POISON - taeten

SCÈNE 5 :

Trois jours étaient passés durant lesquels les deux jeunes hommes avaient été inséparables, planqués dans cette vieille gare que Taeyong avait rénovée.

Bien souvent ils se retrouvaient juste pour discuter, rigoler et boire un peu.
Pas autant que le premier jour.
Taeyong essayait d'éviter de fumer en présence de Ten, il avait bien compris que cela le gênait.

Pendant quelques jours, cependant, ils n'avaient pas pu se voir, obligations personnelles obligent.
Mais ils avaient continué de discuter par messages, étant chacun bien trop important pour l'autre, même s'ils ne l'admettaient pas à haute voix.

Ils n'avaient pas reparlé de l'espèce de câlin bizarre qu'ils s'étaient fait le premier soir, Taeyong mettant ça sur la forte dose d'alcool que le thaïlandais avait ingérée et Ten ne voulant tout simplement pas aborder le sujet.

Le jour où ils avaient enfin pu se retrouver, ils s'étaient dit qu'ils feraient mieux d'aller dans un autre endroit.
C'est comme ça qu'ils s'étaient retrouvés à la plage, loin de chez eux, avec toutes ces filles qui fixaient Taeyong, ce qui avait le don de rendre Ten complètement fou.

— Qu'est-ce qu'il y a, Ten-chou ? lui avait alors demandé celui aux mèches roses tout en l'attrapant par la main, geste qui surprit le noiraud sans pour autant lui déplaire.

— Comment tu m'as appelé ?

— Oh ça ? Je sais pas, j'ai fait avec l'inspiration du moment.

— C'était de la merde, évite de recommencer.

— Je peux t'appeler comment alors ? Ten par ci, Ten par là... C'est répétitif et en plus ça fait pas du tout proche.

Un léger sourire de satisfaction s'était étalé sur le visage du plus jeune. Ainsi, Taeyong souhaitait qu'ils soient proches ? Cela risquait d'être un peu compliqué mais cela en valait largement la peine.

— Chittaphon.

— Hein ? Qu'est-ce que tu me baragouines encore ?

— C'est mon prénom, avait ricané le thaïlandais. Mon vrai prénom que j'utilise quasiment plus depuis que je suis... dans le réseau de Yuta. Mais toi, je veux bien te laisser l'utiliser.

Sa main libre était venue caresser délicatement la joue de celui envers lequel il avait commencé à développer des sentiments.
Taeyong ne s'était pas dégagé et son regard avait brillé d'une lueur que le noiraud ne lui connaissait alors pas encore.

— Chittaphon Leechaiyapornkul ? C'est interminable ça... Je comprends pourquoi t'as choisi Ten comme pseudonyme.

Les deux jeunes hommes s'étaient enfin trouvé des places. Un peu à l'écart des autres personnes, ce qui leur convenait très bien.
Ils avaient déroulé leurs serviettes colorées et s'étaient installés dessus avec la grâce de deux éléphants.

— Dis toi que quand ma mère m'engueulait elle hurlait mon nom entier.

— Ouh la pauvre. C'est marrant, j'aurais pensé que t'étais le genre d'enfant modèle, bien sage.

— Moi ? Jamais.

Au fil des mots, Chittaphon tentait de se rapprocher petit à petit des bras de Taeyong, souhaitant visiblement lui faire comprendre quelque chose.
Mais apparemment, le message était trop subtil puisque le rosâtre s'était alors exclamé, tout en se relevant d'un coup :

— Viens on va se baigner !

— Mais j'ai pas pris de maillot de bain, t'avais dit qu'on ferait que parler sur la plage... avait râlé le thaïlandais, un peu déçu que son ami n'ait pas compris.

— Ouais je sais. Mais j'ai changé d'avis ! avait ri Taeyong en décochant un clin d'œil au noiraud qui avait senti ses jambes flancher devant tant de beauté.

— On... On va se baigner tout habillé ?

Question inutile puisque son acolyte avait déjà de l'eau jusqu'à la taille et qu'il ne s'était nullement déshabillé. Chittaphon avait grommelé de plus belle, visiblement pas très enthousiaste. Taeyong, lui, s'enfonçait peu à peu dans l'eau, jusqu'à s'immerger totalement. Lorsque le noiraud était finalement venu tremper le bout de ses orteils, Taeyong lui avait fait signe de s'avancer, jusqu'à lui. Mais alors que le noiraud s'approchait du beau coréen, il avait glissé sur une algue, était tombé sous l'eau et lorsqu'il avait voulu se relever, une vague avait éclaboussé son doux visage, le faisant à moitié boire la tasse.

Taeyong, mort de rire, lui avait tendu la main pour l'aider à se relever mais comme son ami n'avait pas l'air décidé à bouger, trop occupé à bouder, il l'avait tiré vers lui, d'un coup sec qui avait directement envoyé Chittaphon contre le t-shirt humide du rosâtre, ce qui n'avait pas déplut au noiraud.

Profitant de leurs positions, le thaïlandais avait enfoui son visage trempé dans le cou de Taeyong tout en enroulant ses bras autour de la nuque de se dernier.
Son souffle chaud faisait doucement frémir le coréen qui avait passé ses bras autour de la taille du noiraud, amplifiant leur contact.
Chittaphon avait souri, légèrement, avant de finalement rompre leur proximité en reculant d'un pas et en lâchant Taeyong.

Ce dernier était absolument magnifique et rendait le noiraud plus faible que jamais, avec ses cheveux qui lui collaient au front, dégoulinant d'eau et son t-shirt blanc rendu transparent et plaqué contre sa peau musclée et légèrement bronzée.
Les doigts de Chittaphon avaient d'ailleurs une furieuse envie d'aller se glisser sur les abdos bien dessinés qu'il pouvait deviner et admirer.

— Chittaphon, explique moi comment tu as réussi à me faire tomber amoureux.