Chapitre 5

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L'ascenseur s'immobilise au sous-sol, Clarke déteste les parkings sous-terrain. Ça lui rappelle toujours les films d'horreur qu'elle adore, et elle s'attend sans arrêt à entendre un bruit de pas qui résonne derrière elle. Prenant une grande inspiration, elle s'élance dans l'espace désert en se répétant sans cesse que non, il n'y a aucune raison pour qu'un clown armé d'une machette sorte de derrière la fourgonnette noire garée quelques places plus loin.

Heureusement, elle n'a pas à chercher longtemps la place numéro huit, et s'engouffre dans la petite Citroën blanche garée là. Même l'odeur de l'habitacle ne lui ressemble pas. Une horrible incertitude vient l'immiscer dans ses pensées. Et si c'était la voiture de Finn ? Ou pire, « leur » voiture ! Est-ce qu'elle est en train de voler son ex-fiancé ? Si elle pouvait, elle laisserait le véhicule et ses doutes derrière elle. Mais elle a besoin de cette voiture. Et le siège semble réglé à sa taille. Il ne lui en faut pas plus pour se décider. Tapant l'adresse sur son portable, elle lance le GPS, et prend la route sans demander son reste.

Son téléphone indique seulement une quinzaine de kilomètres parcourus, et l'heure d'arrivée à déjà avancée d'une bonne heure et demi. Clarke soupir de soulagement quand le trafic s'éclairci et qu'elle peut enfin rouler à une allure décente. Sortir de Paris et de ses rues embouteillées, c'est une vraie torture. Quelle horreur cette ville, elle ne comprend vraiment pas comment elle a pu venir vivre ici.

En rentrant sur l'autoroute, elle laisse son esprit vagabonder, en se repassant la journée, encore et encore. Cherchant le lien entre ses derniers souvenirs de sa « vie d'avant », et celle qu'elle découvre depuis quelques heures. Mais plus elle y réfléchit, moins cela semble logique. Elle s'est pourtant fait tous les scénarios dans sa tête. Tous les scénarios qui auraient pu la pousser à quitter Lexa, mais rien ne semble un tant soit peu probable.

En se plongeant dans le passé, elle revit les dernières semaines. Elles avaient fait Noël chez sa mère cette année-là. Abby leur avait offert un chiot. Un berger Australien noir tricolore qu'elles avaient appelé Argo. Clarke en était folle, elle passait des heures à le dresser, et à lui apprendre des tours. Il avait moins de six mois dans ses souvenirs. Aujourd'hui...il pouvait être papa, où même grand père. Lexa, elle, avait horreur des chiens (d'ailleurs, Clarke soupçonnait sa mère d'avoir fait exprès pour l'embêter). Et pourtant, la petite bête avait mis moins de trois minutes à conquérir le cœur de sa bien-aimée. Le seul être vivant à avoir battu ce record, c'était Clarke elle-même.

Leur appartement étant bien trop petit pour vivre avec un chien, elles étaient en train de se renseigner pour déménager rapidement. Et puis ses souvenirs deviennent flous, se mélangent. Elle ne sait plus dire quand se passent les choses. Mais les images font mal. Car aussi fort qu'elle tente de se souvenir, elle ne voit que des images de Lexa souriante, avec cette petite boule de poil jouant dans la neige, quelques flashs de Raven, et puis plus rien, le trou noir.

Une panique totale l'envahit subitement. Machinalement, elle a rentré SON adresse dans le GPS. Son ancienne adresse. Quelles sont les chances que Lexa s'y trouve encore ? C'est ridicule.

La nuit est tombée. Il se fait tard, la journée a été longue, la fatigue et les émotions la rattrapent. Il faut qu'elle s'arrête. Qu'elle réfléchisse. Il lui faut un plan, un vrai, et pas se précipiter sans savoir sur quoi, ou sur qui elle va tomber.

La voiture est bientôt stationnée sur l'aire d'autoroute la plus proche, et Clarke s'adosse sur le siège conducteur, épuisée. Tous les muscles de son corps lui font mal. Pourquoi ? Elle n'a pas fait particulièrement d'effort physique. Elle soupçonne la tension nerveuse d'avoir joué un rôle là-dedans. SI elle pouvait avoir un massage à cet instant. Ceux de Lexa sont divins. Ses yeux se sont fermés, et elle imagine les mains familières glissant sur ses épaules et sa nuque. Les muscles se relâchent d'eux même à cette pensée, et elle s'enfonce un peu plus dans l'inconfortable siège en tissu gris.

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