13 : songes agréables

22 4 2
                                    

[24 septembre]

Je sortais de la supérette du coin ce mercredi soir avec des cernes sous les yeux et la frange dans tous les sens. Je m'apprêtais à enfiler mes écouteurs et lancer ma playlist préférée avant d'entendre mon prénom au loin derrière moi. En me retournant, je reconnus Evan, accourant vers moi comme j'en avais longtemps rêvé. Il arriva à mes côtés bien assez vite et en reprenant son souffle, il m'adressa son plus radieux sourire. Ce garçon me faisait flotter comme une bulle de savon. Il déposa une mèche derrière son oreille et commença alors que je souriais déjà :

_ Salut Angeline ! Comment tu vas ?
_ Salut, ça va plutôt bien. Et toi ?
_ Ça va bien aussi, merci. Qu'est-ce que tu fais en ville toute seule ce soir ?
_ Je sors du boulot. Je travaille à la supérette, juste ici, ai-je désigné derrière moi. 
_ Vraiment ? C'est super, ça ! C'est pas trop difficile ?
_ Non, ça va ! On s'amuse bien et on ne finit pas trop tard, c'est cool.
_ C'est chouette alors. En le sachant, je viendrai plus souvent.
_ Je ... je ferai en sorte d'être là, alors. 

Il me faisait rougir de plus en plus (ce qui semblait l'amuser car il sourit à la vue de mon visage couleur fraise), pendant que des papillons s'agitaient dans mon estomac et me faisaient glousser comme une enfant. 

_ Et toi, qu'est-ce que tu faisais ?
_ Je sors de chez un pote, on devait se voir pour les cours. Et là je rentre chez moi. 
_ Moi aussi, je rentre. 
_ On fait la route ensemble ? Etant donné qu'on va presque au même endroit. 
_ Avec plaisir, allons-y.
_ Et je me demandais : tu vas au lycée à pieds le matin ? Si oui, on pourrait peut-être faire la route ensemble de temps en temps, ça te dirait ?
_ J'aimerais énormément ! Ça me fait plaisir que tu proposes. On n'a qu'à faire ça !

J'étais fière de pouvoir annoncer cela à mes amis le lendemain. Je me sentais comme sur un nuage dans ce ciel doré et apaisé au-dessus de nous. Les amas de coton couleur pêche divaguaient à des songes agréables et amoureux, tout comme moi. Je sentais mon cœur battre deux fois plus vite dans ma poitrine qui le retenait à peine d'en sortir. J'étais indéniablement amoureuse, et j'osais à peine imaginer qu'Evan puisse ressentir de telles émotions envers moi. Je m'attendais à souffrir à la fin de cette histoire mais certains actes et paroles de sa part me donnaient de l'espoir par moment. 

_ Au fait, reprit-il, j'avais envie d'apprendre à jouer de la guitare depuis un moment et Abigaëlle s'est proposée. Tu te souviens d'elle ?
_ Oui, oui, je me souviens ...

Mais dans d'autres moment, il s'agissait de l'inverse et me renvoyait à la case départ. Avec ça, je maudissais mon "moi-enfant" pour ne pas avoir choisi d'apprendre la guitare, mais plutôt un harmonica qui ne m'aura jamais servi et ne me faisait draguer personne.

only fools fall for youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant