Nostalgie

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Après ces terribles déclarations, je restais cloîtrée dans ma petite chambre plusieurs heures durant. J'avais évidemment beaucoup de mal à encaisser la mort de mon frère aîné, qui était un frère de coeur plus qu'un frère de sang et que j'avais toujours admiré et respecté. Jusqu'à ce qu'il se mette à voler...

Quant à ma rupture avec le jeune Joshua, bien que je considérais cette relation plus comme une amourette, cela m'affectait plus que je ne voulais l'admettre.

Je décidais enfin de sortir de mon mutisme après plusieurs appels de Ronaldine qui ne comprenait pas ma soudaine tristesse. Je lui ouvris la porte et m'effondra dans ses bras. Bien que surprise elle me mena jusqu'à mon lit et tenta de me rassurer. Elle qui était pourtant de nature curieuse parvint à se contenir de m'innonder de questions et respecta mon silence. J'aurais tant aimé être aux côtés de mon père en cet instant, je n'arrive même pas à imaginer ce qu'il a pu ressentir.

Ma compagne me proposa d'aller me promener pour me changer les idées. Elle décida de m'enmener voir le Trianon de porcelaine, un sublime édifice bâti en l'honneur de l'iconique Madame de Montespan. Malgré le fait que je m'y rende plus que la raison ne l'admettrait, nous traversâmes une nouvelle fois les somptueux jardins. Et même si je n'ai pas le cœur à la fête, je ne peux m'empêcher de m'extasier, notamment devant les imposantes fontaines.

Après un petit tour du parc et l'admiration du Trianon, je fis part à mon accompagnatrice de mon désir d'être un peu seule.
Elle comprit ma requête bien qu'un peu perplexe, ne connaissant point les causes de mon chagrin.
Je déambulais sans trop de but parmi les allées du parc, puis, au détour d'une chemin, je croisais un jeune homme qui semblait stressé. Il jetait régulièrement des regards derrière son épaule comme s'il craignait d'être suivi. Quand il m'aperçut, il eu un petit sursaut puis fronça légèrement ses sourcils bruns. Ils étaient de la même couleur que sa perruque frisée. Il était vêtu d'un justaucorps noir agrémenté de dentelles tissées d'or. Il me semblait très à la mode, bien que je n'en connaissais pas encore tous les rouages, vivant en France depuis seulement quelques semaines. Il avait surtout de beaux yeux dorés qui, pour l'instant, me fixe avec un regard suspicieux et l'air passablement énervé.

Il engagea la conversation d'un ton quelque peu agressif :
"Mademoiselle, que faites-vous toute seule dans les jardins à cette heure ci?"
Il avait une voix grave et posée, il était indéniable qu'il possédait un certain charisme. Néanmoins, il me paraissait pour le moment plutôt désagréable.
"Et bien je visite les jardins, je suis arrivée à Versailles depuis peu et je ne pas encore eu l'occasion d'en voir tous les coins, répondis-je d'un ton sec.
- Excusez-moi Mademoiselle...
- Je me nomme Pearl. Pearl Curtiss.
- Oh! s'exclama-t-il, qu'elle coïncidence, c'est justement vous que je cherchais, s'exclama-t-il.
- Comment cela? Comment pouvez-vous me chercher alors que, si ma mémoire ne me joue pas de tours, nous ne nous sommes pas encore rencontrés? répondis-je, vraiment surprise.
- Effectivement, pour tout vous dire, je viens vous chercher sur l'ordre du Roi, m'expliqua-t'il.
- Du Roi? Le Roi Louis XIV? le questionnais-je, perplexe.
- En personne. Il souhaite faire plus ample connaissance avec vous comme vous êtes nouvelle à la cour. Il souhaite que vous vous accoutumiez correctement à la France et à Versailles. A vrai dire, je pense qu'il souhaite surtout améliorer ses relations avec le souverain d'Angleterre, m'avoua-t'il sur le ton de la confidence.
- Eh bien ça alors, répondis-je, effarée."

En vérité cela m'arrangeait bien car je ne savais pas comment réussir à rentrer en contact avec son Altesse. Et c'est au final son Altesse qui vient à moi! Voilà déjà une chose de réglée. Il va maintenant falloir lui faire bonne impression.

"Quand est prévu ce rendez-vous ? Lui demandais-je.
- Pas plus tard que ce soir, il vous attend dans ses appartements pour 18h30. Ne soyez pas en retard."

Le jeune brun paraissait un peu médisant. Il ne semblait pas très heureux de devoir accomplir les commissions du Roi. Je me rendis compte que je ne connaissais toujours pas son nom. Mais quand je m'apprêtais à lui demander, il prit rapidement congé et s'éloigna à grands pas. Quel mufle! Heureusement que tous les Français je sont pas comme ça, m'exclamais-je intérieurement. Après cette étrange visite, je pris le chemin de retour, en tentant de retrouver ma route parmi les inombrables bosquets fleuris.

Arrivée à mes appartements (plutôt ceux de la comtesse), j'informai ma colocataire de ma rencontre et elle m'aide à me vêtir et à me coiffer pour cette fameuse rencontre.

Parée de mes plus beaux atours,  je me tenais à 18h30 pétantes devant les appartements de sa Majesté.
Un domestique me pria d'entrer.

Pearl à Versailles [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant