Chambre 12

Chapitre XVI

Le jour J

Jour 13 – Mercredi

Ambre

Quand j'ouvre les yeux, mon esprit s'active directement : c'est le grand jour ! Je me dépêche de sortir du lit, et la froideur de l'appartement me pousserait presque à renoncer, mais je me force à ne pas écouter toutes ces voix dans ma tête qui me proposent d'arrêter, de trouver une excuse, une alternative, une échappatoire. Mais il en est hors de question. Tout le monde compte sur moi, même une personne endormie. Je me dois d'être à la hauteur.

Je m'assois sur le matelas et me frotte les yeux pour chasser

la fatigue encore présente. Mes yeux se posent sur mes jambes dénudées, et je ressens une petite douleur au niveau du bassin. En regardant de plus près, je comprends pourquoi : l'os de ma hanche semble vouloir percer ma peau. Je ne m'étais pas rendu compte que j'avais perdu du poids ; mais quand on fait le compte, à part quelques yaourts, quelques fruits et de lointains repas, je n'ai pas mangé réellement et pleinement depuis un certain temps. Je comprends que j'ai repris certaines vieilles habitudes ; j'ai réduit mon alimentation, j'ai vomi, j'ai tout fait pour contrôler ce que j'avalais. Je me souviens de ces sensations de gêne, de stress, de ballonnements, mon estomac qui se retournait en voyant ou simplement en sentant diverses odeurs de nourriture. Les calories, tout ça, inconsciemment, tournaient dans ma tête. À défaut de pouvoir contrôler ma vie, j'ai gardé le contrôle sur ce que je mangeais.

Je me dirige vers la salle de bains, je sors la balance du meuble blanc, et la pose au sol. Je me déshabille entièrement et me pèse. Quand je vois mon poids s'afficher, je crois voir flou pendant quelques minutes. Je m'appuie contre le mur pendant quelque temps, et quand ce léger vertige est passé, j'y remonte. Je pèse maintenant quarante-cinq kilos et trois cents grammes. Pour un mètre soixante-cinq, je trouve que mon poids est raisonnable. Quand je relève ma tête, j'observe mes joues qui semblent s'être un petit peu creusées. C'est juste le stress, tout ira mieux après.

Je me dépêche de prendre une douche chaude, méditative, et je me sens déjà un petit peu mieux. Ces derniers jours, je me suis efforcée de travailler, de revoir mes notes, et je me suis assez enfermée chez moi, sauf pour aller voir Bryan, qui, n'a toujours pas ouvert les yeux, mais je garde espoir.

Aujourd'hui, je suis d'humeur à m'habiller correctement : je choisis une chemise blanche à rayures rose pâle, et un jean gris. Je coiffe ma tignasse blonde emmêlée en une queue-de-cheval, et laisse retomber quelques mèches sur les deux côtés de ma tête. Je me maquille légèrement pour essayer de limiter les dégâts causés par le stress et les nombreuses heures à travailler.

Après m'être préparée, je cherche à m'occuper. Je remets en place les coussins, nettoie quelques tasses, mais le stress commence à monter, et même la musique ne semble pas arriver à détendre mes muscles, déjà tendus.

Quand je vais pour réorganiser les fleurs artificielles sur le meuble qui orne mon salon, mes parents m'appellent pour me souhaiter bonne chance, bon courage. Cela me touche énormément, mais cela a aussi le don de me mettre une pression incroyable sur les épaules. C'est ensuite au tour de mes amis de me souhaiter en chœur un bon courage et de me dire que je vais tout déchirer. Même Kris ne m'a pas oubliée et m'a envoyé un message. Quant à Ben, il a aussi fait l'effort de me donner des nouvelles pendant ces derniers jours. Loukas et Claire le forcent à sortir, et il semble sur la voie longue de la guérison, mais au moins, il n'est pas seul, et c'est le principal. J'ai même reçu un message d'Elizabeth qui me dit qu'ils pensent tous à moi, peu importe qu'ils soient dans le coma ou non. Ce message me fait sourire et provoque un pincement au cœur.
Alors qu'il est bientôt l'heure pour moi de partir, je choisis un collier que Bryan m'a offert, le tout premier : il s'agit d'un collier avec une chaîne fine en argent, et deux cercles entremêlés. Quand il me l'a offert, il m'a dit :