Johanna, Douloureux Silence.

chapitre 8

__ Mengue maman exagère souvent hein, comment maman peut me faire ça ?

__ faire quoi? Elle a raison Johanna. Vous avez à peine flirter pendant quelques mois, tu ne connais rien de lui. Tu ne connais pas comment il est dans son véritable environnement et tu es déjà prête à le suivre jusque Yaoundé. Une ville que tu ne connais pas et tu ne connais non plus personne là bas. S'il t'arrive quelque chose qui informera ta pauvre mère ?

__ voyons, tu dramatises trop.
dis-je en mordant à pleines dents le maïs chaud que je viens de retirer des cendres du feu.
Que veux tu qu'il m'arrive ? De toute façon je le vois ce soir et je lui dirai de venir se présenter officiellement à la maison et si on s'y prend bien maman va dire oui.

__ je ne sais même pas quoi dire sur votre histoire, je sais juste qu'on ne pars pas vivre chez un homme dont on ne sait rien.

__ comment ça ?

__ il t'a déjà parlé de ses parents ? De sa vie ? Où bien chaque fois que vous vous voyez c'est juste pour manger l'amour ?

L'adage qui dit que "l'on ne conseille pas une personne amoureuse" prenait ici tout son sens dans la mesure où j'avais balayé d'un revers de main les mots de ma meilleure amie. Alors que si j'avais pris au moins dix secondes pour y réfléchir, je me rendrai compte qu'elle n'avait pas tord et qu'il beaucoup trop tôt pour aménager dans la maison d'un homme, dont je ne connaissais que le nom.

J'étais animé à cet instant d'un certain zèle et de beaucoup d'orgueil car j'avais enfin un homme qui m'aimait. Moi aussi je pouvais parler d'amour comme les grands car je savais ce que c'était et je le vivais dans les bras de Jules.

Alors, ce même soir je suis allée voir jules au campement pour qu'ensemble nous trouvions des solutions pour convaincre maman.

Le soir même nous nous sommes retrouvés à notre lieu habituel et j'ai commencé à lui présenter la situation. Mais en discutant avec mon chéri, il m'a semblé qu'il n'était pas du tout réceptif à mon idée et cela a commencé à m'inquiéter. Ne voulait-il plus de moi ou quoi ?

__comprends moi bébé, je vais venir me présenter les mains vides? Sans même un membre de ma famille. Non toi aussi?

Il venait de marquer un fait très vrai.
Nous étions en Afrique et précisément chez les bantous et il était de coutume qu'un jeune homme qui voulait une fille devait le notifier à ses parents et ces derniers allaient au près de la jeune fille concernée soit en sa présence ou pas.

De lui même, maman n'allait jamais accepter.

__mais tes collègues sont là non?

__ tu as bien dit mes collègues, nous ne partageons rien d'autre que le travail, ils ne peuvent pas me représenter.

__on fait alors comment ?

Dépitée j'étais. Je ne voulais pas le perdre pas après avoir goûté à tout ce bonheur.
Pour moi il m'était inconcevable de revenir cette Johanna d'avant. Une Johanna sans petit copain ? Moi aussi j'avais droit à cette vie.

__tu m'aimes non? Je veux dire m'aimes tu autant que je t'aime ?

__oui bien-sûr.

__quel sacrifice es tu prêtes à faire pour notre amour ?

__c'est encore quoi ça ? Être ici à cette heure de la journée n'est-ce un sacrifice pour notre amour ?

__ non mais je parle d'un vrai sacrifice, réponds !

__ n'importe quoi. J'avais répondu sur le coup sans mesurer la portée de mes propos. Je t'aime donc je suis prête à faire n'importe quoi pour notre amour.

__alors fuis avec moi. Un ami vient me chercher après demain à l'aube avec sa moto. Quittons ce village et je te promets de faire de toi la reine de Yaoundé.

Si je m'y attendais une fois de plus c'est que je mens. Je n'avais jamais pensé que les choses prendraient cette ampleur. Ma mère n'avait que moi et mon petit frère. Je me devais de rester à ses côtés, de l'alléger dans ses travaux, surtout que je ne voulais lui causer aucun chagrin; mais d'un autre côté je ne voulais pas me séparer de l'homme dont je m'étais entiché.

__ euh faut que j'y aille.

Tout ça était trop pour moi.

Maman m'attend sûrement pour piller le plantain. Dis-je en me retournant confuse.

__  attend, je serai sur la grande route après demain. Si à 5h30 tu n'es pas là, je partirai mais sache que je t'aime énormément et que je ne peux pas vivre sans toi.

Je suis partie sans attendre mon reste.

Présent......

__ donc vous dîtes qu'il vous a proposé de tout laisser derrière vous et de vous enfuir avec lui. Juste comme ça ?

__ oui c'est ça.

__et qu'avez vous fait ? C'était quand même un énorme sacrifice.

__pendant toute la nuit et même la journée qui a suivi je ne faisais que cogiter là dessus, de peser le pour et le contre. Je me demandais ce qui pouvait m'arriver si je restais au village, sûrement je serai resté avec l'amour de ma vie ma mère mais dans une vie misérable en allant vendre quelques vivres chaque samedi à la ville la plus proche. D'un autre côté si je partais je pourrais voir comment gagner de l'argent, en tout cas beaucoup plus qu'au village mais je n'aurai pas ma maman à mes côtés.
Au final c'est à 5h que je m'étais décidé ce jour là.
Dans un sac j'ai jeté tous mes habits, je n'en avais pas beaucoup de toute façon. J'ai écrit une lettre à ma mère où je lui demandais pardon et je lui ai dit que je l'appellerai quand je serai prête. Ce jour là je suis sortie de sa cuisine, j'ai jeté un dernier regard et j'ai dit au- revoir à cette vie.

Comme convenu mon homme m'attendait vêtu d'un t-shirt blanc, d'un pantalon jeans bleu et d'une veste en cuir noire.
J'aurai dû le savoir, j'aurai dû comprendre les choses. Un homme qui t'aime et qui te demande de laisser ta seule famille pour lui ne peut rien t'apporter de bon.
Mais j'ai ignoré tout cela.

Quand il m'a vu il a crié "ah mon amour enfin". tu vas voir, une nouvelle vie t'attends ! Et moi j'étais sûre que je faisais le bon choix.

__ et après ?

__après.... J'avais émis un petit rictus avant d'enchaîner en le regardant droit dans les yeux.
ce fut le début de la descente aux enfers.

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#johanna#

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