Je me réveille dans une pièce que je ne connais pas. Mes muscles sont encore douloureux, mais moins qu'hier, enfin je pense que c'était hier.C'est la première fois que je voyais Aaron s'énerver autant. Cela me paraît très étrange. Il n'a jamais été très, comment dire, impliqué. Il n'a jamais manqué de m'aimer, mais il n'a jamais été très émotif. C'est plutôt quelqu'un de distant et de froid. Je sais qu'au fond de lui, il a un cœur en or, il n'aime juste pas le montrer.
Je me lève, mes os craquent et je soupire, je suis épuisée. La pièce n'est pas très belle, fade, comme effacée. Un rayon de soleil traverse le feuillage des arbres et se pose délicatement sur le parquet poussiéreux.
J'ouvre la porte doucement. Je ne sais pas exactement si je suis retenue ici contre ma volonté ou bien si je peux me balader comme bon me semble. Le couloir est petit et il donne sur deux portes fermées, je descends les escaliers en bois le plus silencieusement possible.
Le rez-de-chaussée n'est pas beaucoup plus intéressant, un salon, une salle à manger, une cuisine et une porte qui doit donner sur des toilettes ou bien la cave. Je fais rapidement le tour de la maison et trouve Aaron nulle part. Quand j'arrive dans la cuisine, je le vois dehors sur la terrasse.
Il est en train de téléphoner. J'ouvre doucement la porte de la cuisine et écoute ce qu'il dit.
- Là, elle dort. Oui je sais elle m'a aussi beaucoup déçu... Oui, je comprends, mais il me semble avoir dissipé ses doutes...Oui, oui, je ferai ça alors, Monsieur Black, oui, je ne me laisserai pas attendrir. Oui. Au revoir, Monsieur Black.
Aaron raccroche et regarde au loin. Je monte rapidement les escaliers alors qu'il se tourne vers la baie vitrée. Puis le plus naturellement possible, je les redescends comme si je venais de me lever. Aaron est assis sur le canapé, je le regarde avec un peu d'appréhension. Je dois avouer que je ne sais pas exactement à quelle sauce je vais être mangée. Aaron lève les yeux et me voit.
- Bonjour, ma princesse. Bien dormi ?
Je suis surprise par une accueille aussi chaleureuse. Aaron se lève et viens me prendre dans ses bras. Je m'abandonne à son étreinte. J'ai l'impression d'être à la maison tout en étant prise en otage. Aaron s'écarte légèrement et me dit :
- Tu veux déjeuner quelque chose ?
Je hoche la tête, mais ne dis rien. Je ne me sens vraiment pas à l'aise, comme si j'étais l'actrice principale d'une pièce sans en connaître le dénouement. Nous allons à la cuisine et déjeunons. Enfin, je déjeune. Aaron ne fait que me regarder. Il me fixe avec une telle intensité que je me demande s'il n'a pas empoisonné ma nourriture. Son visage est neutre, impassible. Ce qui contraste avec sa réaction émotive de hier. Il continue de me fixer, sans rien dire et je me sens de plus en plus mal à l'aise.
- Tu doutes encore ?
Sa question sort de nulle part et il me faut plusieurs secondes pour répondre. J'essaie de gagner du temps.
- Douter de quoi ?
- De la méchanceté de tes parents évidemment.
- Oh, je n'y ai pas trop repensé. Je dois dire que ces temps je suis un peu perdue, je n'arrive pas à me concentrer sur des choses simples, comme si j'étais entourée de brouillard.
Je soupire. Je ne me sens vraiment pas bien. Pas tant physiquement, mais mentalement, comme lessivée de tout énergie. Je suis morte de fatigue. Aaron me regarde pensif, comme s'il essayait de m'analyser, de lire dans mes pensées.
Pour essayer de me faire une contenance, je commence à le regarder aussi, puis je dis la première chose qui me traverse l'esprit.
- Qu'est- ce qui t'a plus en premier chez moi ?
Il continue de me regarder et ne répond pas. Il me fixe avec une telle intensité et une si grande immobilité que je me demande un instant s'il est vraiment réel et que je ne suis pas encore dans un de mes délires. Il cligne des yeux.
- Ce qui m'a plu chez toi en premier ? Ton physique évidemment, tu ne te rends pas compte à quel point tu es belle et sexy, avec cette timidité super excitante.
Je fronce les sourcils, je dois avouer que ce n'est pas la réponse à laquelle je m'attendais. C'est très superficiel comme réponse.
- C'est pour ça que tu as arrêté ta voiture ?
- Oh ça non, c'est parce que ton père voulait te connaître d'un peu plus près.
- Donc la première chose que tu as aimé chez moi quand tu as appris à me connaître, c'est mon physique ?
- Oui.
- Et qu'est-ce que tu aimes d'autres chez moi ?
Je suis de plus en plus nerveuse, comme si j'avais croqué dans un fruit et que je découvrais qu'il était pourri, ou pire, empoisonné.
- Ton physique, mais j'ai déjà dit, j'aime particulièrement mon cul. Il est très beau, bien bombé et ferme. J'aime beaucoup. J'aime aussi les réactions que tu as quand je te baise.
Je crois que je peux dès à présent dire que je suis choquée. Je ne sais pas si c'est la situation ou juste ce mot, baiser. C'est peut-être très stupide et naïf de ma part, mais je trouve ce mot sale. Avec Aaron, nous ne baisions pas, nous faisions l'amour. Ces deux mots désignent bien la même activité, mais l'intensité mise dans celle-ci est si différente.
Je le regarde et ne sais pas quoi dire. J'ai soudain besoin de vomir. Je me précipite à l'évier. Je ne me sens vraiment pas bien. Comme si l'on était en train de me retirer toute mon énergie vitale. Je regarde Aaron qui ne semble pas du tout inquiet et qui n'a même pas bougé de son siège. Il sourit.
C'est homme est toxique.
Mon père est toxique.
Je suis entourée de gens toxique.
J'ai besoin d'air frais et pur. Il faut que je quitte cet endroit. Il faut que je me trahisse sous aucun prétexte. J'essaie de rester le plus neutre possible et retourne m'asseoir.
- Tu aurais quand même pu m'aider.
- Tu avais l'air de t'en sortir très bien.
Je n'ose plus toucher à mon assiette et Aaron le remarque. Je me justifie :
- Je ne me sens vraiment pas bien, je devrais peut-être aller me coucher.
- Si tu veux, ma chérie, dit-il d'une voix mielleuse.
- Je pourrais juste savoir où l'on est ? Il ne me semble pas être déjà venu ici.
- Éva, tu es toute pâle. Va te coucher et ne te préoccupe pas de ça.
C'est décrété je suis dans la merde jusqu'au cou. Docilement, je monte les marches des escaliers. Aaron me suit comme mon ombre et me ramène à ma chambre. Il me dorlote quelques instants puis il quitte la pièce.
Ma tête est vide ou pleine je ne sais plus. Tout est flou. Où suis-je ? Suis-je encore vivante ? Je n'en sais rien. Tout ce que je sais c'est que... Qu'est-ce que je sais au fait ? Je crois que ma vie est basée sur un mensonge, mais lequel ? Impossible de m'en rappeler. Mon crâne explose. Ou il va le faire ? Difficile à dire. Soupire. Rêve. Amour. Mort.
Où en étais-je ? Je ne sais plus ? Oui ? Non ? Je hausse les épaules, surement pas important.
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Evadée - Tome 2
Bí ẩn / Giật gânLa suite tant attendue ⚠️ Certains passages peuvent heurter la sensibilités des plus jeunes et des personnes non averties⚠️