Chapitre 9

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Le trajet vers l'hôpital ne prit qu'une dizaine de minutes, mais elles furent amplement suffisantes à Hinata pour résumer la situation.

Il ne voulait pas se taire, et Tobio savait que c'était sa façon à lui d'évacuer le stress de la journée. Lui était assis, et les ambulanciers étaient en train de nettoyer ses blessures aux poignets.

-Ushijima a téléphoné à la police en rentrant, et à Nico immédiatement après. Il croyait que c'était ton âme sœur.

Si seulement, songea Tobio, grimaçant légèrement quand le désinfectant piqua ses plaies. Il ne savait toujours pas quoi penser du retour d'Oikawa. Trop de choses se mélangeaient.

-Ils m'ont appelé juste après. Pour me dire que tu avais disparu, que c'était probablement criminel, et qu'ils avaient besoin de savoir qui était ton âme sœur. Qu'est-ce que je pouvais faire d'autre que leur dire ? Et te remercier intérieurement de me l'avoir avoué, même si les cocktails de Tsum n'y étaient pas pour rien ? J'étais chez moi à Tokyo, j'ai tout de suite filé vers Sendai.

Kageyama sourit faiblement.

-Je suis arrivé à midi. Il y avait déjà ta sœur, Ushijima et Nico, deux policiers et un spécialiste qui aidait Oikawa à communiquer à travers le lien. Ils avaient déjà fait deux tentatives. J'étais là pour les suivantes et c'était super impressionnant. Tu les as bien supportées, toi ? Ça avait l'air violent comme truc. Pas du tout comme le lien normal.

-Bof, murmura Kageyama.

Les incursions d'Oikawa dans sa tête l'avaient épuisé, c'était sûr. Peut-être même avaient-elles été plus éprouvantes que la détention elle-même. Le lien ne cessait pas de le tirailler, toujours enfoui dans sa poitrine, palpitant au rythme de son âme sœur.

-Oikawa s'est donné à fond, poursuivit Hinata. Il voulait vraiment te retrouver. Il s'est même mis à engueuler le spécialiste pour en faire plus –et pourtant ça ressemblait pas à des parties de plaisir.

Tobio baissa les yeux. Malgré son état, il sentait une joie feinte le parcourir, le ranimer en se disant qu'Oikawa avait fait ça pour lui, avait fait des efforts pour le sauver, avait dépassé ses limites pour venir à son secours –mais il la refusa, secouant légèrement la tête pour se recentrer sur la réalité des choses.

-C'était pour l'enquête. J'aurais fait pareil. J'aurais pas voulu avoir une mort sur la conscience.

-C'était pas que pour l'enquête, trancha Hinata. Il y a plus. Vous êtes liés depuis trop longtemps.

-Ouais, répliqua Tobio d'un air vexé. Je suis au courant.

-Je sais que ça te saoule, tempéra Hinata. Mais sans le lien, je ne sais pas où tu serais en ce moment.

Kageyama espéra que le silence se rétablisse, mais c'était sans compter sur Shouyou.

-Tu sais, il tient à toi.

Ce fut un nouveau coup au cœur. Tobio, je suis là, je suis avec toi, fais-moi confiance. Les mots résonnaient encore dans sa tête, abstraits mais puissants, ne voulaient pas quitter son esprit. Pourquoi ? Pourquoi Oikawa était-il revenu ? Pourquoi l'avait-il aidé ? Etait-il sincère ?

-Laisse tomber, Hinata, rétorqua-t-il d'un air amer. Je le connais. Tu crois que tu vas comprendre Oikawa-san parce que t'as joué au beach avec lui une aprem ? Ça fait six ans que je suis dans sa tête. Et il tient tellement à moi qu'il n'a jamais voulu parler de notre relation.

-Ah ouais ? répondit Hinata un peu froissé. Parce que figure-toi qu'il m'a parlé de votre relation, à moi.

Kageyama serra les dents. Il se doutait bien qu'ils avaient dû parler, s'ils avaient passé toute la journée chez Oikawa. Peut-être même que Nico avait discuté avec lui. Et de quoi ? Ne pas savoir le rongeait. Il avait bien senti qu'Oikawa en avait vu de toutes les couleurs aujourd'hui, mais ça ne l'aidait pas à savoir ce qui s'était dit.

RéflexionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant