Pluton's Sons - Mars

Prologue

¤ ELEANORE ¤

Je n'avais jamais vu mes parents se disputer autant. Au fur et à mesure que je grandis, les cris et les pleurs sont de plus en plus présents, tout comme les bouteilles vident au pied du fauteuil de mon père. Les rires se sont tuent, la joie a déserté notre toit pour laisser la place à la tristesse et la peur.

Au début, rien ne nous prédestinait à une telle vie. Mon père, Lieutenant de police dans notre petite ville a perdu son travail, puis s'est fait condamné à passer trois ans en prison pour le meurtre de plusieurs de ses collègues. Il s'est fait coincé au bout de dix ans de méfait. Un pourri à la solde de la mafia Irlandaise de notre petite ville d'Asheville en Caroline du Nord, voilà ce qu'il est devenu.

A sa sortie de prison, il n'a pas retrouvé de travail et s'est porté sur la bouteille. Il n'a plus jamais été comme avant. D'habitude enjoué, il est devenu renfermer sur lui-même, n'a plus jamais sourit. Quand j'ai voulu savoir pourquoi il avait fait toutes ces choses, je n'ai reçu qu'une gifle en guise de réponse. Je sais que ma mère est restée et à supporter mon paternelle pour moi. Je ne la remercierais jamais assez. Elle a subi les coups de mon père, ses remarques acerbes, sa mauvaise humeur, j'en passe et des meilleurs. Il m'est déjà arrivé de trouver ma mère inconsciente, après avoir été rouée de coups, ou affamé dans la cave.

Mais voilà aujourd'hui j'ai dix-huit ans et mes parents ont divorcé. Je n'arrive plus à regarder mon père s'en prendre à ma mère, nous avons donc pris une décision, et pas des moindre. Je pars avec ma mère loin de cette ville et de tous les mauvais souvenirs que j'ai à cause de mon père et de sa réputation. En effet, tous mes amis – non pas que j'en ai beaucoup – m'ont tournés le dos sans hésitations. Je ne peux plus sortir de chez moi sans entendre les moqueries des gens.

Je ferme donc ma valise et descends rejoindre ma mère dehors. Elle est en train de mettre ses dernières affaires dans le coffre, mon père sous le perron nous regarde faire. J'espère voir dans ses yeux une lueur de regret ou de tristesse, mais je ne vois que du vide. C'est comme si plus rien ne l'affectais. Depuis des années, notre relation est passée de fusionnelle à inexistante, c'est pourquoi je ne peux m'empêcher de rire quand il me demande de rester avec lui et de ne pas partir

- Tu rigoles papa, lui dis-je. Pourquoi je resterais ici ? Pour te ramener une autre bouteille ? Te servir à passer tes nerfs quand tu as trop bu ? Ou servir les connards qui m'ont persécuté par ta faute ? Non merci, je préfère recommencer avec maman, au moins à Sedona personne ne nous connait, personne ne te connaît !

- Tu prendras de mes nouvelles au moins ? me demande-t-il avec un semblant de tristesse dans la voix.

- Oui papa. Je t'appellerais.

Je sais que je ne suis pas convaincante mais je ne peux pas faire mieux. Il va m'en falloir du temps avant de pouvoir passer au-dessus de ces actes. Je sais que je ne pourrais jamais lui pardonner mais... il reste mon père. Je lui fais un signe de la main et pars rejoindre ma mère qui m'attends au volant de son Audi R8. Nous voilà partis pour deux jours de route, en comptant les pauses bien sûr. Jamais je n'avais passé autant de temps sur la route avec elle, mais je compte bien profiter autant que possible.

Une nouvelle vie m'attend. Je vais aller à l'Université située à Tucson, pour suivre des études d'Histoire, spécialisé dans la mythologie Romaine. Je vais avoir ma chambre sur le campus et enfin pouvoir être indépendante.

A nous deux Arizona ! Me voilà !