Les Mots Bleus

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"Je lui dirai les mots bleus
Les mots qu'on dit avec les yeux
Parler me semble ridicule
Je m'élance et puis je recule
Devant une phrase inutile
Qui briserait l'instant fragile
D'une rencontre"

-Christophe


Deen Burbigo avait quitté l'appartement de sa petite voisine dans la précipitation. Comme un gamin. C'est ce qu'elle faisait de lui, un gamin. Face à elle, il perdait tous ses moyens et se retrouvait à faire des blagues moyennement drôles et encore plus lourdes qu'en temps normal. Elle le renvoyait à une époque où il manquait d'assurance devant les femmes.

C'était, il y a très longtemps. Et ça n'avait pas duré très longtemps. Mais oui, Deen Burbigo avait essuyé quelques difficultés quand il avait commencé à s'intéresser au sexe opposé. Son physique, qui s'était rapidement développé avait mis fin à ses balbutiements.

Sans se croire absolument beau gosse, Deen Burbigo  savait désormais quand il plaisait à une femme.

Les balbutiements étaient revenus, dès l'instant où il avait posé son regard pour la première fois sur Louisa Leclerc. Après s'être plus ou moins remis du fait qu'elle lui plaisait. Beaucoup. Il avait tenté de lui faire des avances. Rien de trop poussé. Des caresses, des bisous, des insinuations. Mais il n'avait rien eu de tangible en retour. Deen Burbigo ignorait donc si elle était indifférente à ses charmes, si elle était trop timide pour lui dire qu'il lui plaisait également ou si plus simplement elle n'avait pas compris qu'il lui faisait des avances.

La situation n'était pas aisée. Louisa était différente de toutes les autres femmes qu'il avait rencontré. Pas juste à cause de sa personnalité atypique. Elle était différente parce qu'en raison de son manque d'expérience, la naïve de son ignorance sur la formation des relations sociales était à la fois charmante et handicapante.

Deen en avait parfaitement conscience. Il n'aurait pas été étonné d'apprendre qu'elle n'avait effectivement pas compris qu'il tentait de la séduire. Il y avait quelque chose d'enfantin chez elle, d'innocent, de pur. Ça faisait partie de ce qui lui plaisait tellement. Parfois au plus profond de la nuit lorsque son imagination courrait librement, il se soumettait sans contrainte à sa pureté.

Ce qui créait un véritable conflit chez le rappeur, car son imagination était elle bien loin d'être innocente.

Louisa n'était pas une enfant, mais Deen avait tout de même peur de quelque part prendre avantage de son manque d'expérience. Est-ce qu'elle avait une quelconque expérience avec un garçon ? Avec un homme ? Et si, elle ne voulait pas de lui mais ne savait pas comment le repousser ?

Être son ami était une chose nécessairement positive dans la vie de sa petite voisine. Même s'ils n'en avaient jamais parlé, avoir des contacts quotidiens avec quelqu'un était un premier pas vers l'amélioration de son agoraphobie. Être plus que son ami était une chose totalement différente. Il pouvait lui faire du mal sans même s'en apercevoir. Deen avait peur de lui faire quelque chose dont elle n'avait pas envie. Et les choses qu'il lui faisait dans son esprit...

Installé sur son canapé, il regardait à peine la télévision, son attention entièrement concentrée sur la jeune femme assise à côté de lui. Près à tenter le diable, il avait glissé sa main sur son ventre. Il était presque sûr de l'avoir senti frissonner. Puis leur regard s'était croisé, et il avait eu très envie de l'embrasser. Il s'était figuré la sensation de leurs lèvres jointes, les doigts de sa Louisa glissant sur sa nuque puis dans ses cheveux.  

Elle était tellement belle à la lumière décroissante du jour. Ses cheveux blonds au-dessus et presque roux en dessous reflétant le soleil. Le marron de ses iris, ses lèvres. Ouais ses lèvres, il avait eu envie de déposer les siennes dessus.

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