Chapitre 18

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-Alex...

Il pointa Heaven du doigt.

-C'est ce que vous lui avez fait... Vous l'avez fait souffrir, lentement, en attendant que Julien se pointe. Et quand il est finalement venu, elle s'était déjà vidée de son sang. Puis vous l'avez buté lui aussi. Et pendant ce temps, moi, je pleurais sur son cadavre.

Je frissonnais. C'était égoïste, mais j'aurais aimé ne jamais me rappeler de ce jour.

-Putain Alex, j'étais un gamin qui était paumé, j'avais aucune notion de morale et encore moins d'amour !

Son sourire se tordit.

-Eh bien maintenant, tu en as une. Je vais enfin pouvoir te montrer ce que j'ai vécu à l'époque. Mais je vais être sympa, je vais te laisser le choix. Soit tu dis à Heaven à cause de qui son père s'est retrouvé dans le coma, soit je le tue.

Mes yeux s'agrandirent. Comment pouvait-il être au courant ? Je fixais Alex, choqué, et vis du coin de l'œil Heaven essayer de relever la tête.

-Mon...mon père ? Qu'est-ce que.. qui lui as fait ça Karma ?

Je serrais les poings. Ce connard voulait qu'Heaven me déteste. Il voulait nous détruire, comme on l'avait détruit quelques années plus tôt. Mais il avait raison. Heav devait savoir. Il avait le droit de savoir. De savoir que tout ça, c'était de ma faute. Que je n'étais rien, rien de plus qu'un mec qui détruisait systématiquement tout ce qu'il y avait autour de lui. Ma gorge était nouée, et j'ouvris la bouche. Pas pour faire plaisir à Alex, pas seulement pour sauver Heaven, mais parce que pour la première fois de ma vie, j'allais être honnête et assumer mes actes.

-Heaven... c'est moi. C'est moi le connard qui a poignardé ton père.

Il ne bougea pas d'un pouce et ma gorge se serra de plus en plus.

-Je.. je n'avais aucune raison valable. En fait, je voulais juste pas aller en taule. Alors j'ai paniqué. De base, je ne voulais pas le blesser, juste lui faire peur.

Des perles de sel me brûlaient à présent les yeux. Tout ce que je pouvais faire maintenant, c'était de pitoyablement tenter des explications, une justification de mes actes. Je me sentais lamentable. Je n'avais strictement aucune excuse, en réalité.

Heaven avait toujours la tête baissée, il ne semblait pas m'entendre. Mais je savais qu'il m'avait entendu.

-Alors ? Comment tu te sens ? Il n'y a pas de mots n'est-ce pas. Maintenant, je vais te montrer ce que j'ai pu ressentir quand l'amour de ma vie s'est fait assassiner sous mes yeux.

Il dégaina son couteau. Et là, tout alla très vite.

Alex se jeta sur Heaven, et je me mis en travers. Une vive douleur me transperça l'épaule. Mais actuellement, c'était bien la dernière de mes préoccupations. Je saisis le poignet d'Alex en le tordant et il lâcha son arme. Je le jetais au sol et fondis sur lui. A ce moment-là, aucune pensée cohérente ne pu se former dans mon esprit. Il n'y avait plus qu'un seul mot qui animait mon être : Haine.

Je le rouais de coups, frappant chaque parcelle de son corps que je pouvais atteindre. Je ne saurais dire pendant combien de temps mes poings s'abattirent sur lui. Ce fut une main sur mon épaule qui me stoppa.

-Karma. Ça suffit.

Je me retournais et rencontrais les yeux d'Heaven. Je pus y lire un atroce mélange de peur, de colère, de dégoût et d'horreur. Il baissa les yeux et je suivis son regard qui était à présent posé sur mes mains en sang, et qui glissa peu après sur le corps inerte de son agresseur.

-Les flics arrivent. On dégage.

Jamais je ne l'avais vu si froid, si vide. Je me relevais, tel un automate, je ne sentais plus mon corps, je ne me sentais même plus réfléchir. Je suivis Heaven hors de l'entrepôt. Je sentis l'air frais sur mes joues, mais j'étais comme anesthésié. Je me sentis marcher, puis accélérer le pas, j'entendis vaguement des sirènes. Tout ce qui était clair dans mon esprit, c'est que je suivais Heaven. Et que je le suivrais jusqu'au bout du monde.

Au bout d'un moment dont je ne pouvais définir la durée, je sentis une odeur boisée. En effet, nous étions arrivés dans une forêt. Je me sentis ralentir, puis m'arrêter, puis une douleur à la joue. Et c'est alors que je vis. Je vis son regard. Je vis ses yeux larmoyants, ses lèvres tremblantes, son beau visage rouge et trempé par ses pleurs, pleurs dont j'étais l'honteux coupable.

Et par ce regard, on se dit tout. Toutes nos peines, nos joies, nos dits et nos non-dits, toute cette douleur accumulée. A ce moment-là, on était totalement transparents l'un pour l'autre.

Et là, j'oubliais tout. J'oubliais les douleurs, les peines, et il n'y eu plus qu'une chose dont je me souvenais : putain, putain que je l'aime. Mon cœur ayant totalement prit le pouvoir sur mon cerveau, je fondis sur ses lèvres et l'embrassais avec toute la passion qui m'animais.

En l'espace d'une seconde, je me retrouvais dos contre un arbre, Heaven collé à moi et répondant à mon baiser avec fougue. Il mit dans ce baiser autant de tendresse que de violence, et j'y répondis avec passion et désespoir. 

On mit tout les deux du temps avant d'entendre la sonnerie de téléphone qui devait maintenant persister depuis un moment. Chacun délivra les lèvres de l'autre et il se recula légèrement sans me lâcher du regard. Il décrocha finalement son téléphone, et son visage s'illumina. Il semblait écouter la personne à l'autre bout du fil comme si elle lui annonçait un miracle, et je ne croyais pas si bien dire.

-Mon.. mon père. Il est réveillé. Il s'en est sortit. 

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 22, 2021 ⏰

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