Chapitre CINQ : June

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Je me dirige vers ma salle de cours : français.

C'est ma matière préférée et pour vous dire, c'est peut-être la seule matière dont Rayan n'excelle pas.

J'adore lire, écrire. J'ai souvent de très bonnes notes pour les rédactions, Lu n'en revient pas à quelle vitesse j'écris et avec quelle concentration et détermination. Rédiger en classe me donne un objectif, ça donne plus d'intérêt que d'écrire seule à la maison. Rien que deux heures consacrer à écrire pour avoir une bonne note au final, c'est le Paradis. Enfin mon Paradis.

Il m'a déjà observé car lui manque terriblement d'inspiration, comme la plupart de la classe pour ne pas dire toute la classe, et il m'a avoué que son regard c'était posé sur moi, apparemment j'étais concentrée mais pas comme d'habitude, j'étais vraiment plongée dedans. Il voyait mes yeux avancer à la même vitesse que ma main en train d'écrire : c'était, selon c'est mots exacts, magique et tout à fait impressionnant.

Je ne me trouve pas impressionnante ni talentueuse, je ne considère pas ça comme un don. Je trouve ça, totalement naturelle, et je ne comprends pas pourquoi les autres ne font pas comme moi, enfin je veux dire, n'arrive pas à faire comme moi.

- Tu viens, je t'accompagne. Me glisse une voix mélodieuse et remplit de gentillesse.

Je me retourne et vois Sanzcha poser sa main sur mon épaule.

J'ai toujours apprécié cette fille, et admiré sa patience et sa douceur mais il faut avouer que je ne lui ai jamais vraiment parlé et que je ne la considère pas vraiment comme une amie mais plutôt une connaissance.

- Hum, OK. Lui dis-je.

Nous avançons sans parler, sa présence m'intimide et je ne sais pas par quoi commencer, par quoi lui dire pour entamer la conversation. De toute manière, nous sommes bientôt arrivées en salle de classe.

Depuis que Rayan m'a quitté, il y a environ 2 semaines, deux jours et 15h, je revis, je suis plus libre et plus de filles m'entourent.

Cela me fait du bien ça change de tous ces garçons qui cherchent à faire leur coq auprès de toutes les filles potables. Pas moi. Oui, je ne comprends pas comment Rayan a pu m'aimait, s'il la vraiment fait car je ne suis pas comme toutes ces filles désirables. Je suis sans beauté particulière. Je suis moi mais "moi" n'est pas extraordinaire plutôt banal et sans intérêt. En tout cas : à mon goût.

- Bon alors comme ça tu ne lui parles plus ? Me surprend-elle.

Voilà un des sujets que je ne voulais sans doute pas aborder, surtout avec une "inconnue".

- Eh bien c'est plutôt compliqué...

- Il faut que tu saches que je suis de ton côté, je ne le comprends pas, je suis timide comme tu as pu le constatait et donc j'observe beaucoup et je le vois. Je vois comment il agit avec Aréna, ce n'est pas sincère et cela te fait du mal. Le mal d'Aréna viendra par la suite mais pour l'instant ça te touche, toi...

Je ne sais pas quoi répondre à ça. Peut-être que je n'ai pas envie de répondre tout simplement, de gaspiller ma salive dans une conversation que je n'ai pas envie de continuer.

Mais je prends la peine d'ouvrir la bouche pour ne pas la laisser dans la solitude et le silence, celui qui attend une réponse.

- Ok, merci...

Plutôt fade comme conversation mais ça me fait du bien que quelqu'un me soutienne.

J'entre dans la classe nous sommes les deux premières et nous nous installons à nos places respectives, puis les autres arrivent un à un.

Ce matin je n'ai eu le temps de dire bonjour à personne.

- Salut ! Tu vas bien ? demandé-je à Lu.

- Heu ouais, mais tu feras attention la prochaine fois, tu as une tache sur ta manche. Regarde !

Je détourne le regard sur l'endroit qu'il m'indique.

- Pistache, ta grand-mère a des moustaches !

Notre petit jeu habituel, la journée a à peine commencé, qu'il a déjà un point. Il est plutôt fort mais je le bas tout le temps, enfin presque pensé-je, amusée.

- Bonjour tout le monde ! Nous annonce madame Blanchard.

Le cours a débuté, je regarde fixement Rayan qui est dans ma diagonale, il regarde le tableau, un peu comme déstabilisé, voulant suivre le cours et ne pas en perdre une miette, peut être voulant rattraper sa moyenne de 14 en français qu'il considère beaucoup trop faible.

Lorsque nous étions en couple nous faisions comme un combat : nous voulions battre l'autre par les meilleures notes.

Sachant qu'il me faisait souvent la tête lorsque je le battais, j'avais lâché prise, ne révisant plus et le laissant prendre de la marge sur sa moyenne, à sa plus grande joie.

- June ! Peux-tu nous lire la question s'il te plaît ? Me questionne madame Blanchard.

Mince, je rêvais et je n'ai même pas écouté.

- Heu, hé bien, oui, bien-sûr... Essaie-je de rattraper en cherchant les questions sur ma feuille.

- Questions trois. Me souffle Lu.

- Ha ! J'avais perdu le fil, question 3 : Qu'arrive-t-il à Pauline lorsqu'elle rencontre Guillaume dans les bois ? Dis-je en mimant l'étourderie.

- Et peux-tu répondre à cette question June ?

- Oui ! Enfin non, j'ai oublié ma réponse madame ... Répondais-je à madame Blanchard.

- Il va falloir vous remettre dans le droit chemin mademoiselle !

J'ai été étourdie et je ne le serais plus jamais, désormais j'aurais une meilleure moyenne que Rayan ! Je le battrai à plate couture et il pourra toujours venir pleurer, je ne lui donnerai pas de mouchoir.

Narcissia { Tome 1 }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant