Chambre 12

Chapitre VIII

La Famille

Jour 5 - Mardi

Ambre

J'ouvre les yeux, et il me faut quelques instants pour recouvrer mes esprits. J'allume mon téléphone, posé sur ma table de chevet. On est mardi, et il est huit heures d'après lui. Je perds la notion du temps à force.

Le ciel est sombre, tout comme mon humeur. Je m'étire doucement quand tout d'un coup, une sonnerie retentit dans mon oreille. Mon téléphone est en train de sonner. Je le prends et vois le numéro de ma sœur, Olivia, s'afficher.

Je respire un bon coup, et décroche.

- Allô ?

- Ambre ?

- Oui, c'est moi.

- Ça va ?

- Tu as eu mon message ? L'interrogeais-je.

- Oui, c'est pour ça que je t'appelle, pardon de ne pas t'avoir rappelé plus tôt, j'ai été pas mal débordée ces derniers temps.

- D'accord.

- Excuse-moi. Est-ce que tu tiens le coup ?

- Non, absolument pas. J'ai l'impression de me noyer dans un puits sans fond qui me pousse toujours plus bas.

Je lui raconte tout. Elle m'écoute et me conseille d'en parler à ma mère puis me parle de sa vie à elle. Elle a rencontré un garçon a priori. Il s'appelle Timothée, et vu comment elle me le décrit, il a l'air gentil. J'espère qu'ils finiront ensemble. Ses études vont bien, et l'avoir au téléphone me fait du bien.

Puis elle raccroche, car elle doit retourner à la fac.

Je me lève, et repousse la couette sur le côté. J'avance vers la petite commode en bois noir de Bryan, dans le coin de la chambre, et ouvre le tiroir du bas. J'en sors un carnet à la couverture marron : son carnet de contact.

Il est tellement prévoyant. Et tellement prévisible parfois.

Un par un, j'appelle chacun de ses contacts, et annonce la mauvaise nouvelle. C'est très dur à faire, mais c'est nécessaire. Bryan aurait fait pareil pour moi. Et ils ont le droit de savoir. De savoir que cette personne merveilleuse se bat pour revenir.

Ensuite, je vais me préparer. Je m'avance vers la salle de bains, et vais prendre une douche. L'eau coule sur mon corps, mais ne me lave pas de toute cette culpabilité et de toute cette angoisse qui me colle à la peau.

Je ressors au bout d'une vingtaine de minutes mais mon cerveau est toujours embrouillé, embué de peine et de doutes.

J'ai toujours été comme ça de toute façon.

À douter de tout. De moi, principalement. Mais aussi des sentiments de ceux que j'aime à mon égard. Je me demandais bien pourquoi ils restaient près de moi. Et puis il y avait les autres. Les gens autour. Je me cachais d'eux. Leurs regards jugeurs m'ont dévastée, étant plus jeune. Cette peur irrationnelle de ce que les gens vont dire, ou penser, quoi que je fasse, m'avait laissé de profondes séquelles, tant morales que physiques.

C'est ce que j'aimais chez Bryan.

Il était différent. Il ne me jugeait pas, jamais. Il était compréhensif, simple, et lui-même. Et ça lui suffisait pour être extraordinaire. J'adorais cette façon d'être optimiste dans n'importe quelle situation, de voir toujours le bon côté des choses, le verre à moitié plein, son tempérament très calme et sa nature taquine.