Le fin mot de l'histoire

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Après une nouvelle nuit de réflexion, je restais sur mon idée d'aller parler à Augustin histoire de remettre les pendules à l'heure et pour démêler le vrai du faux. Il est vrai qu'après la version de Marie Hélène, je ne savais plus à qui accorder ma conscience.

Toutefois, quoi qu'ait fait Augustin durant sa jeunesse, cela n'excuse en rien le geste de son ex-amante, cette dernière est plus sanguine que diplômate, comme l'état du visage d'Augustin peut l'attester. D'après certaines rumeurs il lui arrivait régulièrement de se crêper le chignon avec certaines demoiselles jusqu'à en venir aux mains, mais je ne sais guère quel crédit accorder à ces nombreux ragots.

Je me rendis jusqu'aux appartements du jeune Duc, qui se composaient d'une simple chambre. Depuis ces dernières semaines, mon sens de l'orientation s'était aiguisé, et j'arriverai à me repérer sans trop de peine dans les interminables couloirs du château.

Une fois devant sa porte, l'hésitation m'envahit, ne trouverait-il pas malpoli que je me rende dans ses quartiers pour lui faire subir un interrogatoire ? Mais je n'étais plus à ses considérations avec lui et de toute façon n'eus pas le temps de débattre plus longtemps avec moi-même car la porte s'ouvrit à la volée sur un jeune homme
:
" Bonjour mademoiselle, vous venez rendre visite à Monsieur le Duc ? Il a bien besoin de compagnie en ce moment. Il est tout de même cloué au lit depuis hier! Mais les médecins sont très optimistes, il sera sur pieds dans peu de temps..."

L'homme, quelque peu bedonnant, continua son monologue sans me laisser placer un mot. Je parvins enfin à l'interrompre et à me glisser dans la chambre. Fermant la porte je poussais un soupir de soulagement, puis je me retournais et me retrouvais face à un Augustin surpris et réjoui à la fois. Le précédent visiteur avait au moins eu le luxe de me faire oublier mon angoisse.

Je lui lançais un bonjour crispé, qu'il releva et rentrais dans le vif du sujet :

"Augustin, je vais vous expliquer la raison de ma venue, j'ai vu Marie Hélène suite à notre conversation, et elle m'a narré une toute autre version de vos débuts à Versailles et de votre relation, j'avoue être perdue et je souhaiterai avoir des explications, et soyez sincère cette fois ci."

Le visage du Duc s'obscurcit avant de rougir et il soutint mon regard, l'air penaud.

"Je dois vous avouer que je n'ai pas été complètement sincère avec vous, admit-il dans un soupir, je n'étais pas exactement celui que je vous ai décris lors de notre discussion, j'étais frivole et en recherche d'action et de nouveauté, j'ai trouvé ce que je cherchais en la personne de Marie Hélène et j'ai, je l'admet, un peu profité d'elle. Mais je me suis aperçu que je sortais du droit chemin et j'ai décidé de mettre fin à notre relation.
Voilà, vous savez tout, et je suis près à vous jurer qu'il s'agit de l'entière vérité, aucun mensonge cette fois-ci.

- Je vois, je suis heureuse que vous ayez avoué même si j'ai tout de même dû vous y contraindre. Je ne vous cache pas que j'aurais préféré que l'initiative vienne de vous.

- Honnêtement, je pense que je ne vous aurais jamais révélé le fin mot de l'histoire si vous n'étiez pas venue vous même le chercher. J'ai souhaité vous cacher cette partie de moi pour ne pas vous décevoir. Je ne souhaitais pas perdre la face devant vous et vous laisser une mauvais image de moi.

- Voyons Augustin, je ne me permettrais pas de vous juger pour ces faits, qui sont de plus proscrits à l'heure qu'il est. Nous avons tous des secrets et une part de nous moins dorée, plus sombre que celle que l'on ose dévoiler au monde.

- Voulez-vous dire par là que vous me cachez des choses très chère ? Qu'est-ce donc? Un passé tumultueux ? Une enfance terrible ? Un mariage secret ? Un enfant caché ? Tentait-il de deviner sur le ton de la rigolade.

- Je suis une femme pleine de mystères. Mais peut-être que si vous m'embrasser vous je vous en dévoilerais un peu plus chère Duc, dis-je d'un ton enjôleur.

Augustin fût d'abord choqué par ma franchise et ma hardiesse, et il cligna des yeux pour être certain d'avoir bien compris. Mon visage sérieux, et mon regard un brin séducteur le lui confiermèrent et il répliqua :

- Vous êtes une femme pleine de surprises très chère."

Étant assise sur le bord de son lit, il se releva lentement, passa sa main sur ma joue puis m'embrassa tendrement, délicatement.
Je le laissais faire et passais mes bras autour de son cou pour approfondir notre baiser.
Nous nous separâmes pour reprendre notre souffle, ne nous quittant pas des yeux, une lueur indescriptible brillait dans nos regards, la lueur de la passion, et sans doute de ce qu'on appelle l'amour.

Pearl à Versailles [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant