionner.

Il faut donc que je prévienne tous ses proches. Comment faire ?

J'acquiesce mollement. Je n'ai aucune envie de le faire, je vais devoir assumer et me soumettre aux commentaires et pleurs des autres, et là, je n'ai pas la force.

Plus tard, je rentre chez moi et m'écroule sur le canapé.

Les larmes continuent de couler.

Je n'ai aucun appétit, j'ai juste envie qu'il me serre dans ses bras, je veux sentir ses lèvres sur les miennes, ses bras enserrant ma taille, son odeur m'emplissant les narines.

Mais c'est impossible.


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Chambre 12Où les histoires vivent. Découvrez maintenant