112

16 0 1
                                    

Tu regardes Jake d'un air suppliant, mais tu peux voir que sa décision est prise et qu'il ne changera pas d'avis.

— Je suis désolé, Jake, murmures-tu. Mais je ne peux pas vivre comme ça, à tuer et malmené les femmes pour le plaisir.

— Parce que tu crois que je fais ça par plaisir ?

— Non, je ne pense pas. Mais moi, je ne peux pas vivre comme ça.

Jake s'approche de toi et te serres dans ses bras.

— Tu vois le bâtiment dans lequel ils t'ont rasé la tête ? Si tu montes par le toit, c'est pas impossible de sauter sur l'immeuble d'à côté qui est en-dehors du camp. Ça fait une sacrée distance, mais je vois pas par où tu pourrais quitter le camp sinon.

Tu remercies Jake, puis celui-ci se couche dans son lit. Tu t'assis sur ton propre matelas et attends que la nuit soit bien avancée pour fuir le camp. Durant ton attente, tu essaies d'ignorer les grognements de plaisir d'un Skinhead qui proviennent de la chambre voisine. Mais c'est surtout les cris de douleurs et les supplications de la femme qui se trouve avec lui qui te déchirent le cœur.

Tu ne peux pas prendre ton sac avec toi, ce serait trop louche, cependant, tu emportes ton arc et le fusil de Jake. La plupart des Skinheads se promènent armés au sein du camps, ça ne devrait donc pas éveiller les soupçons.

— Adieu Jake, je suis désolé.

Ton frère est couché dos à toi. Il ne te répond pas, tu n'arrives pas à déterminer s'il dort profondément ou s'il t'ignore. C'est le cœur déchiré par cette séparation que tu quittes la chambre.

Tu rejoins sans problème le bâtiment du coiffeur et monte rapidement sur le toit. À aucun moment on ne t'a demandé où tu allais. Chaque homme que tu as rencontré était soûl et les rares femmes qui ont croisées ton chemin se sont éloigné le plus discrètement possible en baissant les yeux.

Une fois au sommet de l'immeuble, tu observes le bâtiment dont Jake t'a parlé. En effet, cela fait un sacré saut, mais c'est peut-être possible puisque le toit en question est plus bas d'un étage.

Après avoir pris une grande inspiration pour te donner du courage, tu t'élances et saute dans le vide pour atterrir lourdement sur le toit de l'immeuble d'en face. Ce n'était pas si terrible après tout. Tu te retournes une dernière fois pour faire tes adieux à Jake, puis tu te mets en route vers Utopia.

***

Cela fait maintenant une semaine que tu as quitté le camp, tu ne sais pas si les Skinheads ont tenté de te pourchasser, mais tu ne les as pas vu en tout cas. Tu te trouves devant une intersection, tu sors la carte pour connaître le chemin. Un sourire se dessine sur ton visage lorsque tu te rends compte que tu n'es plus très loin. Si tout va bien, tu seras à Utopia ce soir.

Motivé par cette bonne nouvelle, tu marches d'un bon pas pendant plusieurs heures sans apercevoir quoique ce soit à part la route et la forêt qui la borde. Alors que le soleil se couche, tu commences à te demander si tu ne t'es pas trompé de chemin lorsque tu aperçois enfin un énorme mur au loin.

Ton cœur bondit de joie à cette vue et tu presses le pas pour rejoindre Utopia. Alors que tu es à environ cent mètres de l'enceinte, une balle s'enfonce dans le sol devant toi et tu t'arrêtes. Quelques secondes plus tard, la lumière aveuglante d'un projecteur se braque sur toi et tu mets ton bras devant tes yeux pour les protéger.

— À genoux, les mains derrière la tête ! t'ordonne une voix amplifiée par un haut-parleur.

Tu obéis et, au bout de quelques minutes, plusieurs personnes lourdement armées en tenue anti-émeute s'approchent de toi. Sans un mot ils te passent les menottes avant te t'emmener avec eux. Il te faut un moment pour réussir à distinguer ce qui t'entoure puisque tu es encore aveuglé par le projecteur, bien qu'il ne soit plus braqué sur toi.

Lorsque les lourdes portes du camp s'ouvrent, tu peux apercevoir une véritable ville derrières celles-ci. Les soldats te poussent sans ménagement dans le bâtiment le plus proche de l'entrée avant de t'enlever tous tes vêtements et de t'attacher debout à une poutre, les bras écartés. Une fois dans cette position, ils t'aspergent d'eau chaude à l'aide d'un jet pour te nettoyer.

L'accueil est loin d'être aussi amical que tu l'espérais et tu commences à trembler, tant de peur que de froid. Il ne te faut pas attendre longtemps avant qu'une femme blonde en blouse blanche ne rentre dans la salle.

— Bonjour, bonjour, dit-elle d'une voix enjouée. Quel est votre nom ? Avez-vous été mordu par qui que ce soit récemment ?

Tu lui donnes ton prénom et lui assure que personne ne t'a mordu avant de la supplier de te laisser rester à Utopia.

— Je vois que vous êtes bien informé, je crois que c'est la première fois que je rencontre un voyageur qui sait où il se trouve. Je me présente, Docteur O'Malley. Nous allons vous examiner, faire quelques tests et nous assurer que vous n'êtes pas infecté. Si tout va bien, vous pourrez rester avec nous.

En entendant ces mots, tu sens l'espoir et le soulagement te gagner. Tout tes efforts n'auront donc pas été vain. Le médecin examine ton visage tout en faisant attention à rester à bonne distance, puis, elle ordonne aux soldats de te mettre une muselière. Le Docteur O'Malley enfile des gants et commence à examiner la moindre parcelle de ta peau, n'omettant absolument aucun endroit à ta plus grande gêne.

Une fois cet examen terminé, on te sangle à une table et le médecin prélève plusieurs éprouvettes de ton sang. Après cela, on te conduit à une cellule de prison dans laquelle les soldats t'ôtent tes menottes et ta muselière avant de te fournir des vêtements.

Commence une longue attente. La pièce n'a pas de fenêtre et tu dois donc te fier aux repas que l'on te sert pour estimer le temps qui s'écoule. La nourriture est délicieuse et riche, cela fait longtemps que tu n'avais pas aussi bien mangé. Après une semaine d'attente, on te demande de nouveau de te déshabiller et le Docteur O'Malley recommence son examen minutieux.

Suite à cela, tu la suis jusqu'à son bureau et t'assieds, impatient de connaître le verdict.

— Vous êtes en parfaite santé, déclare le médecin. Aucune trace d'infection dans le sang, pas de morsure ou de lésion suspecte sur la peau. Pas de signe de putréfaction non plus, d'ailleurs.

Tu ne peux empêcher tes lèvres de s'étirer en un sourire radieux lorsque tu entends ces mots.

— De plus, vous êtes jeune et en bonne santé. C'est le profil que nous recherchons pour notre camp. Alors, souhaitez-vous nous rejoindre ?

— Oui !

Le Docteur O'Malley éclate de rire face à ton enthousiasme.

— Très bien, dans ce cas je vais vous laissez en compagnie des soldats qui vont vous menez vers le responsable de la sécurité. Celui-ci vous expliquera les lois et la marche à suivre pour tous les nouveaux résidents.

***

Cela fait maintenant trois ans que tu te trouves à Utopia et, le moins que l'on puisse dire, c'est que le camp porte bien son nom. Les règles y sont extrêmement strictes et le moindre écart risque d'entraîner un bannissement, mais à aucun moment tu n'as eu envie d'enfreindre la loi.

Tu ne manques de rien, Utopia t'a fourni une petite maison pour y vivre. Ton domicile contient toutes les installations et le confort de l'époque de l'âge d'or et chaque semaine tu reçois des bons pour pouvoir faire les courses de ton choix, dans la mesure du raisonnable évidemment. Tu as été embauché par la ferme du camp pour t'occuper du bétail, un travail que tu apprécies énormément, et tes collègues sont tous formidables.

Les jours s'écoulent paisiblement et, même s'il t'arrive de te sentir seul parfois et de regretter de ne pas pouvoir partager ton bonheur avec Oncle Ted et Jake, à aucun moment tu n'as regretté d'avoir fait le choix de partir à la recherche d'Utopia.

Happy ending


Bravo, tu as survécu => Mot de la fin


Imagedu chapitre : The Wall by Donmalo (lien DeviantArt en commentaire)

Fuir ou Mourir - Histoire interactiveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant