22 : un sourire contagieux

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[28 octobre]

Le mardi tant attendu est arrivé bien vite. En tant que deuxième jour de mes vacances officielles, je suis contente de le passer au musée. Entre nous, j'aurais préféré qu'il se déroule avec Evan, mais ce n'est pas si grave. Le soleil brillait déjà bien fort et n'était dérangé que par quelques nuages blancs de temps à autres. Le vent ne s'était pas encore levé mais j'espérais qu'il ne soit pas au rendez-vous ce jour-ci. J'avais passé beaucoup de temps sur ma coiffure et je n'avais pas envie de tout gâcher. 

J'étais plutôt en avance : il était à peine onze heures et il ne me restait plus que mon maquillage à terminer. Liam était censé venir me chercher une bonne demi-heure plus tard, mais je n'avais aucune nouvelle de lui. La musique allait un peu trop fort pour que je l'entende sonner à la porte de chez moi. J'appliquais mon eye liner en chantant à tue-tête une chanson de Britney Spears (une de mes artistes préférées depuis ma naissance) dans ma salle de bains et je m'amusais beaucoup. 

_ My loneliness is killing me ... And I, I must confess I still believe ! (still believe) When I'm not with you I loose my mind, give me ... LIAM !!! ai-je hurlé en sursautant.
_Salut Angeline !

L'intrus me regardait profondément dans le miroir, charmé, alors que je reprenais mon souffle.

_ Depuis combien de temps t'es là ?! Tu m'as fait super peur !
_ Depuis assez longtemps pour t'écouter chanter.
_ T'es malade de rentrer dans la salle de bains comme ça ? Imagine si je sortais à peine de la douche !
_ C'est pas plus mal, finalement.
_ Tu me saoules, m'énervais-je en le poussant vers la sortie. Va-t'en de cette salle de bains.
_ Comment tu fais pour te maquiller en chantant ? Ça a l'air super difficile.
_ Je suis une pro de l'eye liner, ne me sous-estime pas.
Jamais je n'oserais.
_ Mais attends, je suis si en retard que ça ?!
_ Non, non ! J'étais juste en avance.
_ Tant mieux. Maintenant, laisse-moi.

J'ai alors fermé la porte devant son nez. J'avoue que ce fut une expérience plutôt traumatisante. Non pas que j'avais honte de chanter dans ma salle de bains ni même de m'être fait prendre pour ça, mais je trouvais déstabilisant le fait d'entrer sans prévenir dans une pièce censée contenir mon intimité.

C'est pourquoi, moins de dix minutes plus tard, je rejoignais ma chambre encore rouge de contrariété. Et à mon énième surprise, Liam se trouvait là, sur mon lit et sur le ventre, à traîner sur son téléphone. 

_ J'espère que je ne te dérange pas trop, ai-je annoncé, sur les nerfs.
_ Je te trouve vraiment jolie. 

Ses paroles me firent frissonner car un certain cauchemar que j'aurais préféré oublier a refait surface comme une bulle d'air dans un soda. J'ai donc préféré l'ignorer pour éviter que tous ces évènements ne réitèrent. J'ai commencé à ranger quelques affaires pour tenter de me changer les idées.

_ Je vais t'étrangler dans les secondes qui suivent, Liam. Je te conseille de descendre.
_ Ce n'était pas mon idée, je tenais à te le dire. Ton frère m'a proposé de monter pour te faire peur, pour se venger parce que tu aurais mis la musique trop fort depuis ce matin, à ce qu'il m'a dit.
_ Bien. Je vais l'étrangler, alors. 
Tu fais bien, souriait-il sans avoir bougé. Ce n'était pas vraiment ma faute. 

Je me suis appuyée sur mon bureau en me retournant vers lui. J'avais envie de rire pour me moquer de lui, mais le contexte ne m'amusait pas tant que cela. 

_ Tu te fiches de moi ? Je vais vous étrangler tous les deux. Si tu voulais rester innocent, il ne fallait pas l'écouter. 
_ J'aime bien Britney Spears, mais pas pendant des heures, moi non plus. 
C'est vrai, ça. Bon. Tu veux qu'on parte dans combien de temps ?
_ On peut partir d'ici une dizaine de minutes, ça te va ? proposa Liam en jetant un coup d'œil à sa montre.
_Ça me va, oui. Je suis prête. 
_ Parfait. 

Je me suis assise à ses côtés pour enfiler mes chaussures : d'adorables tennis blanches basses avec une semelle épaisse qui me tenaient beaucoup à cœur. Avec ceci, j'ai choisi un large jean et clair, et un sweat sans capuche terriblement confortable, orange pâle et gigantesque qui devrait me tenir chaud toute la journée, par-dessus une chemise blanche dont le col dépassait. Sophia aurait adoré mon style. Je sentais le regard de Liam dans mon dos, lui qui pensait être discret, toujours affalé dans mon lit mais sur son côté cette fois. 

Une fois mes lacets bien serrés, je me suis retournée vers lui. Son visage exposait un sourire contagieux de garçon amoureux, et je trouvais cela plutôt mignon. Liam est toujours aussi beau qu'au premier jour, bien que mon animosité à son égard soit bien moins intense qu'elle l'était deux mois auparavant. Lui, portait un sweat mauve (une couleur qui lui allait plutôt bien) dans un simple jean sombre, et des Converses d'un gris anthracite que j'avais rarement vu avant. Par-dessus tout cela, son authentique veste en jean fourrée qui lui donnait un style des années 90. Nous voilà assortis.

_ Angeline, je peux vraiment pas me retenir de te dire que j'ai envie de te serrer dans mes bras. Je suis désolé si ça te gêne, mais il fallait vraiment que je te le dise. 
Je t'avoue que ça me surprend, ai-je intensément rougi. Et je suis flattée. Et ça ne me gêne pas. Enfin, pas que tu me le fasses, ou plutôt que tu me le dises, enfin t'as compris ... 
_ Oui, je te comprends.

Un court moment se déroula avant qu'il ne tente de détendre l'atmosphère : 

_Je sais que je suis irrésistible, et ça ne te gêne pas que je te fasse un câlin. 
N-non ! C'est pas ça que j'ai dit, pas du tout, ai-je ri avec lui. 
_ Mais tu le penses, je le sais. 
_ Finalement, c'est pas moi la plus prétentieuse, assurai-je en poussant son épaule.
_ Ça dépend, mais tu pourrais me battre. 

only fools fall for youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant