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Arrivée devant le château, je descends de mon cheval en vitesse et entre. Les gardes me fixent ; je dois avoir une sale gueule. Sang de Jötunn sur le visage et cheveux décoiffés, je pense. Je vais d'abord m'assurer que Thor va bien.
Tandis que je croise une dame de chambre, je lui demande :
—Bonjour, est-ce que Thor est à l'infirmerie ?
Elle secoue la tête.
—Non, il est monté dans ses appartements.
—Merci.
Je me dirige vers les escaliers en boitant. Je ne pourrais me poser seulement quand je saurais que les deux personnes qui me sont sont chères sont en sécurité. Je souffle en montant les marches. Quand j'arrive devant la porte, je ne toque même pas et entre. Je la referme derrière moi.
—Thor ? C'est moi, où es-tu ?
Je regarde dans sa chambre ; personne. Dans la salle de bain ; personne. Dans le grand salon ; personne. Il est sur le balcon.
Je m'approche doucement du grand balcon. Un homme est là, blond, grand et musclé. Il ne porte qu'un pantalon, il est pieds et torse nus. Un bandage couvre une partie de son torse et son dos. Il est accoudé de à la rambarde, voûté. Ses cheveux blonds sont emmêlés.
—Hey... dis-je.
—Hey.
Je m'approche doucement de lui et pose une main sur son épaule nue. Il est chaud.
—Ça va, les flèches ?
Il hausse les épaules.
—Ouais. Je suis juste...
Il serre le poing, pince les lèvres et ferme les yeux.
—... J'ai dis que je ne partirais pas sans connaître une solution. Nous sommes partis.
—Thor, on peut trouver. Il y a forcément quelque chose.
—Non, il n'y a plus rien. Laufey était notre seule chance. On l'a ratée.
Le soleil se couche lentement, le ciel est orangé. Je pose ma deuxième main sur son bras. Ses yeux sont embués de larmes.
—Il y a forcément une autre solution.
Il a l'air si triste...
Je me fais violence pour ne pas pleurer.
—Viens là.
J'ouvre grand mes bras. Le regard perdu dans le vague, il s'approche de moi et se réfugie. Il est si grand comparé à moi ! Ça fait bizarre. Il est tout chaud, aussi. Je dois être habituée à Loki et sa peau fraîche.
—On va y arriver, Thor. Je te le promets.
Il renifle. Quand il respire, je sens la courbe de ses muscles contre moi. J'ai vraiment pas l'habitude, encore une fois. Loki est si fin.
Je lui tapote légèrement le dos quand je sens que mon reste de robe commence à être mouillé des larmes du dieu. Il pleure silencieusement.
—Ça va aller.
Il respire fort et profondément. Je ferme les yeux. Il est dans le même état que moi. Terrifié. Ça me détend de savoir qu'il se lâche sans honte. Avec quelqu'un, pas seul.
—Vas-y, dit-il.
Sa voix résonne dans son torse.
—Vas voir Loki, il a besoin de toi.
—Et toi, alors ?
Il recule en s'essuyant les yeux, puis sourit.
—J'irais après.
—D'accord. À plus tard, Thor. Repose-toi.
—À plus tard.
Je tourne les talons et sors de ses appartements. J'étais à deux doigts de pleurer ! Je descends les marches dorées, direction l'infirmerie.
J'entre. Loki est allongé sur son lit, avec plein de fils accrochés à lui. Mon cœur se serre.
—Je vais vous laisser, fait une infirmière. Juste pour information, il peut vous entendre, mais ne peut  vous répondre.
—Pourquoi ?
Elle fait son sac et s'apprête à sortir.
—Il est sous un produit qui l'endort pour ne pas qu'il souffre. Rassurez-vous, il est toujours conscient.
Encore heureux.
—Merci.
Elle hoche la tête et sort de la salle. Je suis maintenant seule avec mon amour.
—Bonjour mon Loki.
Son rythme cardiaque reste stable. Ses yeux bougent un peu sous ses paupières ; il doit donc bien m'entendre.
—Aujourd'hui, Thor et moi nous sommes allés sur Jötunheim pour...
Merde, il est pas au courant pour sa malédiction.
—... Pour discuter avec Laufey. Il est toujours vivant.
Ses yeux s'agitent. Il doit être choqué.
—Cette connasse d'infirmière t'a endormi. Je sais que tu m'entends, ne t'inquiète pas.
Il se calme mais reste tendu.
—Il n'a pas voulu nous parler.
Ses sourcils se froncent. Il doit se demander pourquoi on est allés parler à Laufey. Je vais esquiver sa question indirecte.
—Ça c'est finit plutôt mal. Thor a prit trois flèches. J'ai failli me faire attraper.
Ses sourcils s'arquent. Il respire fort.
—Mais on va bien. On est juste allés chercher un remède pour toi. Mais... nous n'avons pas trouvé.
Une larme roule sur sa joue. Je porte ma main à ma bouche, et me retiens de pleurer.
—Mais on va trouver, je te le promets, dis-je, la voix tremblante.
Le bras de Loki frémit. Que fait-il ? Sa main se soulève petit à petit et vient vers moi. Il a les sourcils froncés. Ça doit lui prendre une force folle pour faire ça. Sans comprendre, je reste immobile, à fixer sa paume qui vient vers moi. Elle se pose sur mes lèvres. Je me retiens de pleurer pour ne pas le rendre triste. Son pouce caresse mes lèvres puis sa paume se pose sur ma joue. Je la prends avec ma main. La sienne est si douce.
—Je t'aime, Loki. Je t'aime si fort. Je te promets que je vais te sauver. Je te le promets.
Un petit sourire s'étire sur ses lèvres, puis sa main se repose sur son matelas et il s'endort. Je remonte le drap sur son torse nu, puis m'assois sur un siège à côté. Je ferme les yeux et m'endors à mon tour.

...

Quand je me réveille, Loki dort toujours et la nuit est tombée. L'infirmerie brille doucement en doré. Je me lève et me dirige aux cuisines. Comme il n'y a personne, je pique une assiette et y met raisin, une sorte de pêche asgardienne et un morceau de pain. Dans les couloirs déserts et sombres, je passe devant la chambre de Thor. J'entrouvre la porte ; il dort sur son canapé. Tant mieux. Je referme doucement et entre dans mes appartements et ceux de Loki. Je m'assois sur la rambarde du balcon. Un faux mouvement et je m'éclate une cinquantaine de mètres plus bas. Je pose l'assiette sur mes genoux et déguste mon souper en regardant la nuit briller de mille feux. Le pont luit dans l'obscurité, je le vois non-loin.
—C'est beau...
Je ne sais pas quoi penser. Que dire. Que faire. Mais j'ai la détermination de réaliser mon objectif. Sauver mon bien-aimé. Et j'y arriverai par tous les moyens possibles.
Mon assiette finie, je descends de la rambarde et entre. Je pose le morceau de porcelaine sur une table, prends une douche rapide pour me débarbouiller et fonce au lit. Notre lit. Je me mets de son côté habituel, où son odeur est toujours présente. J'enfouis ma tête dans l'oreiller et tombe dans les bras de Morphée, dans un sommeil sans rêve.

ℑ𝔱'𝔰 𝔊𝔬𝔬𝔡 𝔗𝔬 𝔙𝔢 𝔙𝔞𝔡. [𝔏𝔬𝔨𝔦] {𝔗𝔬𝔪𝔢 2}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant