Chambre 12

Chapitre V

Regrets

Jour 2 - Samedi

Ambre

Je me réveille en catastrophe par la sonnerie de mon téléphone qui hurle dans tout l'appart.

C'est l'hôpital.

- Allô, Madame Ambre Colins ?

- Oui, c'est bien moi. (Enfin, du moins, ce qu'il en reste.)

- Je suis Charlotte, l'infirmière à qui vous avez demandé d'appeler s'il y avait un problème, vous vous souvenez ?

- Oui, bien sûr. Qu'est-ce qu'il se passe ?

Je commence déjà à m'imaginer le pire. Et s'il était mort ?

- Écoutez, je ne vais pas vous mentir, son état s'est aggravé dans la nuit. Il a eu une infection pulmonaire et il ne pouvait plus respirer. Nous l'avons intubé et c'est la machine qui respire pour lui, désormais. Mais ne vous en faites pas, son état est redevenu stable.

Ne sachant quoi répondre, je laisse un blanc. Intubé ?

- Madame ? Dit-elle, au bout de quelques minutes.

- Oui, je suis là.

Ma voix se serre, mais je lui demande :

- Est-ce qu'il va mourir ?

Ma gorge est tellement nouée que s'en devient douloureux.

- C'est difficile à dire. Son état est critique, mais il peut s'en sortir. Croyez-moi, le fait que vous soyez là, à vous battre à côté de lui l'aidera beaucoup. Nous devons lui faire quelques soins. Vous allez passer ?

Quelle question évidente, bien sûr que oui ! Mon copain est entre la vie et la mort !

- Oui, je vais venir.

- Parfait. À tout à l'heure alors.

Et elle raccroche.

Une mauvaise nouvelle, encore.

Je regarde mon téléphone, j'ai maintenant deux messages de Ben, trois de Loukas plus un appel, un appel de ma sœur et quatre messages de Claire. Plus tard, là, je n'y arrive pas.

Je prends enfin une douche, et ne peux m'empêcher de sangloter sous l'eau brûlante. Je me sèche, m'habille. Je n'accorde aucune importance à ma tenue, je ne sais même pas ce que j'ai mis. J'ai l'impression d'être dans un état second, comme si je n'étais pas vraiment moi-même, comme si mon esprit avait quitté mon corps. Mais il faut que je me ressaisisse, alors je retourne à l'hôpital.

J'ouvre la porte de cette fameuse chambre 12, et ne peux m'empêcher d'y penser. Le 12, c'est notre chiffre. On s'était mis ensemble le 12 juin.

Quel doux euphémisme.

Je pénètre dans la chambre, et retrouve mon amour, toujours allongé. Un gros tube entre dans sa bouche, ses bleus sont en train de virer au jaune, et sa bande blanche a été remplacée par un grand pansement blanc. Je l'observe en piteux état, ce qui me brise le cœur. Mes larmes s'écrasent sur le sol et je m'approche de lui prudemment.

L'infirmière que j'ai eue tout à l'heure au téléphone entre.

- Madame, le médecin souhaiterait vous voir.

Je tourne la tête et aperçois en effet un grand monsieur, cheveux noirs, barbe savamment taillé, d'environ la quarantaine me faire signe de venir.

Non sans un regard vers Bryan, je me dirige à nouveau vers la porte.

- Bonjour Docteur.

- Bonjour, me dit-il. Suivez-moi dans mon bureau s'il vous plaît.