Un jour dans notre vie

Chapitre 5

Heaven et toutes mes préoccupations étaient loin, je me laissais aller sans plus me poser de questions.

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Je me réveillais difficilement le lendemain matin. Evann était partit depuis un moment et m'avais laissé un petit mot : « On remet ça quand tu veux bébé »

Je me dépêchais de me préparer pour aller livrer en vitesse quelques clients. Le soir, je me rendis à l'Entracte et fonçais me préparer. En sortant, je me heurtais à quelqu'un.

-Heaven !

Celui-ci était vêtu d'une chemise blanche, et d'un tablier et un pantalon noir.

-Karma ! Ton boss m'a tout de suite engagé, j'ai travaillé toute la journée.

-Je suis vraiment content pour ça. -je souris.

-Tu vas monter sur scène ?

-Oui, dans deux minutes.

-Bonne chance alors, on se rejoins après la fermeture ?

-Oui, bien sûr.

La pénombre masquait les rougeurs qui étaient apparues sur mes joues.

Je montais sur scène en saluant mes amis, puis le public. J'avais composé une nouvelle musique aujourd'hui, dont j'avais envoyé la partition à mes coéquipiers. On répéta quelques accords puis on se mit à jouer. Du haut de la scène, je voyais Heaven servir les clients, toujours le sourire aux lèvres. Je fermais les yeux et me laissais emporter.

A la fin du concert, je descendis de scène. Un message sur mon téléphone m'informa qu'un client allait passer pour m'acheter de l'herbe. Je répondis et passais par la porte de derrière pour atterrir dans une petite rue déserte. Mon client m'attendait.

-50, c'est ça ?

-Parfait. Merci mec.

-Aller, j'aime pas vendre au taff.

-Pas de problème. A la prochaine !

Je hochais la tête et lorsque je me retournais, je vis Heaven me fixer.

-Tu.. tu vends ?

Pris au dépourvu, je me ressaisis rapidement. Personne n'avait le droit de me juger.

-Et alors ?

-Euh... rien, c'est pas grave, je savais pas c'est tout.

Devant son innocence, je soupirais.

-Ca me permet d'arrondir les fins de mois.

Je n'avais aucune excuse. Je vendais la mort et la maladie aux gens. C'était mal, mais c'était comme ça.

Heaven eu un petit sourire triste.

-Mon père ne supporterait pas de savoir qu'un de mes amis est un dealer. Il est tellement anti-drogue. Et pourtant, je pense qu'il t'aurait apprécié.

Des larmes menacèrent de couler des yeux d'Heaven. Sans réfléchir, je m'approchais et le pris dans mes bras. Un intense chaleur s'empara alors de tout mon corps. J'essayais d'oublier que c'était lui, et me concentrais uniquement sur le fait de le réconforter en serrant doucement son bas du dos, ne trouvant pas de mots adéquats. L'image du couteau planté dans la poitrine de son père me hantait, elle ne me quittait plus. Je fermais les yeux et écoutais le rythme cardiaque d'Heaven ralentir. Je m'éloignais de lui ; il souriait à présent.

-Merci Karma. Désolé d'être aussi... sensible.

-Tu n'as pas à t'excuser. Bref, ma vie ne regarde que moi. On sort ?

Il eut un petit sourire et me suivit à l'extérieur. Après quelques minutes en silence, devant le bar et en train de fumer une cigarette, Heaven prit la parole après avoir expiré la fumée.

-Karma, je ne te connais pas encore très bien mais je pense savoir pourquoi tu m'as raccompagné hier soir. Tu avais peur que je remarque que tu vends, c'est ça ?

J'étais pétrifier, la fumée s'échappant lentement de ma bouche. Comment pouvait-il lire ainsi en moi ? Il m'énervait mais à la fois, au fond de moi, je me sentais enfin compris. Je soupirais sans montrer mon trouble.

-Hm.

-Je le savais. Tu as beau être intelligent, je ne suis pas bête non plus.

Je souris. D'habitude, ce genre de commentaire de la part des gens m'agaçaient profondément, mais avec Heaven, je ne pouvais qu'en sourire. Ce qui ne rendait les choses que plus compliquées.

-Au fait, tu chantes vraiment bien. Où as-tu appris ?

J'évitais un peu la question.

-Tout seul, depuis quelques années...

-En tout cas, tu as une très belle voix.

-Merci.

-Alors, on y va ?

-Hein ? Où ça ?

-Bah chez toi ! Je jugerais pas, promis.