Strike a pose

Chapitre 29 Décompression

Les journées passèrent tranquillement, Hange prenait des nouvelles et me faisait parvenir les cas complexes par courriel ou par appel conférence, le boulot continuait malgré mon choix d'aider Eren. Comme suspecté, j'avais les côtes cassés, mais il n'y avait rien à faire à part soulager ma douleur, les ecchymoses partaient tranquillement.

Eren faisait une thérapie avec Ymir et Historia s'occupait toujours de soigner ses blessures et monitorer son cœur. Les premiers jours étaient les plus difficiles, il avait essayé à de multiples reprises de s'enfuir, mais tout comme à mon chalet, rien n'était près de la maison alors, il revenait bredouille. Ses hallucinations avaient laissées place à de l'agressivité verbale et de l'agitation. La psychiatre m'avait demandé ce matin de dépenser l'énergie du Morveux, rien de mieux qu'un jogging à l'extérieur pour le calmer. Je lui balançai des vêtements sports sur lui alors qu'il était encore allongé dans son lit.

- Lève-toi la belle au bois dormant, je t'attends dans l'entrée dans cinq minutes si tu ni es pas, je viendrais te chercher moi-même.

J'eus pour unique réponse un grognement de sa part, il n'avait jamais été matinale et encore moins maintenant grâce à ses nuits agités par le manque de drogue. Je le vis descendre les escaliers avec son pantalon de sport vert et son t-shirt noir. Il avait attaché ses cheveux coupés avec soins par Historia pour ajuster le désastre qu'ils étaient devenus.

- On va faire quoi Grincheux?

- Courir.

- Je retourne me coucher.

- Il n'en est pas question, tu viens avec moi. S'il faut que je te traine par la peau du cul de vais le faire Jaeger.

Il roula des yeux et me fit signe de sortir de la maison, il eut de la difficulté à tenir le rythme, je dus aller beaucoup plus lentement qu'à mon habitude. Il s'était beaucoup affaiblit en un mois, nous étions dans les sentiers de la forêt, la température était bonne. Son chandail lui collait à la peau, il le retira sans aucune gêne. Il avait repris un peu de musculature, s'entrainait-il pendant ses nuits d'insomnie? Sa peau avait repris sa couleur mate, il n'avait plus aucune ecchymose sur les bras et les traces d'aiguille étaient presque imperceptible. Je détournai le regard me mordant la lèvre, ce n'était pas le moment de fantasmer, il était encore en rémission.

- Tu aimes ce que tu vois Amour?

Mon cœur rata un battement à ce surnom, cela faisait bien longtemps qu'il ne m'avait pas appelé comme ça. Je ressentis aussi une certaine douleur, cherchait-il encore à me manipuler? Il était toujours en manque et il essayait d'avoir des doses plus souvent qu'autrement.

- Tu as perdu le droit de m'appeler comme cela lorsque tu as quitté la maison.

Il écarquilla les yeux et se rapprocha de moi tendant une main, je lui fis dos, mon cœur me faisait mal, je détestais avoir ce pincement. Je recommençai à jogger doucement, j'avais besoin de prendre une distance, je ne voulais pas être un jouet pour lui, surtout pas en ce moment. Il m'avait quitté, c'était terminé entre nous, même si je tenais toujours à lui, j'avais besoin de temps. Le Gamin me suivait avec une certaine distance derrière moi, je m'arrêtai à l'étang qui se trouvait près d'une clairière dans la forêt. Je me penchai pour mettre de l'eau sur mon visage, elle était fraîche et claire. Je sentis quelqu'un se coller à moi, tout mon corps se raidit à ce contacte même si je savais qui le faisait.

- Tu m'en veux Levi?

Il me serrait par la taille, son menton appuyé sur mon épaule, je sentais ses lèvres frôler la peau de mon cou. J'étais partagé entre aimer ce doux contacte et détester la manipulation qu'il faisait en ce moment. Je pris sur moi et soupirai longuement puis, me délogeai de son emprise, tout mon être voulait rester dans ses bras.

- Tu es responsable de tes actes Eren.

- Quels actes Levi?

- Ne joue pas à ça avec moi Gamin, tu sais très bien de quoi je parle.

- Tu parles du fait que je sois partis ou que je t'ai crié dessus ou peut-être celui de ma consommation.

- Tout ça Eren.

- Au moins, moi je ne bats pas des gens à mort.

- Tsk... Rentrons.

- Le-levi... pardonnes-moi, je ne voulais pas...

- J'en ai assez entendu, rentrons.

Je refis le chemin inverse avec le Morveux faisant de temps en temps des pauses en silence pour le laisser souffler un peu. Je sentais son regard sur moi, quelques frissons malgré la chaleur parcouraient mon corps. Je n'étais plus à l'aise seul avec lui, je ne savais plus comment réagir face à ses avances, tout était à double tranchant avec lui.

Nous avions encore beaucoup de travail à faire sur nos personnes avant de penser à une vie de couple, je ne savais même pas si je voulais que tout revienne comme avant. Oui, j'aimais Eren, mais à quel point étais-je prêt à prendre le risque que tout recommence. Nous étions dans un cercle vicieux et je n'avais qu'une seule envie, c'était de briser cette anneau de Moebius. J'avais l'habitude de mettre mes sentiments de côté, je l'avais fait toute ma vie, je repensais à ma mère, ma sœur, même Liz et Farlan. J'étais capable de faire ce sacrifice pour Eren, pour son bien-être je devais prendre mes distances. Je sentis une main empoigner mon chandail dans mon dos puis, je me retrouvai plaqué contre un arbre.

- Je sais à quoi tu penses et je refuse.

Le petit Merdeux avait eu un regain d'énergie, il me tenait les bras au-dessus de ma tête, son bassin collé au mien, son visage trop près du mien. Je sentais et entendais sa respiration saccadé, il était toujours torse nu. Je pouvais y voir quelques gouttes de sueurs ruisseler sur sa peau, dieu que je me détestais en ce moment. J'avais baissé ma garde et j'allais en payer le prix.

- De quoi tu parles p'tit Con.

- Tu veux me quitter pour de bon.

- Je te signale que c'est toi qui as mis fin à notre relation. C'est toi qui à couper contacte.

- Je ne veux pas que tu partes Levi.

- ...

- Je t'aime toujours Levi, s'il te plaît Amour regarde-moi.

Mes yeux fixaient tout sauf lui, je ne pouvais pas, je ne devais pas, ses perles émeraude étaient ma perte, si je les regardais, j'allais flancher et m'abandonner à lui. Eren lâcha mes bras et caressa mes joues, il colla son front au mien. Je fermis les yeux profitant du contacte qu'il m'offrait, c'était doux et chaud.

- Pourquoi pleurs-tu Amour?