Chapitre 19

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Lucie

« Vous avez un nouveau message. Message reçu aujourd'hui à 12h47 du numéro 07.43.30.XX.XX... »
Je retiens ma respiration. Greg me scrute, l'air anxieux. J'ai le cœur qui me remonte dans la gorge.
«  Coucou Lucie, c'est Tristan, c'est la première fois que j'entends sa voix au téléphone et elle paraît encore plus grave, et aussi hésitante, euh, désolé pour ce matin, j'avais un truc à faire, ouais te barrer !, j'aurai dû te laisser un mot, pardon. C'est Greg qui m'a donné ton numéro comme ça maintenant tu as le mien. J'ai adoré passer la nuit avec toi et j'ai vraiment hâte de recommencer. À très vite, je t'embrasse... Fin de vos nouveaux messages. Menu principal... »
Je raccroche un sourire aux lèvres. Greg m'imite, il a l'air soulagé.
- Alors ?! S'impatiente-t-il.

Je souris de plus belle en repensant à ses mots,  « j'ai adoré », « je t'embrasse » et surtout « à très vite ». Il veut me revoir ! Ouiiii crie ma petite voix toute contente. Il ne m'a pas « utilisée », il devait vraiment avoir un truc à faire d'urgent.
- Ohé, la Terre appelle la Lune ! Crie Greg en passant ses mains devant mes yeux.
- Ça va... mieux.
- Quoi ça va mieux ? Tu peux maintenant m'expliquer c'est quoi ce binz ?! Me dit-il en faisant de larges gestes autour de lui pour me montrer le cataclysme qui nous entoure.
- C'est que... j'ai cru que..
- Putain Lucie on se dit toujours tout. Pas de secrets entre nous et tu sais que je ne te jugerai pas ! Raconte-moi.
- C'est pas évident, c'est ton pote aussi...
- T'es plus importante que n'importe qui Lucie, et pour moi tu passeras toujours en premier.
- Je sais, merci Greg, je lui saute au cou pour lui faire un câlin. Merci d'être revenu dans ma vie.
- Arrête ça, je vais chialer, se moque-t-il, mais je sais que lui aussi est heureux d'en faire à nouveau parti. Alors faut que je te tire les vers du nez ???
- Hier on est allé chez moi et... ben... une chose en amenant une autre... tu vois quoi, dis-je gênée.
- Ouais, passe-moi les détails je t'en prie, fait-il une mine horrifiée.
- Bref, tu me connais, ça ne me ressemble pas de céder aussi vite.
- Depuis qu'on s'est retrouvés je ne t'ai jamais vu avec personne alors dire que ça ne te ressemble pas est un euphémisme. T'es mère Theresa ! Se moque-t-il.
- C'est pas de ma faute. J'ai tellement peur de retomber sur un connard que je les évite tous.
- Mais pas Tristan... continue-t-il.
- Donc j'ai « cédé » et c'était... je rougis en y repensant, c'était « formidable », dis-je en mimant les guillemets.
- Formidable?? C'est quoi ce mot ? Rigole-t-il.
- Arrête, j'essaie de pas te choquer avec des détails, dis-je en mode pivoine, c'est pas évident hein?! Et arrête de m'interrompre sinon je ne te raconte plus rien !
- OK j'me la ferme, vas-y.
- Donc c'était « formidable », dis-je en rigolant en voyant Greg serrer les lèvres pour ne pas exploser de rire. Et je pensais que lui aussi avait trouvé ça... je le menace en levant l'index...  « formidable ».
     Il explose de rire.
- Putain Greg t'es chiant !
Et j'explose à mon tour, les larmes aux yeux. Ce que ça fait du bien de rire avec tant d’insouciance. Grégoire est mon remède préféré. On a un fou rire incontrôlable. Ma voix monte dans les octaves quand j'essaie de reprendre.
- J'en étais où ?
- À « formidable »... pouffe-t-il.

