Chapitre 20

640 57 5
                                    


La porte claque derrière les trois femmes. Chaque pas effectué en direction de la cuisine voit l'atmosphère s'alourdir. Lexa s'affaire rapidement à servir un verre d'eau à Clarke et sa mère avant de s'installer autour du plan de travail, sur le tabouret le plus proche de sa compagne. Dans le silence ambiant, elle attend. Clarke, après avoir manifesté sa surprise, de façon plutôt négative, n'a plus prononcé un mot, ne quittant pas sa mère des yeux pour autant. Lexa parierait n'importe quoi, qu'elle se passe en revue tous les scénarios possibles pour expliquer la présence d'Abby ici, et qu'aucun d'entre eux ne lui plait. Mal à l'aise, face à leurs mutismes qui s'étirent, elle finit par amorcer un mouvement de départ, tout en s'apprêtant à invoquer une quelconque excuse. Après tout, il vaudrait peut-être mieux qu'elle les laisse en famille pour régler ça. A peine a-t-elle ouvert la bouche que la force d'une main lui serrant la cuisse la dissuade d'aller au bout de son geste. Elle s'éclaircit la gorge tout en se déplaçant légèrement sur son siège, se réinstallant pour justifier son action.

- Qu'est-ce que tu fais là maman ? S'exaspère finalement Clarke, allant droit au but.

Abby plisse les yeux, jetant un regard réprobateur sur Lexa, qui s'indigne, non verbalement, de ce jugement sans fondement. Elle se fait la promesse qu'à la moindre incartade, belle-mère ou pas, elle la mettra dehors.

- Je suis venu te chercher Clarke, puisque de toute évidence, Finn a échoué. Il m'a raconté son petit périple. Tu es malade et tu dois te faire soigner.

Lexa, recouvrant de sa main celle de Clarke toujours agrippée à son jeans, peut sentir le tremblement provenant de sa petite amie. De la colère sans aucun doute. Elle-même a du mal à contenir ses émotions devant autant de condescendance.

- Je n'irai nulle part maman. Je ne sais pas ce que Finn t'a raconté, mais je vais bien. J'ai réglé mon problème. Et je ne reviendrai pas à Paris.

L'air pincé, Abby dévisage sa fille, revient sur sa compagne, et finit par expirer tristement en hochant la tête, comme si elle se résignait.

- Si tu ne reviens pas de toi-même Clarke, je n'aurai pas d'autre choix que de te forcer. Les personnes qui perdent l'esprit ne sont pas aptes à prendre des décisions par elles-mêmes.

La pression sur la cuisse de Lexa se desserre enfin, alors qu'elle se lève en frappant des poings sur la table. A côté d'elle, une pâleur maladive a envahi le visage au teint habituellement rosé de Clarke. Celle-ci ne se fait aucune illusion, elle connait sa mère, et elle sait qu'elle ne fait pas de menace en l'air. Abby est tout à fait sérieuse.

- Vous osez vous pointez chez moi et proférer des menaces ! Gronde Lexa, hors d'elle, la confrontation avec Gaïa l'ayant laissée à fleur de peau. Mais c'est quoi votre problème ? Qu'est-ce qu'il peut bien se passer dans votre esprit étriqué pour avoir, à ce point, besoin de contrôler la vie de votre fille ? Clarke n'est pas malade, et elle ne vous obéira pas aveuglément.

Sans se départir de son calme, Abby se redresse à son tour en faisant racler les pieds en métal sur le sol. D'un revers de main, elle époussète son pantalon, et remet le col de sa veste droit.

- Je ne veux que son bien. Je ferais n'importe quoi pour qu'elle retrouve sa vie et qu'elle soit heureuse.

- Et c'est exactement ce que je suis en train de faire maman, mais tu viens tout gâcher.

- Non. Pas CETTE vie. TA vie. Avec Finn.

- C'est marrant comme vous vous empressez de chercher des solutions au problème de Clarke quand cela ne va pas dans votre sens. Vous étiez où, il y a cinq ans quand elle m'a quitté. Quand elle a quitté sa ville, ses amis, ses études ? Je n'ai pas souvenir de vous avoir vu vous battre pour qu'elle « retrouve sa vie ».

DreamcatcherOù les histoires vivent. Découvrez maintenant