Photograph

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"Every memory of looking out the back door
I had the photo album spread out on my bedroom floor
It's hard to say it, time to say it
Goodbye, goodbye."

-Nickelback


Louisa Leclerc vivait sa première histoire d'amour. Ça toute première, alors forcément, elle n'avait pas de point de comparaison, elle ne savait pas à quel moment, les papillons dans son ventre étaient censé s'arrêter, elle ignorait quand la routine était censé prendre le pas sur l'excitation des premiers jours. Elle espérait que ce ne serait jamais le cas. Elle aimait trop sentir ses entrailles chauffées quand elle sentait sa présence dans une pièce avant qu'il n'apparaisse à sa vue, elle aimait trop la chair de poule qui apparaissait sur ses bras quand il venait murmurait des bêtises à ses oreilles.

Le contrepoids de tout cela, c'est que son absence lui faisait un mal de chien. Un mois, c'était long et ça ne faisait que deux semaines; Louisa s'occupait comme elle pouvait, travaillant beaucoup plus qu'en temps normal pour ne pas trop y penser. En réalité, chaque jour, elle attendait l'heure où Deen l'appelait. C'était son bol d'air quotidien son assurance qu'il pensait à elle, d'autant plus qu'il ne loupait jamais une occasion de lui répéter.

-Les petits yeux que tu as, elle s'exclama quand enfin elle reçut l'appel tant attendu.

-Promis, je n'ai pas fumé avant de t'appeler.

-Coeur, si tu veux me pipeauter, c'est pas comme ça qu'il faut s'y prendre.

-Y a plein de trucs que j'ai envie de te faire, te pipeauter c'est pas trop dans mes plans, il répondit avec un sourire sur le côté qui la fit rougir. Tain' tu me manques, j'ai le seum.

-Tu me manques aussi.

Tablette dans les mains, Louisa s'allongea sur son canapé pour être plus à l'aise pour lui parler. L'entendre, le voir, c'était bien, mais ce n'était pas suffisant, elle voulait pouvoir le toucher. Ça la rendait folle parce que la distance entre eux était de sa faute. Si elle avait été normale, elle aurait été avec lui en Argentine. Il lui aurait présenté ses amis et ils auraient passé les vacances ensemble comme un vrai couple.

D'ailleurs, elle n'était pas la seule à le penser :

-J'suis tellement deg que tu sois pas là. En plus, tu t'entendrais trop bien avec les meufs de mes khos. Dinah, Inès, Carla, c'est des crèmes.

-Mais tu passes quand même un bon moment ?

-Ouais, ouais t'en fais pas.

Le silence qui s'installa entre eux était équivoque. Sans ce le dire, leur pensée allait dans la même direction. Et si...

-Et toi de ton côté ?

-Pas grand-chose, je bosse beaucoup.

-T'as essayé de sortir un peu ?

-J'ai même essayé de prendre le train. Je suis arrivée jusque devant la gare, mais j'ai pas pu sortir de la voiture.

-T'as fait une crise ? T'aurais dû m'appeler Louisa. Putain si tu fais une crise, tu dois m'appeler.

-Je t'aime Mika, mais je dois pouvoir me débrouiller par moi-même. Et je l'ai fait. Je suis rentrée saine et sauve et peut-être que je réessaierais la semaine prochaine.

-Je devrais être avec toi pour ça.

-On en a déjà parlé. C'est pas possible, pas en pleine journée t'attires trop l'attention.

-Ça me blase t'as pas idée.

-On parle d'autre chose. Raconte-moi de ton côté, les nouveaux potins de la baraque.

-Il s'est passé des trucs de guedin t'es pas prête.

Mika se lança dans un long monologue sur les derniers événements, apparemment l'ex de Nekfeu aurait débarqué dans la maison et les deux n'auraient pas tardé à remettre le couvert ensemble ce qui aurait tendu l'atmosphère parce que le rappeur a laissé sa copine sur Paris.

-Non mais t'imagines, le culot du gars. À crier partout que c'est la femme de sa vie mais même pas capable de quitter sa side-chick.

L'indignation dans la voix de Mika fit sourire Louisa, il était beau quand il montait dans les tours de cette manière.

-Et pourquoi vous lui dites pas à elle qu'il a une side-chick ?

-Bro code ma petite Louisa, il nous a dit de rien dire on peut rien dire.

-Mais je croyais qu'elle aussi c'était votre pote ? Tu racontes tout le temps que tu lui dois le succès de ton deuxième album.

-Je sais, remue pas le couteau dans la plaie, j'me sens grave mal. En plus, elle nous met trop bien, elle fait à graille, compose des prods supra carrées. Mais c'est Nek et sa merde aussi, il me vénère.

Pour ne pas l'engrainer dans son début d'énervement, Louisa choisit de changer à nouveau de sujet de conversation.

-T'as pu écrire un peu.

-Ouais vite fait. Que des trucs de lover de mes deux, tu m'as retourné le veaucer ma belle. Je pense à toi tout le temps.

Louisa sentit ses joues brûler. Ce qu'elle aimait quand il se déclarait de cette manière. D'ailleurs, il ne ratait jamais une occasion pour le faire.

-Je t'aime aussi, elle finit par lui répondre. Promis, je vais que penser à toi quand j'écris mes lignes de codes.

-C'est ça moques toi de moi.

-J'ai tellement hâte de les écouter ces sons qui parlent de moi. J'espère que ça me met en valeur.

-Ça sortira jamais

-Oui, mais moi, je peux les entendre ?

-C'est mort tu vas te foutre de ma gueule.

-Oh, s'il te plaît, tu parles de quoi de toute manière ?

Il soupira et murmura dans sa barbe un « tu me fais chier » que Louisa ne distingua que parce qu'elle le connaissait par cœur. Son attitude un peu gênée fit sourire la jeune femme, c'était tellement rare de voir son Mika perdre ses moyens.

-Je parle de tes cheveux, il détourna son regard. Du grain de beauté sur ton sein gauche.

-Tu parles de mes seins.

-Pas directement. Bref, je parle de trucs qui regarde que nous.

Louisa comprit rapidement qu'il ne fallait pas trop insister. Elle finirait par les avoir ces sons, mais il fallait qu'elle la joue finement.

-Je vais te laisser retrouver tes potes.

-Merde Louisa, j'aimerais que tu..., il coupa sa phrase avant de reprendre. On s'appelle demain. Tu me manques ma Louisa.

-Tu me manques aussi. Je t'aime.

Ils mirent fin à leur conversation et Louisa put balayer les larmes qui commençaient se presser à ses yeux. Louisa Leclerc vivait sa première histoire d'amour, sa dernière, elle espérait, mais parfois l'amour faisait mal.

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