Au loin, Pénélope entendit des hurlements de rage et des armes qui s'entrechoquaient. Plissant les paupières, elle tenta d'apercevoir qui étaient ces deux antagonistes encore si énergiques, qui s'affrontaient au milieu des restes humains. Les deux corps colossaux donnaient l'impression s'assister à un combat de géants. Hercules, avec ses bras aussi épais que des troncs d'arbres et couvert de sa peau de lion combattait Antiope qui était descendue de cheval. Malgré son imposante carcasse, elle était très agile et se déplaçait comme si elle ne portait rien sur le dos. Tous deux s'attaquaient inlassablement mais aucun ne semblait prendre l'avantage. Alors que tout le monde, hommes et femmes, était rompu de fatigue et de douleur, ces deux là paraissaient pouvoir se battre encore pendant des jours.
Inconsciemment, les combats s'arrêtèrent et tous vinrent assister à la rixe des deux titans qui entrerait à coup sûr dans l'histoire. Ils formèrent un cercle autour d'eux, les enfermant dans une sorte d'arène improvisée. Hommes et femmes avaient la certitude que la bataille prendrait fin à l'issue de cette ultime querelle. Alors ils regardèrent et prièrent pour que la bonne personne l'emporte.
Antiope avait un avantage : elle connaissait les exploits du héros par cœur et elle savait comment il avait l'habitude de se battre. Hercules lui, dans sa vanité, n'avait jamais jugé bon d'apprendre quoi que ce soit du peuple des Amazones, qui étaient portant des guerrières pugnaces. Mais il avait pour lui sa force légendaire.
Chaque coup porté par le fils de Zeus était arrêté par Antiope et chaque coup qu'elle tentait était également paré par son adversaire. Le combat dura des heures sans paraître pouvoir prendre fin. Et effectivement, il se poursuivit toute la nuit. La lune fut témoin de ce grand moment et baigna le Pré de l'Asphodèle de sa lumière argentée.
Ni l'un ni l'autre ni pris de repos. Ni l'un ni l'autre ne réclama à boire ou à manger. Ni l'un ni l'autre n'abandonna la lutte. Cela aurait été un déshonneur que d'avouer la moindre faiblesse. Mais tôt ou tard, il fallait bien que cela s'arrête.
Hercules fut le premier à faiblir. Bien que plus puissant, il était aussi moins endurant. Le héros était certes célèbre pour ses douze travaux, mais il n'était guère habituer à se battre d'une aurore à l'autre. La guerre n'était pas son terrain de prédilection. Antiope quant à elle, avait mené de nombreux combats et était accoutumée à la rudesse et à la longueur d'une guerre. C'est pourquoi elle parvint à épuiser le héros qui finit par se montrer moins rapide, moins réactif à chaque coup.
Elle le blessa d'un premier coup de lance dans le bras. Puis quelques minutes plus tard, d'un coup dans le flanc gauche. Comme un serpent, elle piquait juste. Mais le lion ne se laissa pas faire sans riposter. Il lui asséna un coup d'épée si puissant à l'épaule qu'une partie de son armure lui perça la peau et s'insinua sous sa clavicule. Elle hurla de douleur et d'un coup sec, elle arracha sa protection. Sa blessure saignait abondamment mais cela ne fit que décupler son envie d'en finir avec son ennemi. Elle bondit sur lui et lui fit un nouveau trou, dans le mollet cette fois. Le héros tomba brièvement à genoux avant de se relever très vite. Antiope en profita pour arracher sa cape et elle la lui lança au visage. Il fut aveuglé pendant quelques secondes et l'Amazone, passant derrière lui, tira sur la queue du lion pour priver le fils de Zeus de sa peau impénétrable. Elle la lança bien au-delà du cercle formé par le reste des combattants et combattantes et Hercules fit de même avec la cape.
Toujours aveuglé, mais par la conscience d'être en train de perdre, cette fois, il fonça droit sur Antiope qui tenta de lui donner un autre coup de lance. Il l'attrapa à temps. Elle se jeta alors sous ses jambes et comme le héros refusait de lâcher la lance, il fut entraîné par l'élan de la guerrière et propulsé au sol, sur le dos. Cette dernière se releva lestement et alla enfoncer la lance dans le cœur d'Hercules qui expira sans un mot. Elle put néanmoins lire dans son regard, la honte d'avoir été terrassé par une femme.
Les hommes autour en furent éberlués. Ils n'en revenaient pas que le grand Hercules ait pu être tué en combat singulier par une femme. Ils comprirent néanmoins rapidement que la bataille était finie, puisque même un tel héros ne pouvait plus rien pour leur défense. Ils jetèrent donc les armes et se rendirent à Antiope.
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Une saison en enfer
Ficción GeneralQui est cette femme, qui va et qui vient, qui peut sortir des Enfers sans même être vue de Cerbère, le chien à trois têtes ? A qui doit-elle rendre compte de cette mission qui l'amena loin de chez elle, loin du royaume des Morts ? Et de quelle missi...