71

14 1 3
                                    

Attiré par la promesse de repas chauds et de sécurité, tu acceptes la proposition des Skinheads en espérant ne pas le regretter amèrement.

— T'as fait le bon choix, mon pote, s'exclame le chef avec un grand sourire. T'as l'air d'être du genre débrouillard, on a besoin de mecs comme toi. Au fait, je m'appelle Max.

C'est l'estomac noué que tu suis tes nouveaux compagnons d'armes. Ceux-ci t'emmènent au centre-ville où ils ont érigé une véritable forteresse de grillages et barbelés.

— Qui c'est, lui ? demande le garde en se curant le nez.

— Un petit nouveau, répond le chef. Du genre plutôt teigneux.

— Tant mieux, je détestes les chiffes-molles qui pleurnichent. Ils me dégoûtent.

Le garde ouvre le portail et tu entres dans ton nouveau camp. Tu remarques vite qu'il n'y a presque que des hommes ici, tous avec le crâne rasé. Les rares femmes que tu aperçois se déplacent en silence, les yeux baissés, les vêtements en lambeaux et la peau constellée de nombreuses ecchymoses.

Max te fait visiter les lieux avant de t'emmener chez le coiffeur en t'expliquant qu'aucun homme n'est autorisé à avoir des cheveux parmi le groupe. Tu t'assieds dans le siège, légèrement anxieux à l'idée de devenir chauve.

— T'es fatigué ? demande max.

— Un peu, réponds-tu. J'ai pas arrêté de marcher ces derniers jours.

Le chef se dirige vers une femme qui passe le balai dans la salle avant de lui administrer une gifle magistrale du revers de la main.

— T'es sourde ou quoi, salope ? Le nouveau a mal aux jambes, sors-toi les doigts du cul et va le masser avant que je ne t'enfonce ton putain de balai dans le rectum.

La jeune femme se précipite dans ta direction avant de tomber à genoux devant toi. Tu ressens de la culpabilité lorsque que tu la vois enlever tes bottes et malaxer tes pieds dont la forte odeur agresse tes propres narines. Cependant, ton instinct te dit que Max n'apprécierait pas que tu montres de la gentillesse ou de la compassion envers elle.

Après que le mastodonte qui sert de coiffeur au camp t'ai tondu le sommet du crâne, tu suis Max afin d'aller dîner en compagnie de tes nouveaux compagnons. En chemin, tu ne peux t'empêcher de passer ta paume sur ta peau nouvellement à nue à plusieurs reprises, regrettant l'absence des cheveux que tu affectionnais tant.

Tu arrives dans une salle où de nombreux hommes sont attablés et dévorent à pleines dents leur repas. Tandis que, tu avances entre les tables, l'un des Skinheads te semble familier. Un fois proche de lui, tu sens la joie te submerger.

— Jake !

Ton frère lève la tête et lorsqu'il t'aperçoit, un grand sourire illumine son visage. En quelques enjambées il te rejoint avant de te prendre dans ses bras.

— J'étais sûr que t'étais mort... murmure-t-il.

— Ça fait longtemps que t'es là ? demandes-tu.

— Seulement deux jours.

— Vous vous connaissez ? questionne Max d'un ton méfiant.

— C'est mon petit frère, explique Jake.

Le chef nous félicite pour nos retrouvailles, puis nous laisses seuls pour dîner. Alors que tu tends la main pour te servir une portion de ragoût, Jake attrape ton poignet pour t'en empêcher. Tu le regarde, étonné, et celui-ci hoche la tête de droite à gauche. Haussant les épaules, tu te contentes des légumes grillés et des frites.

Une fois le ventre remplit, tu laisses traîner tes oreilles et écoutes les fanfaronnades du Skinhead sur ta gauche.

— Je te jure, je lui avais juste donné un coup de poings en pleine face et cette tafiole pleurait comme une gonzesse. Il arrêtait pas de me supplier de ne pas lui faire du mal.

— Et alors, tu l'as tué ?

— Non, d'abord je l'ai passé à tabac. Je te raconte pas comme il a couiné lorsque je lui ai explosé les genoux. Ensuite, je l'ai traîné jusqu'au camp et je l'ai confié au boucher.

L'homme qui raconte l'histoire marque une pause en soulevant sa cuillère pleine de ragoût d'un geste théâtrale.

— C'est qu'il est délicieux, l'enfoiré !

Tu retiens un haut le cœur tandis que les Skinheads autour de toi éclatent de rire. Tu comprends mieux pourquoi Jake t'a empêché de te servir du plat à base de viande. Mais où est-ce que tu as atterrit ?

Une fois le repas terminé, tu suis Jake jusqu'à la chambre que vous allez désormais partager. Une fois seul avec ton frère, tu décides de lui parler.

— Jake, mais qu'est-ce qu'on fout là, au milieu de barjots violents et sexistes ?

— Et où est-ce que tu veux aller ? Notre camp n'existe plus.

Tu lui expliques ce que tu as appris sur Utopia et ton plan pour rejoindre ce refuge.

— Cet endroit n'existe pas ! s'énerve Jake. Alors que là, on est bien, on est à l'abri.

— Mais à quel prix ? Viens avec moi, je t'en prie.

— Non. Si tu veux te barrer, je t'en empêcherais pas. Mais il est hors de question que je risque ma vie pour une histoire à dormir debout !

Tu regardes Jake d'un air suppliant, cependant, tu peux voir à son air déterminé qu'il ne changera pas d'avis. Te voilà face à un dilemme déchirant, rester avec ton frère, mais vivre avec des monstres ou t'enfuir seul.

Rester avec Jake => Chapitre 103

T'enfuir seul => Chapitre 104


Image du chapitre : Breakout by JoakimOlofsson (lien DeviantArt en commentaire)

Fuir ou Mourir - Histoire interactiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant