02 : un des derniers jours de vacances

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[29 août]

Le Soleil au creux du ciel doré se couchait sur l'un des derniers jours des vacances d'été. Le mois d'août touchait à sa fin, et je revenais de la supérette du coin sur mon vélo de ville. Les cheveux au vent, la frange dans tous les sens, les jambes libres et nues parcourues par la brise estivale, je rentrais chez moi avec mes écouteurs dans les oreilles. Mon quartier est vraiment calme et très vaste. Mais ce soir-là, aucun enfant ne jouait ni ne criait sur le trottoir. Aucune personne âgée ne scrutait chaque mouvement de la rue, appuyée sur sa chaise de salon de jardin. Aucun trentenaire ne rentrait son linge, avant le journal télévisé de vingt heures. Seule l'herbe au-devant des nombreuses maisons identiques frémit à mon passage. Un chat noir pointa le bout de son nez par une fenêtre au rez-de-chaussée, et me fixa de ses grands yeux jaunes.

À seulement quelques mètres de chez moi, mon cœur manqua un battement ainsi que de me faire tomber de mon vélo. L'Evan de mes rêves se tenait là, dans son bermuda turquoise, les cheveux scintillants. Il me sourit en m'apercevant une nouvelle fois, et je fis de même en tentant de tenir droite. Je n'avais qu'à m'arrêter devant chez moi pour également arriver devant chez lui ; quelle chance j'avais là. Je descendis alors de mon vélo.

_Salut ! Angeline, c'est bien ça ?
_ Salut ! Oui oui, c'est ça.
_ Qu'est-ce que tu fais dans le coin ?
_ J'habite ici ! ai-je désigné en pointant la maison derrière moi. Alors je rentre chez moi.
_ C'est génial ! Moi, j'habite juste là ! m'imitait-il en montrant la sienne. 
_ C'est vrai que c'est chouette !
_ C'est pour ça que j'avais l'impression de t'avoir déjà vue, à la soirée de ce garçon ... Dan ?
_ On a sûrement dû se croiser avant ! Et il s'appelle Ben, d'ailleurs. 
_ Ben, c'est vrai. J'ai un peu de mal avec les prénoms pour l'instant. Il y a tellement de monde ...
Tu t'y feras, ne t'en fais pas. 
_ Merci, Angeline.

Ces paroles me faisaient frémir d'émotion. Je n'avais jusque-là jamais vu d'yeux plus doux et plus réconfortants que les siens. Ils me donnaient envie de me blottir au creux de ses bras pour l'éternité. Et alors que je me perdais dans l'admiration de son visage, Evan me sortit de mes pensées avec quelques mauvais souvenirs :

_ D'ailleurs, ça va mieux depuis ta chute ce soir-là ? 
_ Plutôt bien, merci. Je n'ai presque plus mal au dos. C'est gentil de demander.
_ C'est bien normal.

Mon adorable (pas du tout) grand frère tira de mon rêve éveillé en hurlant par la porte d'entrée.

_ ANGELINE !!! FAUT QUE TU RENTRES !
_ Désolée, ai-je repris à Evan, mon grand frère m'appelle.
_ Tu as fait une bêtise pour qu'il crie comme ça ?
_ Non, c'est une habitude. 
_ Je vois, riait-il. Je te laisse, alors. On se verra sûrement à la rentrée. Tu vas au lycée de la ville ?
_ Oui ! En dernière année. Toi aussi ?
_ Oui ! C'est super. On se reverra dans quelques jours, alors. Ou peut-être avant !
_ J'ai hâte.
_ À plus !

Evan partit donc avec un signe de la main, tandis que je rougissais de plus en plus. Il me faisait tant tourner la tête. J'en avais des papillons dans le ventre.

ANGELINE !!! 
_ DEUX SECONDES, J'ARRIVE !!!

only fools fall for youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant