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Tu ne peux pas prendre le risque de faire confiance à une inconnue dans ta situation, encore moins à une voleuse. Tu baisses ton arc avant de chasser la jeune femme.

— Qu'est-ce que tu fiches ici ? grondes-tu. Va-t'en espèce de sale voleuse !

L'inconnue pince ses lèvres, une expression de défi sur le visage. Ses yeux ne cessent de faire des aller-retours entre le lapin qui cuit lentement et l'arc qui se trouve entre tes mains. Finalement, elle quitte la clairière en te jetant un regard de haine.

Une fois certain que la jeune femme est bel et bien partie, tu te laisses tomber auprès du feu et commences ton repas. Tu es tellement affamé que tu mords à pleines dents la viande, prenant à peine le temps de mâcher convenablement avant d'avaler.

Lorsque tu es rassasié, tu te laisses tomber sur le dos afin de dormir. À peine as-tu fermé les yeux, que tu entends des pas se rapprocher.

— Encore toi, sale voleuse ? Je pensais pourtant avoir été clair, va-t'en !

— C'est comme ça que tu accueilles un vieil ami, gamin ?

Tu reconnais cette voix et aussitôt tu te redresses, la joie faisant battre la chamade à ton cœur. Virgile se rapproche de toi, l'air épuisé et le bras gauche serré contre sa poitrine.

— Virgile ! t'exclames-tu. Tu as survécu, mais comment ?

Le quadragénaire se laisse tomber devant le feu, en face de toi, avant de pointer du doigts les restes généreux de ton repas. Tu lui fais signe de se servir et il mord voracement dans la viande, comme tu l'as fait plus tôt.

— J'étais en train de défendre le camp sur les remparts, explique-t-il la bouche pleine. On était plusieurs à s'être réuni là pour essayer d'empêcher que les zombies ne prennent le dessus.

Virgile s'interrompt un instant, le temps de reprendre une bouchée généreuse et tu attends la suite de l'histoire, suspendu à ses lèvres.

— J'ai vidé mon chargeur sur eux, mais réussir à viser la tête dans la nuit et à cette distance c'était impossible. J'ai essayé gamin, j'ai vraiment essayé, je te jure, mais ils ont fini par passer le portail et envahir le camp. Ils sont même montés sur les escaliers qui mènent aux remparts. Avec les autres, on a essayé de les repousser, mais ils étaient bien trop nombreux.

La voix du quadragénaire se brise sur ce dernier mot. Il lui faut un moment avant de réussir à reprendre la parole.

— J'ai appuyé sur la gâchette encore et encore, mais rien à faire. C'est seulement quand je suis arrivé à court de munitions que j'ai relevé la tête pour regarder le camp. C'est à ce moment-là que j'ai compris que c'était terminé, qu'on était fichus. Il n'y avait plus personne en vie, juste des cadavres morts et des cadavres vivants. Alors j'ai fui, comme un lâche.

À ces mots, ta propre honte se ravive. Après tout, toi aussi tu t'es enfui, mais bien plus tôt que Virgile qui est resté jusqu'à la dernière minute de la bataille.

— Les zombies étaient toujours en train d'essayer de monter les escaliers, alors j'ai pas eu le choix et j'ai sauté depuis les marches. Sauf que je suis plus tout jeune et que je me suis ramassé en beauté.

Pour ponctuer ses propos, il soulève délicatement son avant-bras gauche qui décrit un angle inquiétant.

— Une fois en bas de l'escalier, j'ai pris mes jambes à mon cou aussi vite que j'ai pu malgré la douleur. Une fois dans la forêt, j'ai continué à marcher. Je me suis dit qu'avec un peu de chance, d'autres personnes auraient réussi à s'échapper et que je tomberais sur eux. C'est là que j'ai vu ton feu et que je t'ai trouvé.

Le silence retombe entre vous. Vous êtes tous les deux épuisés et décidez d'aller vous coucher tôt. Avant ça, tu fabriques rapidement une attelle de fortune pour Virgile, puis tu t'endors à même le sol.

***

Le lendemain matin, il te faut quelques secondes pour comprendre pourquoi tu te trouves au milieu d'une clairière et non pas dans la cabane avec Jake et Oncle Ted. Lorsque les souvenirs de l'attaque te reviennent en mémoire, tu dois combattre les larmes qui menacent de couler le long de tes joues.

Une fois certain que tu ne craqueras pas, tu te lèves pour saluer Virgile qui observe les cendres de votre feu.

— J'ai réfléchis, gamin, déclare-t-il. Pourquoi on ne construirait pas un autre camp ? C'est du boulot, mais c'est mieux que de se balader de ville en ville sans fin.

— Mais on est que deux.

— Lorsqu'on a construit l'ancien camp, on était qu'une petite dizaine. Au fil du temps, les gens nous ont rejoints jusqu'à ce qu'on soit une petite centaine. Crois-moi, on finira par être plus nombreux.

L'idée de Virgile te plaît, tu t'es toujours sentie en sécurité au camp, du moins jusqu'à l'attaque de la horde. Et il a raison, vivre en nomade est dangereux en raison des morts-vivants et des groupes armés qui détroussent les voyageurs imprudents.

Tu décides donc de commencer par aller en ville pour y récupérer le matériel de base nécessaire à votre survie. Virgile risque de te ralentir ou même de te coûter la vie en raison de son bras cassé, il te propose donc de faire du repérage pour trouver un endroit parfait pour y établir votre nouvelle communauté.

Le jour est encore jeune lorsque tu atteints les premiers immeubles de la cité la plus proche. Une fois dans les rues goudronnées, tu hésites sur l'endroit où commencer ton pillage. Tu pourrais aller au centre commercial qui se trouve à une vingtaine de minutes d'ici. Là-bas, tu es sûr d'y trouver exactement ce que tu veux en excellent état. Ou alors, tu pourrais fouiller les appartements alentours. Ils possèdent le matériel de base dont vous avez besoin, mais il te faudra chercher dans plusieurs bâtiments avant de réunir tout ce que tu cherches.

Chercher du matériel au centre commercial => Chapitre 63

Fouiller les appartements => Chapitre 64


Image du chapitre : Glade by TobiasRoetsch (lien DeviantArt en commentaire)

Fuir ou Mourir - Histoire interactiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant