Le stade était en ébullition. Après deux tentatives soldées par une seconde place, le Brésil venait de décrocher l'or en volley-ball.
Tout le monde s'était levé pour une standing ovation. Le public affluait vers les barrières tandis que les managers, coachs et remplaçants de l'équipe brésilienne s'étaient précipités sur le terrain pour célébrer ; les gens et les commentateurs criaient, la musique rugissait, l'ambiance était absolument folle.
Tobio était resté sur son siège, les doigts crispés sur son foulard, la bouche légèrement entrouverte. Les spectateurs qui l'entouraient lui cachaient le terrain et ses joueurs, mais le match était fini et de toute façon, ce n'était pas comme s'il l'avait vraiment regardé.
Les choses faisaient lentement sens tandis qu'il se faisait bousculer de tous côtés et qu'on lui hurlait dans les oreilles. Son intuition d'avoir des sentiments pour Nicolas, de vrais sentiments, des sentiments romantiques, se confirmait par toute une foule d'éléments concrets tandis qu'il se repassait leurs dernières interactions. Poser enfin un nom sur ce qu'il ressentait lui procurait une sensation étrange et délicieuse à la fois.
Il se leva, machinalement, fit son chemin à travers les spectateurs agglutinés et tous habillés en jaune pour atteindre l'extrémité de la tribune. Il aperçut ses coéquipiers dans les gradins d'en face, en train d'acclamer et d'applaudir tandis que les joueurs saluaient la foule ; et quand les nouveaux champions olympiques se tournèrent de son côté pour remercier le public de ses encouragements, il eut l'impression que Romero le regardait directement.
Les gradins se vidèrent quand les joueurs quittèrent le terrain, et il retrouva les autres dans le hall en attendant la remise des médailles.
-Alors, Tobio-kun ? l'accueillit Miya. T'as bien profité de ta place en VIP ? Plus on est près mieux c'est pour mater, non ?
-Ouais, répondit Kageyama sans ciller. Essaye d'en chopper une aussi la prochaine fois. Peut-être que tu pourras te la payer quand tu seras titulaire.
Atsumu eut l'air outré et Bokuto éclata d'un grand rire. Habituellement, Tobio ne s'abaissait pas à répondre à Miya, bien qu'il ait passé trois ans à aiguiser sa répartie sur Hinata ; mais il se sentait bien, avait la sensation de planer un peu, et trouvait particulièrement jouissif de pouvoir se défouler sur quelqu'un qui n'était pas sans lui rappeler Oikawa.
Ils assistèrent à la remise des médailles, puis la plupart de ses coéquipiers se précipitèrent dans les couloirs pour obtenir un autographe, les trois équipes sur le podium regorgeant de joueurs stars. Kageyama s'esquiva, il y avait trop de monde, les gens se pressaient les uns contre les autres, il n'aimait pas ça –et puis, il aurait largement l'occasion de recroiser ces joueurs-là dans d'autres tournois pour les années à venir et de leur demander un autographe calmement.
-Dommage, soupira Miya en tentant de retrouver sa crédibilité. J'aurais bien voulu voir où Romero aurait signé si tu lui avais demandé.
-Sur un papier.
-J'imaginais des endroits plus exotiques.
Tobio tourna la tête et feignit de contempler des affiches pour ne pas laisser voir à Miya que ses joues rosissaient.
Il profita d'être à côté d'Ushijima sur le retour pour envoyer un sms de félicitations à Nicolas, sachant fort bien qu'il n'aurait pas de réponse avant un moment. L'équipe passa la soirée à rejouer le match et à échanger leurs projets pour la journée de libre dont ils disposaient avant de rentrer : la plupart des joueurs comptait glander sur la plage, essayer de faire un peu de beach-volley, et éventuellement jouer les touristes devant la statue du Christ Rédempteur ou le pain de sucre. Pour sa part, Tobio n'avait pas encore décidé –Hinata lui avait donné son adresse, il pouvait toujours le rejoindre une fois que celui-ci aurait terminé son service.
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Réflexion
FanfictionIl crut qu'il allait passer le reste de son existence seul dans cette cave, qu'il y mourrait là, à vingt-deux ans, enterré avec ses regrets. "J'aurais dû dire le fond de ma pensée à Oikawa. Que je l'admirais, que je l'aimais un peu, et qu'il a tout...