Chapitre 9 : L'étranger

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Lyz ouvre les yeux sur un plafond noir. Elle regarde tout autour d'elle et comprend que la nuit est tombée depuis bien longtemps. Elle pousse la couverture a ses pieds et essaye tant bien que mal de se lever.

A-t-elle vraiment dormi toute la journée ?

Il faut croire. La pièce plongée dans l'ombre ne paraît pas accueillante mais au moins, cela veut dire qu'elle sera tranquille pour un moment...

—Ronflnss.

La princesse se tourne en sursaut et aperçoit l'homme qui prétend l'avoir trouvé, appuyer contre un mur, en train de dormir profondément. Il ronfle la bouche ouverte et son pauvre corps sans aucune couette ou cousin, sa tête penche sur sa gauche, se laisse tout doucement tomber vers le sol. Lyz se lève sur la pointe des pieds en évitant de tomber comme un sac de sel et dépose sa couette sur lui. A l'instant même ou le gros tissu rentre en contact avec son corps tiède un bruit de satisfaction sort de sa bouche.

—Adorable... chuchote-t-elle en s'éloignant.

Quand elle ouvre la porte, un vent froid mais très léger vient se glisser sur ses chevilles, juste en dessous de sa robe de chambre.

Le ciel est complètement vierge, aucun nuage à l'horizon pour venir cacher les étoiles.

Après quelques secondes d'hésitation, elle décide d'aller marcher, dans les couloirs couverts du palais secondaire. Le paysage de nuit qui défile à la vitesse de ses pas lui semble majestueux, presque trop beau pour croire qu'elle fait bien partie de ce monde elle aussi. Lyz s'émerveille et glisse plusieurs fois les yeux sur les grands jardins jusqu'à ce qu'elle aperçoive une ombre assise dans son paysage parfait.

Là, sur un gros rocher, un homme d'une carrure imposante et à l'air triste, regarde les étoiles les yeux tournés vers le ciel.

La jeune femme s'arrête près de la barrière en bois qui s'épare le jardin des couloirs et zieute cette ombre immobile. Il pourrait très bien s'être endormi lui aussi, ou se pourrait-être un jardinier qui vient se ressourcer dans ses plantes. Une main se lève dans le ciel. Ses doigts s'ouvrent pour laisser place à une main tendue et se déplacent gracieusement telle une caresse dans le bleu sombre qui lui fait face.

—Vous croyez que les morts nous regardent là où ils sont ? demande la personne qui est seulement à quelques mètres d'elle.

Lyz est prise la main dans le sac, surprise, alors qu'elle pensait n'avoir fait presque aucun bruit, l'homme lui parle comme si il l'avait entendu venir depuis qu'elle avait passé la porte de sa chambre.

—Je ne sais pas... je... Je suppose qu'il font tout leurs possible pour nous guider et veiller sur nous.

La silhouette assise sur le rocher ramène son poing vers elle et l'observe avant de soupirer et de ré-ouvrir sa main.

—Avant qu'elle ne parte, ma mère me disait que lorsqu'un proche meurt, il ne rejoint ni le ciel ni ceux qui nous ont quitté auparavant. On est juste un corps vide et sans vie. La vie s'arrête pour eux alors qu'elle continue pour les autres. Sa voix est lente et faible, comme si il sifflait un secret inavouable dans le creux de ses oreilles.

Lyz croise ses bras sur le bois et pose sa tête dessus en fixant les étoiles à son tour.

Je suis sûr qu'elle pense toujours à vous. Peu importe où elle est. Que se soit dans le ciel ou six pieds sous terre, la mort n'arrête pas l'amour ni l'esprit. Dit-elle en soupirant.

La silhouette qu'elle devine être un homme se lève et vient vers la rejoindre.

—Je suis Felix.Il pose une main sur son cœur et s'incline poliment. Et vous vous devriez être en train de vous reposer à cette heure là princesse.

Alors qu'il semblait triste il y a à peine cinq secondes, ses yeux menaçant sont maintenant ancrés dans les siens et la fixent comme s' ils allaient la dévorer, ou la gronder elle ne savait pas vraiment encore.

—Tout le palais, voir même le pays entier, sait que vous avez été malade. Et au lieu de vous reposer, vous êtes en train de vous promener en plein milieu de la nuit en robe de chambre.

Lyz à l'impression de parler a Sihk... Il a la même manière de la faire culpabiliser depuis qu'elle est petite. Les devoirs de princesse par-ci, les obligations de la famille royale par-là...

—Vous ressemblez à un vieux que je connais. Dit-elle en se moquant de l'inconnu.

—Et vous à une gamine inconsciente. Répond-t-il en se frottant les tempes.

Il saute par-dessus la rambarde alors que celle- ci fait bien plus que la moitié de sa taille.

Je vous ramène dans vos quartiers. Décidément les gardes ne savent plus faire leur travail...

—Je ne suis pas une petite fille ! Se plaint-elle en se dégageant de sa prise.

Pour qui se prend-t-il !

—Voyez vous ça. Dit-il d'un ton grave alors que la faible lumière des torches sur le chemin éclaire faiblement et laisse apercevoir qu'un sourire en coin se dessine sur son visage. Vous n'êtes qu'une femme. Je pourrais vous faire ce que je veux, personne ne s'en apercevrait.

—Je n'ai pas peur de vous. Rétorque-t-elle en tremblant.

—Ne connaissez vous donc rien sur l'héritier de Daejong ? Savez-vous au moins à qui vous parlez ? J'ai pourtant l'honneur d'être crains jusqu'à votre cours il paraît.

—Je ne sais qui vous êtes, ni si vous allez me faire du mal mais sachez que si je crie on vous pendra rien qu'à mon bon vouloir.

Lyz essaie de se défendre du mieux qu'elle peut alors qu'elle tremble et qu'il approche sa main de son visage.

—Il suffit que je ne vous laisse pas cette possibilité. Conclu-t-il dans un sourire carnassier.

🐉Nine Dragons🐉 TERMINEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant