Chapitre 4

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Kageyama devait reconnaître une chose, le plan de Fukuro pour renforcer les liens de l'équipe avait été fructueux, et l'ambiance, quoique toujours sérieuse, commençait à devenir complice sur le terrain.

Quelques jours étaient passés depuis la soirée au bar quand, en plein milieu d'une session de service, Nicolas se dirigea vers Tobio et lui passa négligemment un bras autour des épaules –et Kageyama s'immobilisa aussitôt, inaccoutumé à ce genre de contact aussi direct, et en même temps fasciné par leur proximité.

-Tobio, I've been watching you for some time, déclara Romero. Your serves are really good, but you I think you can make them more powerful.

En dépit de sa nature orgueilleuse, Kageyama n'était jamais contre un conseil et il prenait toutes les occasions de progresser ; d'autant plus quand il pouvait les recevoir d'un joueur de classe mondiale.

-Look, try to do more like this and...

Tobio le regarda avec attention, puis tâcha de répéter les gestes –du détail, une simple question de trajectoire, mais c'était ce qui pouvait faire toute la différence. Il s'y essaya plusieurs fois, puis finalement réussit, notant l'amélioration avec plaisir –plaisir partagé par Nicolas, qui la gratifia aussitôt d'un high-five :

-Well done ! You're a quick learner.

Tobio s'autorisa à sourire légèrement, tout heureux d'avoir acquis une nouvelle technique et un compliment en prime. Cette euphorie le poursuivit jusqu'au soir et jusqu'au lendemain midi, le jour où il mangeait habituellement avec Tsukishima. Ils étaient devenus proches tout au long du lycée, et le fait que Kei continue à jouer au volley, et professionnellement qui plus est, avait achevé de le fixer dans l'estime de Kageyama ; ils n'avaient pas de mal à discuter de tout et de rien, des années Karasuno aussi bien que de leurs équipes respectives.

-Koganegawa parle tout le temps de toi, faisait remarquer Tsukishima. Il t'idolâtre. Je dois lui rappeler à tous les entraînements qu'il devrait se trouver heureux de ne pas avoir ton sale caractère.

-Va te faire foutre, répondit négligemment Tobio en portant son verre à ses lèvres. De mon côté, j'ai amélioré mon service.

-Il avait vraiment besoin d'être amélioré ?

-Romero-san m'a aidé.

Les sourcils de Tsukishima s'arquèrent par-dessus ses lunettes :

-Le Romero-san ? T'as de la chance. Pour un champion international, il a quand même carrément moins la grosse tête que le grand roi. Lui n'a jamais voulu t'apprendre, non ?

Oikawa. Encore et toujours. Facétie du lien, une fois de plus, de lui rappeler que son âme sœur était toujours là, toujours présente, toujours unie à lui en dépit de leurs vies radicalement différentes ? Il tâcha de ne pas en paraître affecté et répondit, feignant l'indifférence :

-Ouais. Ça a toujours été un connard égoïste.

-Pas faux, marmonna Tsukishima. Après tout, tu lui ressembles.

Tobio se demanda s'il se doutait de quelque chose. Tsukishima était quelqu'un avec un sens aigu de l'observation, peut-être comprenait-il que ces mots allaient bien plus loin qu'un simple refus d'apprendre un geste technique à un cadet. Mais il ne le mentionna pas, et Tobio lui en fut reconnaissant.

Les semaines suivantes s'écoulèrent paisiblement. Le lien était plutôt tranquille grâce à la distance entre ses deux racines, et Tobio pouvait donc se concentrer pleinement sur le volley –l'entraînement portait ses fruits, il progressait, gagnait la confiance de ses coéquipiers, prenait du plaisir à jouer et tout se passait bien. En fait, il n'y avait qu'une chose qui commençait à le tracasser.

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