C'en est trop, j'ai mal au ventre tellement je rigole, mes larmes coulent à flots . Je crois que c'est aussi toute la tension des dernières heures qui ressort en même temps. Il nous faut bien dix bonnes minutes pour qu'on arrive enfin à retrouver un peu de sérieux.
- Allé je termine, fff, soufflé-je pour me redonner un peu de contenance, c'est quand même sérieux cette histoire, non mais. On s'est endormi après...
- Ce moment « formidable ?! Ricane-t-il encore.
- Non mais t'as pas bientôt fini de m'embêter, le grondé-je. Alors oui après ce moment  « là ». Sauf que quand je me suis réveillée, il n'était plus là !
- Il t'a quand même laissé un mot, non ?
- Non, même pas, rien ! Il a pris ses affaires et il s'est cassé ! Je me suis sentie si humiliée, tu peux pas savoir Greg. Ça a été horrible. J'en revenais pas. Cinq putains d'années que je me protège et quand je décide de baisser ma garde je me fais utiliser comme du PQ.
- Hum, se racle-t-il la gorge. Et il te dit quoi alors dans son message ? Me demande-t-il maintenant d'un air sérieux.
- Qu'il s'excuse et qu'il regrette d'être parti sans prévenir, et aussi qu'il veut me revoir. Toi qui le connais, t'en penses quoi ?

Il se passe les mains dans les cheveux, tire dessus, signe qu'il réfléchit. J'attends patiemment son verdict.
- Écoute, je voudrai pas encore me planter. Honnêtement, Tristan aimait sortir avec beaucoup de femmes, vraiment beaucoup, quand nous étions plus jeunes. Mais il m'a dit qu'il s'était calmé. Je l'avais prévenu qu'il avait intérêt à ne pas faire n'importe quoi avec toi s'il ne voulait pas que je lui en colle une, oh !. C'est parce qu'il m'avait promis qu'il serait un vrai « gentleman » avec toi que je te l'ai présenté. Apparemment ça n'a pas été le cas ce matin. Certes, il t'a appelée pour s'excuser, mais il faut que je te dise qu'avant de lui donner ton numéro, je lui ai promis de lui refaire le portrait s'il ne t'appelait pas pour arranger la situation.
- O..K...alors tu penses qu'il s'est senti... obligé ? Voilà j'ai à nouveau envie de pleurer.
- Je ne sais pas, mais ne t'emballes pas tout de suite. Laisse le mijoter un peu et pendant ce temps je vais essayer de voir de mon côté s'il est vraiment sincère avec toi. Ça te va ?
- OK !
- Bon, et comme je te connais si bien, là faut que j'aille le voir tout de suite hein ?! Se moque-t-il en me faisant un clin d’œil.
Je rougis et acquiesce d'un hochement de tête.
- Allé ma belle, je te tiens au courant.
Il m'embrasse le dessus de la tête dans un geste fraternel.
- Grégoire...
- Quoi ?
- Merci d'être mon ami...
Il me refait un clin d’œil.
- À plus !
- À plus !

Je n'ai plus qu'à être patiente et je serai fixée. J'espère vraiment qu'il pensait tout ce qu'il a dit dans son message. C'est obligé, il le faut ! On ne s'est vu que trois fois mais j'ai l'impression que ma vie ne peut plus continuer sans lui. J'ai cette sensation de vide au fond de moi depuis ce matin, c'est insupportable.
Il faut me l'avouer, j'ai eu le coup de foudre au premier regard. Même si j'ai feint l'ignorance devant lui, je crevais déjà d'envie de ne serait-ce que le frôler.
Notre premier baiser l'a confirmé, ce qui m'a terrorisée . À ce moment là j'ai compris que ce n'était pas que de l'attirance physique mais déjà un sentiment bien plus profond. Oui j'avais envie de sentir son corps contre le mien, mais je rêvais aussi de l'entendre me dire des mots doux, des « je t'aime », qu'il me prenne dans ses bras ou juste la main.
Et après cette nuit torride, l'entendre prononcer mon prénom de sa voix sensuelle, me dire que je le rendais fou, j'y ai cru ! Merde, je suis amoureuse de lui à en crever. Un vrai cœur d'artichaut cette Lucie, hein ?! Mais bon, on se refait pas...

Acid Love ( Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant