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PDV Kat:

Deux bergers, alertés par les cris, m'ont trouvée dans un état pas possible avec un homme à terre. Ils prennent Loki par la tête et les pieds pour le porter au château.
—Faites attention, je vous en prie !
L'un d'eux me regarde comme si j'étais folle.
—C'est bon, il est juste tombé dans les pommes. Au château ils sauront quoi faire.
On voit bien qu'il n'aime pas Loki. Il le regarde comme s'il était obligé de sauver un monstre. Là tout de suite, j'ai envie de les gifler et de me débrouiller tout seule. Même si je n'y arriverais pas...
Au château, les gardes s'empressent de prendre le relai tandis que je remercie le moins amèrement possible les deux bergers. Ils m'ont quand même aidé, c'est vrai.
Je suis les gardes jusqu'à l'infirmerie, suivie de Odin qui est arrivé en chemin, prévenu par un de ses conseillers.
—Qu'a-t-il ? me demande-t-il avec le plus grand sérieux, en pointant Loki du menton.
J'ai envie de pleurer.
—Je... je ne sais pas, fais-je avec la voix tremblante. Il s'est écroulé sur la plage, d'un coup.
Les 3 femmes enlèvent le haut de Loki (une pointe de jalousie montre le bout de son nez dans mon coeur), puis lui branchent des tas de fils étranges que l'on n'a pas sur Terre.
—Est... est-ce qu'elles vont réussir à le soigner ?
Les jambes tremblantes, je m'assois sur une chaise non-loin de Loki, allongé.
—Je ne sais pas, mon enfant.
Quand je regarde le visage du Père de toutes choses, j'ai comme un mauvais pressentiment ; on dirait qu'il sait ce que Loki a. Je me relève difficilement et me poste devant lui, les poings serrés.
—Vous savez ce qu'il a, pas vrai ? Pourquoi me cachez-vous la vérité ?
Je suis en train de m'énerver contre le Dieu qui veille sur un Monde. Oh punaise.
—Je ne vous cache pas, je vous protège.
Maintenant, je comprends pourquoi Loki n'aime pas son père adoptif. Il avait dit ça platement, sans aucune émotion.
—Votre gueule, Père de toute chose. (Il paraît choqué). Dites-moi la vérité ! Je veux savoir !
Il garde le silence en me fixant. Les larmes dévalent mes joues à présent, et les dents serrées, je repousse toutes mes pensées négatives à propos de Odin. Ne pas me jeter sur lui, ni le frapper.
—Loki est l'être cher qui compte le plus à mes yeux. Vous voulez que je le perde, merde !?
—Non.
—Alors qu'est-ce que vous attendez !?
Il soupire. On dirait que je l'exaspère. La rage au fond de moi bouillonne et me brûle les entrailles.
—Je n'étais pas sûr de ce que mes ancêtres m'avait dit.
—Hein ?
Je remarque enfin que les gardes autour de nous étaient prêts au combat, la main sur le pommeau de leur épée. Odin tourne alors les talons et sort, suivi des gardes.
—Mais qu'est-ce que vous faites ?
—Je vais appeler Thor de toute urgence. Reposez-vous, vous êtes épuisée.
« De toute urgence ». Et il veut que je me repose, le vieillard !?
Je souffle pour me calmer. La pression dans la salle redescend peu à peu. Les infirmières me regardent de travers, mais continuent de faire leur boulot. C'est ce qui compte.
Je m'affale sur mon siège et me passe les mains sur le visage. Je n'avais plus réagi comme ça depuis... depuis le départ de Loki il y a deux ans. Ça réveille des sensations si désagréables... Le stress était monté d'un coup.
Les poings sous mon menton, je regarde Loki, allongé sur cette planche bizarre qui brille doré et projette des sortes d'hologrammes. Les 3 asgardiennes s'affairent autour de lui. Il a des fils patchés à son torse, et il a, comme sur Terre, une sorte de masque qui distribue de l'oxygène. Le voir comme ça me brise le cœur.
Je me lève et fais les cent pas, me maudissant intérieurement.
Comment n'ai-je pas pu m'en soucier !? C'est incroyable ! Ce matin il était pâle, et je l'ai battu à la course dans les escaliers. Je suis si bête... Comment n'ai-je pas pu voir qu'il n'allait pas bien ?
Les larmes menacent de couler à nouveau, alors je continue de me frotter le visage. Une main se pose craintivement sur mon épaule. Je sursaute.
C'est une des infirmières.
—Votre amoureux n'est pas hors d'affaire, nous ne savons pas ce qu'il a. Mais... nous faisons de notre mieux pour le garder en vie. Pour l'instant il faut le laisser se reposer.
Les deux autres me regardent bizarrement derrière. Celle qui me parle paraît être la plus gentille.
—Merci beaucoup.
Elle me fait un petit sourire et part avec ses amies.
Une fois seule dans cette grande pièce dorée, je m'effondre à côté de la plaque magique dorée. Les larmes coulent en silence. Je n'ai même plus la force de pleurer. Quelque chose me retient. Je lève la tête et remarque que, à genoux, je suis pile à la taille de mon amour. Je lui prends la main.
—Loki...
Des larmes coulent sur ses mains. Les miennes. Il a l'air si vulnérable et faible comme ça... il détesterait que je le vois comme ça. Même cette pensée ne me fait pas sourire. Je pose mon front sur son bras.
—Kat ?
Je sursaute comme jamais en reniflant, puis me retourne et lâche :
—Thor, oh mon dieu...
Je me jette dans ses bras en sanglotant comme une gamine de 4 ans. C'était ça qui m'empêchait de me lâcher ; quelqu'un pour m'aider. Il passe ses bras autour de moi et pose sa joue sur le sommet de ma tête. Ça fait bizarre, il est beaucoup plus massif que Loki. Il sent bon.
—Respire Kat, ça va...
Sa grosse voix fait vibrer son torse.
—Thor, Loki il... et puis d'un coup...
Impossible d'expliquer convenablement. Les sanglots m'en empêchent. Ça y est, je me lâche enfin.
—Je sais, je sais. Respire.
Ça me rappelle quand il était venu me rendre visite à l'hôpital. La première fois que l'on s'était rencontré. Je crie, enfouie :
—Je n'ai pas pu veiller sur lui comme je devais ! Je n'ai pas su ! Je me sens si coupable, bordel !
Je tape mon poing contre lui. Je sais qu'il est fort, ça ne doit pas lui faire mal.

PDV Thor:

Kat se déchaine comme elle peut. Elle évacue le stress. J'ai été aussi extrêmement chamboulé quand j'ai su ce qui était arrivé. Père a l'air de savoir ce qu'il lui arrive. Pour l'instant, Kat doit se sentir mieux, et ensuite je pense qu'il nous expliquera ce qu'il se passe. J'ai peur pour mon frère.

PDV Kat:

Après quelques minutes de pleurs interminables, je finis enfin par me calmer et respirer plus calmement. Thor ma caresse doucement les cheveux de sa grande paume de main.
—Ça va mieux ? me demande-t-il.
—Je crois...
Il continue encore un peu, puis me prends par les épaules.
—Père voudrait qu'on le rejoigne dans la bibliothèque. Tu te sens capable d'y aller ?
Je suis si exténuée que je n'avais même pas la force de lui dire que je ne veux pas revoir cet abruti d'Odin. Je me contente alors de hocher la tête.
—Bien, allons-y.
—Non, attends...
Je fais demi-tour et pose un baiser sur le front frais de Loki.
Je reviens vers Thor et nous marchons en silence dans les immenses couloirs, que je ne connais que trop bien, jusqu'à la bibliothèque.
—Père, nous sommes là.
Odin est, pour une fois, seul sans ses gardes. Ça doit être vraiment grave alors. Oh, non...
Je manque de tomber mais Thor me rattrape doucement par le bras. Le Roi nous dit :
—Venez.
Il est penché sur un vieux livre.
Cet endroit m'impressionnera toujours ; le ciel, (enfin le plafond) scintille de mille feux. Ca me fait penser à la salle commune de Poudlard, dans Harry Potter. Les étoiles et galaxies brillent, comme insouciantes au malheur qui s'abat sur moi et le Dieu du Tonnerre. Je déglutis.
—Loki... commence le Père de toute chose.
Je m'accroche à la table où nous sommes, et Thor garde quand même une main derrière mon dos.
—Loki est maudit.

ℑ𝔱'𝔰 𝔊𝔬𝔬𝔡 𝔗𝔬 𝔙𝔢 𝔙𝔞𝔡. [𝔏𝔬𝔨𝔦] {𝔗𝔬𝔪𝔢 2}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant