Couloirs

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Quand soudain, une silhouette apparut dans l'encadrement de la chambre.
Nous nous tûmes immédiatement et nous levâmes rapidement.

C'était la fameuse "vieille bique" qui nous faisait face. Et au vue de son expression, elle avait sûrement entendu le surnom dont nous l'avions affublé.

Elle marmonna d'un air courroucé
" Je vais faire comme si je n'avais rien entendu mais vous commencez très mal votre service mademoiselle Pearl ! Cessez toutes les deux vos stupides discussions et aidez moi à me préparer. Je n'ai pas tout mon temps."

J'échangeais un regard que j'espérais n'être pas trop apeuré avec Rona, car effectivement le ton de la comtesse ne présageait rien de bon pour la suite de la journée qui risquait d'être longue...

Nous passâmes donc plusieurs heures à coiffer, maquiller et habiller la comtesse qui s'avérait fort difficile à satisfaire.
Mais je m'acquitta de ma tâche avec brio. J'avais déjà travaillé ainsi à la cour Angleterre.

Mais étant demoiselle de compagnie, je devais surtout accompagner la comtesse dans tous ses déplacements. J'étais un peu une garde du corps (pas très imposante j'en conviens) pensais-je avec amusement.

J'aidais Ronaldine à ranger pendant que la comtesse enfin prête insistait pour se rendre "seule" chez "un ami".
Je soupçonnait quelque chose mais ce n'était pas le moment de fouiner dans ses affaires, cela ne ferait qu'aggraver son humeur déjà massacrante.

Je parvins à ravaler ma curiosité avec difficulté en me promettant de découvrir ce qui se tramait.

Durant l'absence de Madame Rossigny, je décidais d'aller me promener, histoire de mieux me repérer dans cet immense château.

Mais à Versailles, tous les couloirs se ressemblent et je finis bientôt par me perdre dans le dédale de couloirs tous semblables et j'aurais eu grand besoin du fil d'Ariane pour retrouver mon chemin

-Quelle cruche ! me dis-je en me frappant le front.

Je continuais à déambuler dans l'espoir de retrouver l'escalier par lequel j'étais venue dans cet partie du château qui me paraissait plus luxueuse que celle où logeait la comtesse de Rossigny.
De beaux meubles dorés habillaient le couloir plutôt grand. Celui ci me paraissait d'ailleurs sans fin.

Je finis par perdre espoir et me décidai à toquer à la première porte que je trouverai.

Je toquai donc à une lourde porte en chêne mais personne ne vint m'ouvrir.
Cette scène me parut familière.
Je m'étais effectivement perdue le jour même de ma venu à la cour.
J'avais le chic pour ne jamais retrouver mon chemin...

La prochaine porte me sembla plus modeste que la précédente et j'y toquai dans l'espoir d'une réponse.
En principe l'on peut juger de la psychologie des gens en fonction de leur statut social, et juger de ce dernier en fonction de l'état de leur porte.

Comment fonder tout un jugement sur une porte...

Fort heureusement, des pas se firent entendre et un homme jura en provenance de l'appartement.

La porte laissa place à un visage familier.
Mais oui! C'était le jeune homme avec qui j'avais dansé le jour du bal!
Je repris un peu d'assurance et de baume au coeur car il ne m'avais pas laissé de marbre la dernière fois.

Il me lança un regard étonné dont je ne pouvais pas le blâmer puisqu'il était vrai que ce n'était pas commun de voir une jeune fille toquer à sa porte dès le matin.

- Bonjour, que puis-je faire pour vous? me demanda-t'il.

- Eh bien il se trouve que je me suis malencontreusement perdue dans le château et je ne retrouve plus mon chemin, croyez-vous que vous pourriez m'indiquer le chemin des appartements de la comtesse de Rossigny ? répondis-je un peu gênée de l'étrangeté de ma requête.

- Oh et bien je pense pouvoir vous aider mais il se trouve que je suis un peu occupé, précisa-t'il.

Au même instant une voix feminine retentit de l'intérieur de ses appartements :

- Vous venez mon cher compte, nous n'en n'avons pas terminé, dis une voix douceureuse se voulant sûrement sensuelle.

Malgré moi je ressentis une pointe de déception de m'apercevoir que le comte n'était pas libre ou fréquentait une jeune femme. Il m'avait, je l'avoue, quelque peu tapé dans l'œil.
Mais que voulez-vous ! Les plus beaux hommes ne sont jamais libres.

Il me regarda d'un air un peu gêné et je lui répondis précipitamment :

- Oh, eh bien..... Au- Aucun problème, je me débrouillerai ne vous en faites pas. Au-revoir ! Terminais-je en m'éloignant précipitamment.

Le conte tenta de me retenir mais je fis mine de ne pas l'entendre et continua à m'enfuir aussi vite que je le pouvais.
Je finis par sortir de ce labyrinthe au bout de plusieurs minutes. C'était la fin de mon calvaire !
Je devrai suggérer au roi de distribuer des cartes du château au courtisans.

Je rentrais dans les appartements de la comtesse. J'y retrouvais Ronaldine qui m'informa que celle-ci n'était toujours pas rentrée.
Elle me proposa de m'expliquer comment me procurer de belles tenues sans me ruiner:

- Ici, beaucoup de courtisans sont pauvres et certains ont même de grosses dettes. Et comme à la cour il est coutume de ne pas porter la même tenue plus de trois fois,  ils sont obligés de porter des tenues de secondes mains.

- Mais c'est très ingénieux tout cela, et où peut-on s'en procurer ?

- Il y a de nombreuses boutiques dans Paris, je n'y enmènerai à l'occasion. Ce sont les nobles les plus riches qui leurs revendent leurs toilettes.

L'idée me plaisait et j'avoue que, sans être une fille futile, j'appréciais les belles choses et je faisais attention à mon apparence.
Après cette matinée de répit, la comtesse revint de son rendez-vous.

Elle alla par la suite chez une amie vivant quelques étages au dessus.
Elle ne souhaita pas que je l'accompagne ce qui ne me dérangea nullement pour être honnête.

Ronaldine décida de m'enmener visiter plus amplement les jardins, endroit qu'elle affectionnait tout particulièrement.
En cette journée ensoleillée, il ne me parurent que plus splendides. Je me perdis dans la contemplation des bosquets fleuris et des nombreuses fontaines. Tout était fait à la perfection avec une symétrie incroyable.
Louis IV savait comment impressionner les visiteurs.

Malgré le nombre faramineux d'heures que je passerais ici, je pense que je ne me lasserais jamais du charme des lieux. L'état du cœur est tiré de la beauté qui passe par les yeux.

Nous nous promenâmes durant une petite heure quand Ronaldine aperçut une de ses amies qui nous faisait de grands signes. Elle était dans une drôle de posture, accroupi aux abord du lac.

Nous nous avançames vers cette drôle de jeune fille....

Pearl à Versailles [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant