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Audric

Ma sœur sort avec mon meilleur pote.

Cette phrase ne fait que tourner dans mon crâne depuis deux jours. J'ai vraiment du mal à assimiler tout ça mais je ne peux rien dire. Il a été là pour elle, pour la soutenir quand elle n'arrivait pas à me dire que l'on partageait le même père. Et Ty est vraiment un mec bien. Il m'a toujours soutenu depuis mon arrivée ici. Même en prison, il était celui qui n'a jamais abandonné. Il m'apporter autant de clopes que de soutien et même quand je l'ai supplié de ne plus venir car il me faisait trop penser à Peyton, il n'a jamais baissé les bras.

Peyton...

Ma petite intello me manque. Après les révélations d'il y a deux jours, elle a arrêté de me mitrailler du regard mais ses yeux reflétaient autre chose. Du regret et de la peur. Juliet me dit d'attendre, Roman me dit de foncer. Mais je crois que pour une fois je vais écouter les conseils de Juliet. Il faut dire aussi que j'en ai marre de lui prouver mon amour, marre de me battre à chaque instant pour espérer un sourire de sa part.
Putain, j'ai pris deux ans de taule pour elle ! Enfin, un an et un de plus pour avoir tendue une embuscade au taré qui a massacré mon père. Je sais que ça a été dur pour elle, je sais que je n'aurai pas dû la repousser pendant mon séjour à Rikers. Je sais tout le mal que je lui ai fait mais, elle ne se doute pas un seul instant de tout le mal qu'elle me fait présentement.

Elle a été mon médicament, la solution à mes cauchemar, ma bouée de sauvetage. Maintenant, elle serait plutôt celle qui m'empêche de relever la tête et d'avancer. J'ai besoin qu'elle me dise clairement les choses. Soit elle m'aime encore et au fil du temps on pourra avoir notre happy end, ou alors c'est mort. Mais il faut qu'elle prenne sur elle, qu'elle y réfléchisse sérieusement et qu'elle me le dise bordel ! J'en peux plus d'avoir le cul entre deux chaises.

- On peut parler ?

Je relève la tête brusquement, m'arrachant à la contemplation du bout de mes baskets et croise le regard inquiet de Ben, appuyé contre le chambranle de la porte de la salle de bain. D'un signe de tête, j'acquiesce et il traverse la pièce pour se poser sur mon lit. Il reste silencieux, ses doigts jouants avec les fils de son jeans déchiré. Je soupire et décide de lui laisser le temps de rassembler ses idées en allumant une cigarette et me hisse sur le rebord de la balustrade du balcon.

- Je... pardon.

Je reste surpris un moment et le fixe sans comprendre. Pourquoi le môme s'excuse ?

- Qu'on soit clairs, je suis toujours en colère contre toi ok ? Mais je te demande pardon. J'ai été con quand tu es rentré.

- J'ai pas été tendre non plus... soupiré-je avant d'expulser la fumée de la clope.

- J'ai beaucoup réfléchit depuis notre séance de sport... continua Ben en se frottant le bout du nez. Quand j'y pense, c'était plutôt violent comme façon de communiquer.

Je ricane et acquiesce.

- Ouais, une technique des gars. Ils n'ont pas trop approuver que je l'utilise sur toi, j'avoue.

Il se lève, hésite un instant avant de se diriger vers la porte. Merde ! Je balance mon mégot et traverse la chambre pour le rattraper. En un mouvement, je lui attrape le poignet et le force à se retourner puis l'attire dans mes bras. Il se raidit et semble enfin se détendre puisqu'il finit par passer ses bras autour de mon dos. Je tressaille, les contacts ont toujours été difficile. Sauf avec elle...

Je respire difficilement puis ferme les yeux avant de les rouvrir et de contempler celui que aurait pu devenir Jayden. Je suis persuadé que mon frère m'aurait fait autant de misère s'il avait été encore là.

- Je tiens à toi, petit con. Soufflai-je.

Je le sens sourire contre moi puis je lui tape maladroitement dans le dos avant de m'écarter doucement. Rapidement, je le vois se passer la main sur le visage puis me faire un timide sourire avant de gagner la porte de la salle de bain et de la claquer derrière lui. Je souffle doucement, avec Ben, c'est réglé. Ou c'est en bonne voie en tout cas.

J'attends de l'entendre dévaler les escaliers suite à un appel de sa mère puis j'attrape des affaires propres afin d'aller prendre une douche.

Sous l'eau chaude qui dénoue doucement les muscles de mes épaules, je passe doucement ma main sur la fine ligne pale qui court le long de mon ventre, ce jour là j'aurais pu y passer. Si mon père ne s'était pas relevé, s'il ne s'était pas jeté sur le détenu qui tentait de me tuer... je me souviens encore de ses yeux fixé sur moi alors que toute trace de vie quittait son regard. Il m'a sauvé la vie comme il a sauvé celle de ma mère.

Je me frotte énergiquement le visage, essayant en vain de repousser les souvenirs de la discussion qui avait précédée sa mort. J'avais alors su comment il avait atterrit à Rikers, comment ma mère avec ses addictions ont conduit mon père entre ces murs.

Il l'avait retrouvée, après des années de recherches pour me trouver moi. Ma mère était toujours aussi accro à la blanche et autres drogues destructrices. Consommer de l'herbe c'est une chose mais aller plus loin en est une autre. Ma mère, cette junkie avait préféré ses doses à ses fils. La mort de mon frère aurait dû lui remettre les idées en place, lui donner envie de se sevrer pour me garder auprès d'elle. Ça a eu l'effet inverse. Après quelques années où elle avait reprit un peu le contrôle sur sa vie, elle avait replongé pour ne jamais se relever.

Elle était frêle, pale et surtout en manque quand mon père avait retrouvé sa trace. Ses bras étaient couverts de marques bleus et rouge dû aux multiples piqures. Ses yeux semblaient sortir de leurs orbites, elle avait l'air d'un zombie, m'avait dit mon père. Elle vivait dans un squat et mon père est arrivé au moment moment. Son dealer de petit ami est arrivé et l'impensable aussi. Mon père a explosé quand il l'a vu frapper ma mère tout comme j'avais explosé quand j'ai vu Peyton se faire tabasser par ma faute.

D'après ce que je sais, ma mère est en désintoxication à l'heure qu'il est. Peut-être qu'un jour j'aurais le courage d'aller la voir, de lui dire ce que je ressent par rapport à tout ce que j'ai subis à cause d'elle ?

Je quitte la douche et me poste devant le miroir embué de la salle de bain, je l'essuie rapidement et ouvre la porte de ma chambre pour évacuer l'humidité la La surface lisse me revoie mon image parfaite avec ses blessures et autres cicatrices. Mon visage ne me fait plus aussi mal qu'avant. Je n'ai plus cette douleur sourde qui gronde dans ma poitrine à la vue de la balafre qui strie mon œil et ma joue. Seulement le souffle un peu court. Peyton me regardait avec tellement d'amour dans les yeux, que je me percevais avec ce qu'elle pensait de moi. Je n'étais plus ce petit garçon terrorisé qui avait été frappé et défiguré. J'étais un mec beau et sexy qui la comblait.

Ce constat me fait poser le regard sur la petite boursoufflure en forme d'étoile sur ma poitrine. Celle qui aurait dû me conduire droit dans le néant cette nuit là mais qui m'a emmené à Rikers Island. La même blessure que ma petite intello, elle l'a au niveau de l'épaule je crois...

Un rapide sourire éclaire mon visage froid et dur. Quoique j'en dise, je l'aime. J'aime cette nana qui m'a fait découvrir l'enfer sans le vouloir. Par ses mots, ses caresses et ses baisers, elle m'a redonné le goût à la vie, l'envie de me battre et pas que avec mes poings pour survivre.

Maintenant, reste à prier pour qu'elle se rende compte que je ne suis pas un problème pour elle, mais sa solution.

Hello mes chats,

Wow il est très philosophique notre Audric aujourd'hui...

Petit pas en avant entre Ben et lui 😍

Audric a décidé de laisser Peyton se battre pour eux comme il l'a fait maintes et maintes fois.

Des idées pour la suite ?

La bise ❤️

Dernier Round (Tome 2) - ✔️Terminée (non corrigé) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant