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Audric

Un an et huit mois plus tôt.

Un plateau gris en plastique entre les mains, j'avance dans la file dense jusqu'au présentoir où des matons dépose une sorte de bouillie dans l'assiette incrustée dessus. Je grimace alors que l'odeur infâme de cette espèce de purée m'arrive aux narines. Mon ventre crie famine mais rien qu'à l'idée de manger ce truc, j'ai la nausée. C'est dans ces moments là que je regrette la bouffe de Jenks, même ses légumes bizarres je les mangerai sans broncher.

- Avance le tatoué ! Râle un prisonnier en me poussant.

Je serre les dents, j'ai appris qu'il valait mieux que je la ferme si je voulais pas me retrouver à l'infirmerie comme la semaine dernière, mes côtes me font encore mal.
J'avance donc dans la file, doucement cependant, mes côtes me rappellent à l'ordre dès que je tente de bouger trop vite. Manifestement je n'avance pas assez vite au goût du mec derrière moi puisqu'il me pousse d'un coup et je perds l'équilibre.
En un instant qui semble passer au ralenti, je me retrouve sur le sol, le visage étalé dans la bouillie immonde alors que les rires des taulards dans la file explosent autour de moi. Je vois rouge, je me relève rapidement et essuie mon visage avec la manche de ma combinaison orange. Mes côtes manquent de me faire hurler de douleur mais je serre les dents et les poings puis me rue sur le mec chauve qui m'a poussé. Mes phalanges entre en contact violent avec sa mâchoire et le sang qui gicle de sa bouche me tire un sourire satisfaisant.

La foule s'épaissit autour de nous alors que le gars se jette sur moi. On atterris durement sur le sol et ses poings me vrille le ventre. Je pousse un hurlement de douleur mais aussi de rage et le fait basculer de façon à me retrouver sur lui. Je le roue de coups de poings, mes phalanges me font mal, il y a du sang, le sien mais aussi le mien.
Je suis vivement tiré en arrière et maîtrisé au sol par une clé de bras comme celles des flics, mon épaule le fait mal, mais j'encaisse, le nez contre le sol. Cette fois, j'suis bon pour l'isolement.

______

Le verdict de l'infirmière ne tarde pas à tomber : mes côtes fêlées sont désormais brisées, mon visage à lui aussi subit quelques dommages, ma pommette s'est ouverte ainsi que mon arcade et mon nez qui peinait à se remettre de la dernière baston se retrouve à nouveau cassé.
Finalement, je ne vais pas en isolement, je passe le temps de guérir a minimum a l'infirmerie pour mon plus grand plaisir. L'isolement me fait flipper.
D'un côté c'est bien parce que je suis seul et que je ne risque pas de me faire tuer dans mon sommeil mais de l'autre, je me retrouve seul avec mes pensées à ressasser tous les souvenirs que j'ai de cette nuit là. A penser à elle, à ses yeux bizarres que j'adore, à son sourire et surtout à la façon dont je me suis comporté avec elle à mon arrivée ici.
Je regrette tellement de l'avoir laissé tomber, qu'elle me prenne pour un connard pour tout ce que je lui ait dit, de l'avoir blessée avec avec mes paroles...

_______

Les jours sont passés, lentement mais plus ou moins sereinement. Vêtu d'une nouvelle combinaison orange que j'ai nouée à la taille par les manches et d'un t-shirt blanc, je suis escorté par deux gardiens jusque dans la cour. Je lève les yeux au ciel, celui-ci n'est visible qu'à travers un grillage, ce qui est complètement débile, comme si on allait s'envoler comme des pigeons à cinq mètres au-dessus du sol...

- Tiens, gamin.

Je tourne la tête vers le gardien qui m'a causé. Il est assez petit, moustache et cheveux blanc sous sa casquette, il m'observe avec gentillesse.

- J'ai une fille, n'importe quel père te dira merci pour ce que tu as fait pour celle que tu as sauvée.

Je suis abasourdi. C'est bien la première fois depuis mon arrivée dans cet endroit que quelqu'un me témoigne de la sympathie...

- Allez, dépêches-toi avant qu'on nous voient.

Sur ces mots, il me fourre quatre cigarettes dans les mains ainsi qu'un briquet et me tourne le dos pour rejoindre l'autre gardien qui me mate avec véhémence.
Des clopes ! Putain, j'en rêve depuis des semaines ! J'en glisse une entre mes lèvres et l'allume avant de ranger les autres dans ma poche de façon à ne pas trop les abîmer.
La première taffe manque de me faire cracher mes poumons, bordel ça fait bien longtemps que j'avais pas eu cette sensation !
J'ai l'impression de moins étouffer entre ses murs depuis que la sensation de bien être apportée par la nicotine m'est de nouveau familière. Jenks me tuerait probablement si elle m'entendait penser ça mais bon...

- Allez, bouges ton cul, le tatoué !

Merde, perdu dans mes pensées je n'ai pas entendu la sonnerie retentir, le gardien a l'air con me donne un coup dans le dos pour me faire avancer tandis que je termine aussi vite que je peux ma clope avant de passer la porte.

Je tousse comme un dératé dans le couloir des cellules, la clope ne m'a fait que du bien finalement. Soudain, il y a du mouvement, certains se retrouvent compressés contre les murs, je bouge la tête de tout les côtés, cherchant à savoir, comme tous le monde, d'où vient le mouvement de foule et surtout, si je ne crains rien où je me trouve. C'est comme ça ici, être constamment sur la défensive parce qu'au moment même où tu te relâches un peu, tu peux ressortir d'ici les pieds devant.

- J'vais te tuer ! Cri un type chauve

- Allez, arrête de parler et montres que t'en as DuCon ! Hurle un autre gars

- Bordel, on a besoin de renfort ! S'égosille un gardien dans un talkie-walkie.

Les prisonniers s'excitent devant le spectacle devant nos yeux, les deux gars tournent l'un autour de l'autre, comme sur un ring. De temps en temps, un poing fend l'air pour s'abattre dans une giclée de sang sur le visage de l'un. Puis tout s'accélère, le chauve saute sur le dos du plus grand, il le fait basculer et s'acharne sur ses côtés, le bourrant de coups comme pas permis, comme je l'ai souvent fait durant les combats de Stan, mais avec beaucoup plus de rage.

Le grand pousse un hurlement déferlant de haine et envoie l'autre sans les grilles des cellules, il ne bouge plus. Le type qui s'est redressé, est vivement attrapé par un gardien et tourne la tête vers moi. J'ai l'impression que le sol se dérobe sous mes pieds. Ça ne peut pas être lui. Impossible.

Pourtant Jenks avait dit qu'il était là...

Ses yeux cherchent les miens mais je le fixe sans le voir, comme s'il n'était pas là. Comme s'il n'existait pas, parce que c'est exactement ça qu'il est pour moi, personne. Il n'est pas réel. Pourtant, alors que son visage devient de plus en net devant mes yeux et que j'essaie de me persuadé que c'est mon imagination, l'autre type achève de me convaincre que c'est bien mon père qui se tient devant moi, encadré par deux gardiens, encore fou de rage mais décontenancé à ma vue, du sang pleins les mains.

- J'vais te tuer, j'vais te tuer Baker !!

Hello mes chats,

Wow, ça change comme chapitre non ?

Pauvres Audric, il prends bien cher à Rikers...
Mais un gardien semble veiller au grain !

Ouh la rencontre du fils et du père Baker... décidément, on sait de qui il tient son coté bagarreur...

Des idées pour la suite ?

La bise ❤️

Dernier Round (Tome 2) - ✔️Terminée (non corrigé) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant