Chapitre XIX

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Vers un long chemin


Bryan


Elle semble fatiguée, comme en témoignent ses yeux rougis et ses cernes. Mais elle est très belle, ses cheveux reposant doucement sur ses épaules. Elle vient s'asseoir près de moi, et je sens son délicieux parfum sucré.

- Je suis désolée pour hier, me dit-elle. Je ne voulais pas...

- Ne vous inquiétez pas, lui coupais-je la parole.

- Je crois que les présentations n'ont pas été officiellement faites. Je m'appelle Ambre. Ambre Colins. Et tu peux me tutoyer. À condition que moi aussi, bien sûr, me sourit-elle.

- Avec plaisir. Moi, je m'appelle Bryan, semble-t-il. Enchanté.

- Enchantée, me répond-elle. Désolée de débarquer à l'improviste.

- Pas de soucis. J'espérais que tu viennes, lui avouais-je.

À cet instant, je peux discerner une petite étincelle dans ses yeux. Faible, mais présente. Elle rougit et me demande :

- Pourquoi ?

- Parce que je voulais que tu me racontes. Moi. Nous. Ce qu'il s'est passé.

- Tu es sûr ? M'interroge-t-elle.

- Certain.

- D'accord. Alors je me lance, souffle-t-elle. Tu t'appelles Bryan Smith, on s'est rencontrés au lycée quand on avait quinze ans. On s'est mis en couple le douze mars. Tu débutais dans une petite entreprise, en tant qu'ingénieur. On vivait dans un appartement en ville. Moi, je continue mes études pour être avocate. On a fait plein de voyages.

Elle sort son téléphone et me montre des photos de nous, à Paris, dans des musées, au restaurant, au Portugal, en Espagne. J'ai l'air heureux sur ses photos. Elle n'a pas menti, nous étions vraiment ensemble. Quand elle me raconte toutes ces histoires, elle a le sourire jusqu'aux oreilles. Je suis captivé par les histoires qu'elle me raconte, les anecdotes qui nous font rire.

- Comment est-ce que je suis arrivé ici ?

Son visage s'assombrit d'un coup, et les larmes semblent lui monter aux yeux. Je sais que c'est dur, mais j'ai besoin de savoir.

- Raconte-moi, s'il te plaît.

- D'accord.

Elle retient son souffle, puis m'explique :

- Je venais d'obtenir un stage si jamais je réussissais mon examen, j'étais folle de joie, mais je n'arrêtais pas de réviser. Je t'avais promis d'aller au restaurant, mais je me suis endormie sur mes fiches, et tu ne m'as pas réveillée, donc je me suis énervée, et j'ai refusé d'y aller. On s'est disputés, et le lendemain, tu es parti. On m'a appelé en me disant que tu avais eu un accident de moto. Un conducteur de camion a perdu le contrôle de son véhicule et t'a heurté violemment. Tu as été emmené à l'hôpital, et quand je suis arrivée, ils m'ont appris que tu avais eu un traumatisme crânien, une entorse, une fracture. J'étais dévastée. Tu es resté presque quinze jours dans le coma artificiel.

Elle marque une pause. J'observe ses mains et son corps entier trembler pendant qu'elle reprend :

- Je m'en veux tellement, reprend-elle. Je suis tellement désolée, Bryan. Je n'ai jamais voulu ça. Je t'aimais tellement, dit-elle, ses larmes s'écrasant sur ses joues.

Je ne sais pas vraiment comment réagir face à ça. Elle semble si désespérée...

Je reste de marbre, dans l'incapacité de bouger, comme tétanisé. Je l'observe pleurer sans rien dire. Je me sens très nul. Mais aucun mot ne sort de ma bouche. Elle évite mon regard et essaie de se calmer en respirant un grand coup.

Chambre 12Où les histoires vivent. Découvrez maintenant