Chapitre 17

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J'ouvre péniblement les yeux. Une silhouette se dresse au-dessus de moi. La tête me tourne. Il me faut plusieurs secondes pour comprendre que je suis allongée sur le sol. Et que l'ombre me surplombe. Ma respiration est sifflante comme si je venais de courir ou de me faire frapper, pourtant je ne me souviens de rien. La lumière me brûle la rétine et je ne distingue aucune autre forme que celle au-dessus de moi.

Je ne sens rien. Je ne sens pas mon corps sur le sol. La peau nue de mon visage sur la pierre. Les vêtements sur ma peau. Je ne sens rien. Je ne sens pas mes paupières cligner. Mes doigts bouger.

Je n'entends rien. Aucun son. J'écoute. Rien. Pas le son d'une voix qui me parle. Ni le son de la lampe accrochée au plafond. Pas le son de la nature ou de la ville.

Rien.

Je me concentre sur l'ombre et petit à petit ma vue s'habitue à la luminosité. La silhouette est un homme. Ces cheveux sont courts et ses yeux caramel sont magnifiques. Ses lèvres bougent mais aucun son n'atteint mon oreille.

Mon corps semble se réveiller d'un long sommeil et lentement mes nerfs se connectent avec mon cerveau. Une information cruciale atteint très rapidement celui-ci : la douleur.

C'est le premier son que j'entends ; mon cri de douleur. J'ai si mal. Tellement mal. Je ne suis que douleur. A travers mon cri, j'entends une voix. Je me tais. Oui, il y a bien une voix qui me parle. Je tends l'oreille attentive.

- Ma belle, ne t'inquiète pas, tout sera bientôt fini. Nous arrivons à la fin du processus. Tu seras bientôt libre et nous serons à nouveau réunis. Pour cela tu dois répondre à une question toute simple. Qui est la source de ton malheur ?

La voix se tait. Je comprends que c'est à moi de parler, mais je n'ai aucune idée de ce que je dois répondre. D'une voix tremblante je finis par dire :

- Je ne sais pas, je ne sais plus.

- Tu vois que tu peux y arriver. Je vais te le dire mon amour, qui est à l'origine de ta douleur. (Sa voix est pleine de douceur et d'amour, mais qui est cet homme ?) Ce sont tes parents, je parle évidemment de tes parents adoptifs. Monsieur Black ne te ferait jamais une chose pareille. Tu veux bien répéter après moi ? Ce sont mes parents adoptifs qui sont à l'origine de ma douleur.

Je me concentre et prends une grande inspiration, je ne veux pas décevoir cette voix.

- Ce sont mes parents adoptifs qui sont à l'origine de ma douleur.

- Bravo mon amour.

L'homme s'accroupit, me prend brusquement dans ses bras, pose délicatement ses lèvres sur les miennes. Ce contact ne dure qu'une seule seconde, mais j'ai l'impression qu'il dure une heure. Une heure de bonheur et de joie intense. D'où viennent-ils ? Aucune idée. L'inconnu me tient fermement et commence à marcher. Il monte des escaliers et traverse plusieurs pièces. Il finit par entrer dans une chambre et il me déposer délicatement sur un lit. Il recouvre doucement mon corps d'un duvet. Il caresse mon visage.

- Il faut dormir maintenant ma princesse.

Mon esprit est plein de brume mais je réussi à articuler :

- Mal...

Il me regarde un instant et quitte la pièce. Il revient quelques minutes plus tard avec un verre d'eau et une pastille. Il m'aide à me redresser. Tout mon corps proteste et je suis parcourue d'un spasme de douleur. J'ai si mal. J'avale sagement la pastille. L'homme me recouche et me berce doucement comme un vieil amant. Mes yeux deviennent de plus en plus lourds, malgré la douleur et je m'endors.

Le rayon de soleil qui réchauffe mon visage me fait ouvrir les yeux. Je suis d'abord éblouie par le soleil, puis mes yeux s'habituent gentiment à la luminosité. Je suis dans une chambre simple avec un lit et un petit bureau.

Evadée - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant