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Tu tends l'arc et diriges la flèche en direction du cerf sur la rive opposée. Une fois l'animal dans ta ligne de mire, tu prends une grande inspiration avant de bloquer ta respiration. Ton index et ton majeur relâchent la corde et le projectile file en sifflant en direction de la cible... et la loupe d'au moins un mètre avant de se perdre dans les fourrées.

Le cerf relève la tête et regarde dans toutes les directions avant de s'enfuir loin de toi, suivi par le troupeau au grand complet. Tu ne peux que les regarder partir, mortifié d'avoir laissé passer une telle occasion et avec le profond regret de ne pas avoir choisi la biche.

— Bien joué, frérot ! se moque Jake. Une démonstration incroyable, quel talent !

— Tout n'est pas encore perdu, on peut les poursuivre et tenter à nouveau notre chance.

Tandis que tu te relèves précipitamment, la main de ton frère s'abat sur ton épaule pour te retenir.

— Fais pas le con, il reste pas beaucoup de temps avant le coucher du soleil, fait-il remarquer. Tu connais la règle : toujours faire en sorte d'être de retour avant la tombée de la nuit. Ces saloperies de morts sont silencieuses dans le noir.

Tu regardes les fourrées où le troupeau s'est enfui, tiraillé entre l'envie de faire tes preuves et celle de respecter les règles du camp. Cependant, Jake ne te laisse pas le choix, t'attrapant par le bras, il retourne sur ses pas pour rentrer.

Sentant ta profonde déception, il ne fait pas d'autre remarque sur ton échec. C'est l'un des rares moments où Jake se comporte réellement comme un grand frère et non comme un connard fini dont la passion est de te faire chier.

— Bah alors, les jeunes ? demande Virgile avec un sourire malicieux. Elle est où la boustifaille ?

— Elle a pris ses jambes à son cou quand elle a vu le visage horrible de l'autre idiot ! répond Jake en te pointant du pouce.

Tu lèves les yeux au ciel, il n'aura pas fallu longtemps à ton frère pour redevenir l'enfoiré qu'il est habituellement. Tout en riant à gorge déployée, Virgile appuie sur le bouton permettant d'ouvrir le portail qui se déplace lentement sur ses rails en grinçant.

Jake te confie son arme et ses flèches avant de te laisser pour rejoindre « ses amis ». Tu n'es pas dupe, tu sais que depuis quelques semaines il fréquente Jessica. Il va probablement passer le reste de la nuit avec elle puisque son père est chargé de surveiller le périmètre du camp jusqu'au matin. Lorsque les premiers rayons du soleil apparaîtront dans le ciel, il sera de retour à la maison, un grand sourire sur le visage, expliquant qu'il a joué aux cartes tout ce temps avec ses potes.

— Pas de bidoche ce soir à ce que je vois, dit Oncle Ted lorsque tu rentres dans la cabane.

Tu secoues la tête de gauche à droite, une boule de honte se forme dans ta gorge ce qui t'empêche de déglutir.

— Tant pis, on peut toujours manger les patates du jardin.

Le vieil homme se lève de sa chaise qui se trouve devant la cheminée allumée avant de sortir pour récolter les féculents. Quant à toi, tu fais ce que tu fais toujours lorsque tu es triste ou énervé, tu écoutes de la musique. Tu attrapes le casque et allume le lecteur de disque alimenté par le générateur de la cabane. Pour penser à autre chose, tu te mets à chanter à tue-tête les paroles de la chanson. Comme d'habitude, le monde extérieur disparaît tandis que tu te plonges dans ta bulle.

Lorsque la dernière note de la cinquième chanson que tu interprètes à la suite retentie dans les airs, tu te rends compte qu'énormément de temps a passé et que le vieil homme n'est toujours pas revenu de sa cueillette alors qu'il fait nuit noire.

Une décharge d'adrénaline parcourt ton corps lorsque tu ôtes ton casque et entends les coups de feu et les hurlements qui proviennent de l'extérieur ainsi que les grognements caractéristiques des zombies. Des grognements nombreux, très nombreux. Mais comment as-tu fait pour être tellement absorbé par la musique que tu n'as rien remarqué ?

Soudain, un véritable boucan provient de la porte. Un mort-vivant, ou plusieurs au vu du bruit, est en train de cogner dessus. Tu te précipites vers la fenêtre, mais malheureusement le jardin est également infesté de cadavres ambulants. Cependant, ils sont tous attroupés autour du potager, occupés à dévorer les légumes que ta famille et toi avez fait pousser. Tu dois retenir une forte sensation de nausée lorsque tu remarques que les bottes rouges dont oncle Ted est si fier dépassent de la masse de zombies qui se goinfrent.

Les bruits provenant de l'entrée deviennent de plus en plus fort et le bois de la porte commence à émettre des craquements inquiétants. Tu te précipites vers ton arc et tes flèches, retenant de toutes des forces le sentiment de panique qui menace de te submerger.

Le jardin est infesté par de nombreux zombies, réussir à zigzaguer parmi eux risque d'être difficile. Avec un peu de chance, il n'y aura que peu de morts-vivants qui tenteront d'entrer par la porte, mais réussir à les esquiver dans l'espace réduit de la cabane risque d'être compliqué. Il faut que tu prennes une décision, et vite !

S'enfuir par le jardin => Chapitre 13

Attendre que la porte cède => Chapitre 14


Image du chapitre : Pixabay 

Fuir ou Mourir - Histoire interactiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant