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Audric

Je passe mes mains sous le robinet, donnant ainsi une couleur rosâtre à l'eau qui s'écoule rapidement dans le siphon. Mes jointures me picotent un peu mais c'est bien fait pour moi, qu'est-ce que m'a sortit Zoey déjà ? Ah oui : « les gants c'est pas fait pour les vaches entrain de manger du poulet ». Je ne sais pas où elle été chercher cette phrase mais c'est du grand n'importe quoi, même si dans le fond, elle n'a pas tout à fait tord.
Comme à chaque fois, c'est une fois que la connerie est faite que je me met à le regretter et a penser que je ne suis qu'un idiot.

- Tu continue à aller voir ton psy ?

D'où ça sort ça ?
Je fusille du regard Ty, qui, les bras croisés sur sa poitrine et adossé au carrelage, me scrute depuis cinq bonnes minutes.

- Ouais. Pourquoi ?

- J'sais pas. Tu devrais peut-être lui parler de ta mère, dit-il dans un haussement d'épaule, comme s'il n'en avait rien à faire.

- Je lui ai déjà dit qu'elle s'était barrée quand j'étais gosse, et qu'elle m'avait tenu responsable de la mort de mon frère.

Il fronce les sourcils un instant puis soupire :

- Et pourtant, ça ne t'as pas aidé aujourd'hui. Regarde tes mains, Audric. Tu avais vraiment changé depuis Rikers... et là, d'un coup, tu es redevenu le même petit con que tu étais à l'époque.

Il se passa la main sur sa mâchoire, pile à l'endroit où je l'ai frappé et qui commence sérieusement à bleuir.

- Désolé, pour ta mâchoire.

- Ouais. Bref, fais quelque chose. Va lui parler, ça arrangera peut-être certains trucs.

- Lui donner ce plaisir ? Ça va pas ou quoi ? Dis-je fermement en saisissant une serviette pour me sécher les mains.

- Ne le fais pas pour elle, mais pour toi. T'as besoin de réponses, et surtout de tourner une page. Et puis, une fois que ça sera fait, tu pourras retrouver une vie tranquille.

Il se redresse, me donne une grosse tape dans l'épaule, comme pour se venger de sa mâchoire bleutée et me fais signe d'y aller, d'aller parler aux mômes qui attendent de comprendre pourquoi je suis un parfait crétin.

Lorsque je sors des vestiaires, je me rends compte qu'il est l'heure de fermeture de la salle de boxe et par conséquent, la présence des parents des mômes que nous entraînons, Ty et moi, ne devrait pas me déstabiliser, mais c'est le cas. Je me suis préparer à faire un speech devant des enfants, des adolescents qui ont un sale caractère et qui n'ont pas compris pourquoi l'un de leurs entraîneurs a littéralement craquer devant eux, je ne pensais pas du tout devoir expliquer mes faits et gestes devant des parents qui pour certains, ont déjà du mal à accepter le fait qu'un ex-taulard donne des cours de boxe à leurs progénitures.

Ty tape dans ses mains et demande le silence dans la pièce devenue très bruyante du fait des gosses résumant l'après-midi à leurs parents, et les parents qui semblent scandalisés d'apprendre ce que j'ai fait devant leurs enfants. Rapidement, le silence se fait alors qu'un des parents m'aperçoit, et comme par hasard, il s'agit de celle qui avait été horrifié d'apprendre que je sortais de Rikers Island... J'adresse un sourire peu assuré à Tommy, qui a bien remarqué l'agitation de sa mère et il m'adresse en retour un simple hochement de tête, comme pour me dire « Vas-y mec, ma mère ne peut pas s'énerver devant tout ces gens... ».

- Ok, comme vous le savez tous, j'ai fais de la prison. Il y a en a qui savent pourquoi j'ai finit à Rikers il y a deux ans, d'autres ont simplement fermés les yeux sur les vraies raisons de mon enfermement et ont crus tout ce que la télévision leurs à dites.

Je me racle la gorge, gêné d'avoir autant de regards braqués sur moi puis parcours la pièce des yeux, des mômes se sont perchés sur le bord du ring, d'autres se sont assis par terre et les parents semblent tendus, debout, les bras croisés. Je capte le regard de Peyton et elle me fait un petit sourire d'encouragement. Je poursuis :

- La vérité, c'est que j'ai toujours vécu dans la misère, j'ai été balloté de foyer en foyer, de famille d'accueil en famille d'accueil, chaque endroit était pire que le précédent. J'ai assisté, impuissant, à la mort par noyade de mon petit frère de cinq ans lorsque j'en avais dix. Ma mère était une toxicomane, et elle s'est barrée l'année de mes onze ans, un an après la mort de mon frère. J'avais toute cette haine en moi et le seul moyen que j'avais de la faire sortir, ne serait-ce qu'un seul instant, c'était de me battre sur un ring. Et pour le coup, je ne parle pas de ce genre de ring, dis-je en désignant celui de la salle, c'était des combats de rue, où l'on en ressortait blessés, le visage marqué et les mains en sang.

Je perçois des murmures dans la salle mais je poursuis tout de même, comme si je ne parlais qu'aux enfants et non pas à leurs parents.

- Il y a trois ans, j'ai été arrêté après un combat de rue, la routine pour un gamin comme moi, sauf que c'était la fois de trop et j'ai réussis à m'en sortir grâce à une avocate géniale, elle m'a donné une chance de m'en sortir. Vous vous demandez sans doute pourquoi dans ce cas, j'ai finis à Rikers ? La réponse est simple. Vous voyez la petite brune perché sur ses tapis de sol ?

Peyton se mit à rougir mais agita tout de même la main pour se designer.

- J'suis tomber amoureux de cette fille et c'est pour la protéger que j'ai finis à Rikers. Pour les détails, vous n'avez qu'à aller voir sur internet. Bref, pendant mon séjour en prison, j'ai connu mon père, qui lui aussi avait finit entre quatre murs par amour... j'ai appris que j'avais une sœur, et surtout j'ai changé. Mais il y a quelques jours, j'ai reçu une lettre de ma mère, elle voulait me revoir, se faire pardonner.... et c'est ça qui m'a fait exploser aujourd'hui.

Je prends une inspiration et reprends :

- Tout ce discours pourris pour dire que j'essaie vraiment d'être un type bien maintenant. Pour ma copine, ma soeur, mes amis et surtout pour la femme géniale qui m'a sauvé il y a trois ans. Je sais que je ne suis peut-être pas la meilleure personne à vos yeux pour s'occuper de vos enfants, mais j'ai moi-même été formé à la boxe par un ancien taulard et c'est lui qui m'a fait comprendre à quel point je foutais ma vie en l'air. Je sais que je ferais pareil ou du moins, du mieux que je peux pour vos gosses. Donnez-moi juste le temps d'y parvenir.

J'esquisse un sourire et hoche la tête, comme pour les remercier de m'avoir déblatérer et raconter ma vie. Je ne sais pas si j'ai bien fait de tout leurs raconter mais je sentais qu'il le fallait...

- Monsieur Baker ?

- Oui ?

- Vous me semblez être un type bien, merci de nous avoir raconté votre histoire, je sens que cela a dû être très dur pour vous.

Le type, un père de famille à l'allure d'un comptable de banlieue me sourit et s'en va. C'est dingue, il a l'air d'un type sans histoire et voilà qu'il me dit ça ? A moi ? Un ancien taulard tatoué de la tête aux pieds ?

Les minutes s'égrènent à une vitesse folle alors que plusieurs parents viennent me remercier d'avoir raconté mon histoire, le summum est atteint lorsque la maman de Tommy vient me dire qu'elle comprend mieux l'engagement que j'ai envers les enfants... Cette fois, je sais que j'ai fais un énorme pas en avant et que le meilleur moyen de m'en sortir définitivement, c'est d'en faire un encore plus grand.

- Faut que j'y aille ! M'exclamai-je en récupérant ma veste et les clés de là Mustang.

On approche de la fin mes petits chats....

Quelle tristesse c'est pour moi, de mettre un point final à cette duologie, c'est pourquoi, une fois ce tome achevé, je vous réserve quelques spin-off....

La bise ❤️

Dernier Round (Tome 2) - ✔️Terminée (non corrigé) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant