Chapitre 11

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Mon père est rentré de son voyage. Au souper il me dit :

- Éva chérie, tu ne m'as jamais déçu, même si tu n'en as pas eu beaucoup l'occasion, alors je vais t'aider. Ce n'est jamais facile de kidnapper quelqu'un et de la torturer par la suite, surtout ses parents adoptifs, et pour cela je te trouve très courageuse. J'ai donc décidé de t'aider un peu, je vais t'apprendre les ficelles du métier comme l'on dit.

- Merci père, c'est très aimable à vous.

Les jours qui suivent, il semble ne rien se passer. Puis un matin, Nestor vient me chercher. Il m'emmène dans une partie du château qu'il ne me semble pas déjà avoir visité. Nous descendons au sous-sol. Nestor me fait entrer dans une grande pièce. Le plafond est très haut et la pièce est remplie de machine. Je ne sais pas à quoi elles servent, mais il me semble en avoir déjà vu dans des salles de sports, pas toutes pourtant.

Mon père sort d'un recoin et me présente un homme très bien bâti. Une large cicatrice couvre sa joue droite. Ses yeux noirs comme les ténèbres me donnent un frisson quand je les rencontre pour la première fois.

- C'est mon entraîneur personnel, dit mon père, je le mets à ta disposition parce que je t'aime. Il faut avoir une bonne condition physique pour kidnapper quelqu'un, surtout si tu dois le porter et savoir se battre est toujours utile en cas d'imprévu.

- Merci père.

Les deux semaines qui suivent, je suis un entraînement rigoureux. Je dois me lever tôt et je fais beaucoup de sport. Je prends cela comme un défi de mon père et y mets tout mon cœur. Les premiers jours sont très durs, je suis incapable de faire les exercices que me demande mon coach et je rentre chaque fois complètement courbaturée. En plus des entraînements purement physique où je soulève, pousse et tire des poids, je fais aussi des arts martiaux.

Mon coach prend appui sur les arts martiaux que je connais déjà et m'enseigne de nouvelles techniques plus radicale et mortelle. Au début, je ne comprends pas très bien pourquoi j'aurais besoin de me défendre pour ma vie en kidnappant mes parents. J'en parle à mon père au souper.

- Père, excusez- moi si ma question est bête, mais pourquoi apprendre à tuer, je ne veux pas tuer mes parents et encore moins pendant que je les kidnappe.

- Ma chérie, la survie est un art de vivre qui se pratique au quotidien. Pour le moment tu n'en vois que la surface. La partie physique, mais c'est un art complet et quand tu atteindras la perfection tu mettras en œuvre les mêmes techniques que tu vois maintenant partout dans ta vie, que cela soit au travail ou pour choisir tes amis. Tu vas apprendre à savoir en un instant si tu peux te fier à une personne ou si au contraire elle te sera nuisible et avec ton entraînement tu sauras réagir en conséquence pour pouvoir toujours répondre de manière adaptée et diplomate.

- Merci père d'avoir éclairé mes ténèbres.

Les jours suivants, je fais avec plus d'attention ce que me demande mon coach, car je comprends enfin le but derrière. Une fois que mon niveau physique semble satisfaire mon père, il demande à mon coach de passer à un entraînement mental.

Les jours qui suivent sont un véritable enfer. Chacun de mes doutes est mis sous les projecteurs puis ridiculisé. Je finis plusieurs fois par pleurer et j'en ai terriblement honte. Mon père ne commente pas mon comportement et je ne sais pas si je dois être soulagée.

Je suis à nouveau avec les trois facettes de moi-même. La guerrière semble énervée. Elle m'attaque :

- Tu pourrais faire un effort et te battre autrement que comme un chaton, sur ce point je suis d'accord avec la démone, tu es pathétique.

- Je vous l'avais bien dit, claironne la démone.

- Essayer de la comprendre, tente l'empathique, les deux filles lui disent de manière très élégante de fermer sa gueule.

- Franchement, essaie au moins de te montrer forte, que nous ne soyons pas totalement ridicules, continue la guerrière.

Je suis à bout, aujourd'hui a été particulièrement rude. Sans aucune conviction je lui dis.

- Tu n'as qu'à y aller toi, puisque tu es si parfaite.

Elles me regardent toutes les trois silencieusement. Elles semblent pensives. L'empathique finit par dire :

- Cela pourrait marcher. Oui cela pourrait fonctionner et elle aurait un peu de répit la pauvre.

- Mouais, dit la démone peut convaincue.

- Ok, alors laisse-moi ta place, déclare la guerrière.

Je me laisse porter par mon instinct et ferme les yeux.

Après cela, mes souvenirs ont une sensation bizarre comme si je voyais ma vie à travers un écran. Je vois tout ce que le coach me demande et que j'exécute avec beaucoup plus de facilité. Je vois tout ce que la guerrière fait que ce soit seule ou avec mon père ou même Aaron. Elle semble faire les choses avec une facilité déconcertante. Comme si tout problème coulait sur elle sans jamais la pénétrer. Je suis impressionnée par sa capacité à toujours se relever sans jamais se plaindre.

Mon père semble content d'elle enfin de moi. D'un côté je suis presque déçu qu'elle réussisse. Comme si j'avais tout à coup l'ombre d'une sœur qui voudrait briller à ma place. Ce qui est complètement stupide vu qu'elle est moi et que je suis elle.

Une fois la condition physique et mentale satisfaisante, mon père passe à l'étape suivante : les pratiques de torture. De cet enseignement, il s'en charge lui- même. Il nous explique tout d'abord les points importants de l'anatomie. Il existe plusieurs catégories ; ceux qui sont douloureux mais qui garde peu de marque, ceux qui sont douloureux et qui garde des marques, ceux qui garde des marques sans apporter de la douleur. Il me parle aussi de certains points du corps humain qui font des miracles ; perte de conscience, douleur extrême, etc.

Je suis fascinée et dégoûtée à la fois. Il me montre aussi les différentes armes que je peux utiliser. Ils existent une quantité d'armes impressionnante, finalement dans les mains de la bonne personne, n'importe quel objet devient une arme. Adam me parle des plus courantes, avec leurs avantages, leurs inconvénients, mais aussi leurs capacités de blessure ou bien leur facilité de manipulation.

Quand je réintègre mon corps, je me souviens de tout ce que la guerrière à fait comme si je l'avais fait moi- même. Et ce qui me semblait auparavant impossible est désormais possible. Car si je n'ai pas fait certains exercices, mon corps les a faits et ils sont encrés en moi. Quand je prends une machette pour la première fois en main, je le fais naturellement et je sais instinctivement la manier.

Mes entraînements deviennent de plus en plus léger car mon père me considère presque comme prête, ce qui me permet de passer enfin un peu de temps avec Aaron.

Cet après-midi, nous allons nous promener, il fait beau et les oiseaux chantent dans les arbres. Aaron me fait découvrir le bosquet que je n'ai pas encore eu l'occasion de visiter. Nous nous laissons guider par nos pas dans la petite forêt et je passe un moment agréable. Je me rends compte à quel point Aaron m'avait manqué et nous faisons l'amour sous un saule.

Evadée - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant