Comme tous les élèves, je devrais faire la grasse mat' ce matin.
C'est le week-end mais je n'arrive pas à dormir, j'habite trop près de June donc depuis une semaine : je ne dors pas.
Je décide de tout de même sortir de mon lit et j'enfile des vêtements chauds.
J'ai envie de prendre l'air, sortir, me changer les idées même si mes idées vont parfaitement bien.
J'attends juste que ma mère revienne de son voyage, pour l'instant je vis tout seul, c'est quartier libre.
Lorsque je franchis la porte, une bourrasque de vent me gifle le visage. Il neige et à peine sortis : je claque déjà des dents.
Je décide de partir vers le petit lac, pour m'assoir et peut être prendre des photos. Alors je prends un sac et glisse mon appareil dedans. Ma mère affiche mes photographies comme des trophées tout le long des murs pourtant elles ne sont vraiment pas exceptionnelles.
Ma mère aurait du arriver en même temps que moi et elle m'a toujours dit de ne pas rester une semaine seul dans la même ville, je risque d'être repéré.
Lundi je partirais si elle ne revient toujours pas. J'espère en avoir la force, car si je pars, plus jamais je ne la retrouverai. Et je ne sais même pas où vit mon père, je ne le connais pas. Il n'a pas supporté de ce que ma mère est capable de faire.
Arrivé au bout de la rue, je vois quelqu'un qui est déjà assis sur le banc. Je n'aime pas la compagnie et je me tente à faire demi-tour mais j'avance de quelque pas encore pour voir à qui j'ai à faire.
June.
Elle est assise les bras entre-lancés, elle renifle fortement, sûrement à cause d'un bon vieux rhume.
Je ne vais pas retourner sur mes pas, je vais aller m'assoir à côté d'elle. Après tout, c'est la seule amie que j'ai.
Lorsque je m'approche de plus près, je vois des larmes couler les longs de ses joues. Elle pleure et a l'air vraiment déprimée. Je ne l'avais jamais vu dans cet état.
- Hey, ne pleure pas. Qu'est-ce qui ne va pas ? Le demandai-je.
Elle détourna aussitôt le regard me tournant le dos.
- June, C'est moi. Ça te fera du bien de parler.
- Laisse-moi ! Je sais que tu me déteste, comme tous les autres !
- Mais qu'est-ce que tu racontes ? Je ne comprends pas... Raconte-moi, ça te soulagera.
Elle me regarde les yeux désespérés et avant de poser sa tête contre mon épaule : essuie ses larmes et renifle un bon coup.
- Je me sens terriblement seule, depuis un mois je me force à sourire, être heureuse, communiquer. Je me sentais bien avec Ambre et Adèle, je les aime beaucoup ainsi que Lu mais je ne sais pas j'ai l'impression qu'ils me zappent, peut-être n'en font-ils pas exprès mais j'ai vraiment besoin de me rattacher à des gens que j'aime. Mis à part toi, je n'ai personne à qui parler. J'ai envie de parler, qu'ils remarquent que je vais mal et qu'ils me posent juste une petite question du style : ça va ? Mais rien, elles ne me regardent pas, ne me parlent pas. Alors j'ai mal et quelques larmes coulent le long de mes joues mais elles ne remarquent rien et c'est ça qui fait encore plus mal. J'ai juste besoin que l'on s'intéresse un peu à moi, que l'on rigole avec moi. Même un petit sourire me ferait plaisirs. Et je ne peux même pas le partager avec mes parents qui ont autre chose à faire que s'occuper de leur fille. Pour te dire, je suis inutile, nulle, soulante, je suis une pleurnicheuse qui ne trouve pas sa place. Je ne veux plus aller au collège mais je me force et ça fait mal de voir à quel point on essaie d'aider les autres lorsqu'ils vont mal et à quel point ils ne s'occupent pas de vous quand cela arrive.
Elle renifle encore une fois, sans cesser de reprendre sa respiration saccadée, je ne sais pas quoi répondre. Alors j'ajoute :
- Je suis là, moi, et regarde, je t'écoute, ne t'inquiète pas June, je t'aime bien et tu n'es pas soulante ni tous les autres trucs archi-faux que tu viens de te traiter !
- Tu dis ça seulement pour me remonter le moral... Ajoute-t-elle.
- Bon écoute, Lundi je dois partir, je ne peux pas rester dans cette ville, si ça ne va vraiment pas. Je te propose de venir avec moi découvrir l'inconnu. Tu te sentiras vivre... Du moins ça changera et tu ne te sentiras plus seule vu que je serais toujours avec toi.
- Je ne peux pas partir comme ça ! Ça ne va pas ! Et mes amies, ma famille ? Je les aime malgré tout, et ma tristesse passera.
- Tu vois, tu tiens à eux alors arrête de pleurer et dit leur ce que tu as sur le cœur.
- Je ne peux pas, je suis l'intruse du groupe, la tâche, je ne suis plus rien.
June se remet à pleurer de plus belle, dans le froid glacial de l'hiver. Et nous restons là, avec son immense tristesse que personne ne veut entendre... A part moi.
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Narcissia { Tome 1 }
Teen Fiction"Qu'arrive-t-il quand l'amour ne veut plus de vous ?" Mon nom est June Avner , j'ai 15 ans et mon cœur est lourd comme de la pierre . Le besoin de comprendre est plus fort que tout à ce moment précis . Alors Pourquoi ? Pourquoi ne m'aimes-tu pas ? J...