"Car je ne t'en demanderai jamais autant
Déjà que tu me traites comme un grand enfant
Et nous n'avons plus rien à risquer
À part nos vies qu'on laisse de côté"-Coeur de Pirate
Le Colonel Michel Leclerc n'était pas homme à se laisser impressionner. Il en avait vu des choses au cours de sa longue carrière dans l'armée de Terre. Il gardait d'ailleurs un souvenir marqué de sa visite en Ex-Yougoslavie. Alors non, le Colonel Leclerc n'était pas homme à se laisser étonner.
À vrai dire, il n'y avait que deux personnes dans sa vie qui pouvait l'amener à se laisser attendrir.
La première était sa femme depuis de quarante ans. Sa Katie, oui, sa Katie pouvait lui faire faire à peu près ce qu'elle voulait. Ces dernières années s'étaient essentiellement des travaux de jardinage depuis qu'elle s'était pris d'une passion pour les fleurs. Il mettait donc à contribution sa carrure encore solide pour l'aider dans ses plans.
La seconde personne était également une femme. Son bébé, sa princesse, sa Louisa.
Fils et petit-fils de militaires, Michel était extrêmement fier de sa carrière professionnelle. Il avait fait toutes ses classes et vu le monde entier grâce à celle-ci. Elle était aussi son plus grand regret. À cause d'elle, il n'avait pas pu voir sa fille grandir. Il se sentait responsable de son état actuel. Il avait failli à la mission la plus importante de sa vie. Protéger sa fille.
S'il avait été là, peut-être que les choses auraient été différentes.
Quand il prit enfin sa retraite l'engrenage dans lequel se trouvait Louisa était bien trop dur pour qu'elle puisse s'en tirer seule. C'est lui plus que Katie qui avait pris la décision de la laisser partir. Ça n'avait pas été une tâche aisée. Mais il croyait en une éducation stricte, c'était celle que l'armée lui avait fournie.
Ce que le protagoniste principal de cette histoire ignore et que les lecteurs seront sans doute ravis d'apprendre, c'est que Michel ne s'était pas contenté d'ordonner à sa fille de monter dans le TER qui avait vu naître son installation en région parisienne. Il avait lui-même pris ce train dans un autre wagon. Il avait aussi suivi le taxi qui avait emmené sa princesse jusque devant l'immeuble qui abritait son appartement. Il avait attendu des heures durant sous la pluie que les déménageurs finissent de monter ses affaires. L'opération qui s'était bien déroulée lui avait donné raison. Il avait eu raison de la laisser partir. Il était plus que temps, qu'elle se sorte de ses angoisses.
Pour la première fois depuis des années pour de ne pas dire des décennies le Colonel Leclerc se laissa impressionner. Près à passer à table pour fêter le soixantième anniversaire de sa femme, il entendit la porte d'entrée sonner. Ce n'était pas dans les habitudes de la maison de recevoir des visites imprévues aussi tard.
Michel ne reconnut pas le jeune homme sur lequel il ouvrit sa porte. Vêtu d'un jean et sweat à capuche, il avait une dégaine de petit voyou et un physique de trentenaire.
-Bonsoir, monsieur Leclerc
-Colonel Leclerc.
La correction fit sourit à le jeune homme, qui s'empressa de répéter.
-Colonel Leclerc. Désolé de vous embêter, mais Louisa refuse de sortir de ma voiture. Je me suis dit que si je pouvais la faire entrer dans votre garage, ça l'aiderait. r
L'étonnement était là. Sa Louisa était dans la voiture de ce jeune homme au look de petite racaille ?
-Louisa ?
-Excusez-moi, je ne me suis pas présenté. Michaël Castelle. Je suis le voisin et ami de Louisa. Je l'ai emmené pour l'anniversaire de madame, mais elle ne veut pas descendre de la voiture. J'ai déjà mis un moment à la convaincre de monter dedans donc, il termina en haussant les épaules
-Michel, laisse-le rentrer sa voiture dans le garage. Je rajoute deux assiettes, s'exclama madame Leclerc depuis sa cuisine.
Michel toujours aussi étonné, s'exécuta sans poser des questions, ce qui était totalement en dehors de sa personnalité. Attrapant les clés, il sortit de la maison pour ouvrir le garage de l'extérieur plutôt que de l'intérieur. La méfiance n'était jamais loin, il avait fait la guerre après tout.
Le Michaël Castelle traversa la rue et monta dans une voiture. Sur le siège passager, avant se trouvait une jeune femme que le Colonel reconnu comme étant sa fille. La voiture entra dans le garage et Michel suivit pour fermer la porte.
-Bon, ma petite Louisa, tu veux bien sortir maintenant ?
-Je peux pas rester encore un peu dans la voiture.
-On n'est plus dans la rue, t'es à la maison.
Michaël ouvrit la portière de la voiture, laissant apparaître Louisa aux yeux de son père. Elle était vraiment là ce n'était pas une blague. Il l'avait eu au téléphone, en début d'après-midi, et au ton de sa voix, il n'avait pas eu besoin de lui demander pour comprendre qu'elle n'aurait pas le courage de prendre le train pour venir les voir.
-Papa, elle dit en sortant de la voiture.
Comme le vieil ours mal léché qu'il devenait, Michel ouvrit ses bras pour prendre de sa fille dans ses bras. Après les salutations et présentations de convenance, l'ensemble du petit groupe passa à table dans la bonne humeur. Dire que Katie était ravie aurait été un euphémisme. C'était la première fois qu'elle voyait sa fille depuis son départ en juillet dernier. Et cela, elle le devait au bel homme qui l'accompagnait. Forcément, il gagna ses faveurs avec une tranquille facilité. Michel plus méfiant prit le temps d'observer la dynamique entre le duo.
Ce qui l'observa le rassura. Le regard qu'il posait sur sa fille, la douceur qui se dégageait de lui quand sans même s'en rendre compte ses mains se poser sur elle, les sourires complices qu'ils s'échangeaient.
Non ce n'était pas le gendre parfait. Un rappeur ! Mais quel genre d'idée était-ce que cela ? Dans la famille Leclerc, on était militaire de père en fils. Et le Colonel s'était toujours imaginé que sa fille lui ramènerait un camarade d'arme. Mais cela importait peu en réalité. Il avait ramené sa fille à la maison. Voilà ce qui comptait. Ça, et l'air bienheureux qui ne semblait pas vouloir se retirer du visage de la jeune femme chaque fois qu'il se tournait vers lui.
Oui, le couple leur avait bien expliqué qu'ils n'étaient pas en couple justement. Il y avait pourtant des regards qui ne trompaient pas. Et le Colonel Leclerc n'avait pas pour habitude de se tromper. D'ailleurs, il en était désormais certain, laisser partir Louisa avait été le meilleur choix qu'il puisse faire.
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AGORA
FanfictionLouisa Leclerc, n'avait absolument rien de particulier. Non vraiment, rien. Pas de talent particulier, ni même une personnalité détonante. Louisa Leclerc, c'était la nana qu'on croisait absolument partout. La Girl Next Door. Sauf qu'elle, on ne pouv...