Chapitre 16

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J'ouvre les yeux plusieurs fois. Je n'arrive pas à les garder ouverts. Avec un effort surhumain, je les garde ouvert quelques instants, juste assez longtemps pour voir que je suis toujours dans la cave.

Ma gorge est si sèche. Ma langue est un morceau de béton. Je n'ose plus respirer par la bouche de peur de m'étouffer avec ma propre langue si elle gonfle encore.

Alors je respire par le nez, je crois que c'est une des seules parties de mon corps qui ne me fait pas souffrir. Chaque parcelle de mon corps n'est que douleur.

Aaron a été clément, il ne m'a rien cassé. Je ne sais pas si c'est un miracle ou si réellement il a fait attention à ne rien me casser. Je respire difficilement. L'énième coup de poings qu'il vient de me donner à une fois encore vidé mes poumons. J'ai arrêté de compter le nombre de fois que c'est arrivé.

Je tombe à terre. Je n'ai plus la force de tenir debout. Je ne me débats même plus, je laisse juste la vague me ramasser et j'espère qu'elle me noie.

Rapidement, Aaron m'a détaché de ma chaise, il voulait que je résiste, je ne l'ai pas fait longtemps. J'ai très vite été dans l'incapacité de me défendre. Je pourrai dire qu'il triche en me faisant jeûner, mais cela ne changerait rien. Je suis faible. Je dois l'accepter.

Aaron me plaque contre le mur, je le laisse faire.

- Tu penses en avoir eu assez, ma jolie.

Ma lèvre inférieure me fait mal quand je parle, j'articule lentement :

- Va te faire foutre.

- Oh ma belle si tu savais, tu vas bientôt supplier de t'achever. Les seuls mots que tu prononceras seront ; tue-moi.

Les yeux à moitié clos, je ne réponds pas. Mon corps me fait déjà si mal, que je me demande comment cela pourrait être pire...

Maintenant je sais, cela peut être pire, vraiment pire. La douleur est la seule information qui traverse mon esprit. Je suis incapable de penser à autre chose. Juste la douleur encore et toujours. Ma vue est réduite à la douleur. Ma peur est réduite à la douleur. Ma faim, ma soif, ma vie. Tout n'est que douleur. Aucune pensée cohérente ne peut traverser mon esprit. La douleur a pris possession de mon être et elle le garde jalousement.

Depuis ce qui me semble des siècles, quelque chose d'autre que la douleur arrive à mon esprit pour la première fois. C'est une question. Une question qui semble simple, mais entourée de douleur je suis incapable de trouver la réponse. Où suis-je ?

J'ai beau me concentrer et réfléchir mon esprit reste vide. Aucune réponse n'apparaît devant mes yeux. La douleur embrume mon esprit et je suis aveugle. J'ai si mal. Même les battements de mon cœur me font mal. Respirer me fait mal, le battement de mes paupières me fait mal, le sang qui coule dans mes veines me fait mal. En somme vivre me fait mal.

Je n'ai même plus la force de pleurer, de respirer, de quoique ce soit. Tout est si flou. Ma perception du temps est nulle, celle que mon espace encore moindre. Je suis dans un brouillard impénétrable.

Je ne peux pas penser.

Je suis seule avec la douleur, elle me berce presque avec douceur. Elle me prend dans ses bras et sa chaleur m'enveloppe. Elle prend possession de mon corps, de mon âme et ne me relâche plus. Elle devient part de moi, elle devient moi.

Je ferme les yeux, mais cela ne sert à rien. Elle est en moi, elle est moi, je suis elle. Rien ne nous sépare plus et rien ne nous séparera.

Evadée - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant