Chapitre 8

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Quand l'aube s'est levée, moi aussi. Bien que je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. 

Je me change puis me dirige vers la cuisine. Je vois alors un mot sur la table Je n'ai jamais vu cette écriture, elle est très élégante ; tout en arabesque. 

Automatiquement je me mets à lire :

« Maintenant que tu sais la vérité...

 Tu as le droit de me haïr. Rien que pour t'avoir caché ce que j'étais réellement tu devrais me haïr. De toute façon, ce droit, tu l'avais déjà en arrivant. Je suis un Démon, je ne mérite pas ta lumière. 

Je continuerai de te protéger, coûte que coûte, mais si tu préfères ne pas me voir, je comprendrais. Je te suivrai comme une ombre invisible, comme avant que je t'arraches à ta vie. Je serai là sans que tu ne le saches, veillant sur toi.

Te rappelles-tu de notre conversation sur ta dernière mission sur Terre ? Tu m'avais parlé du sken que vous deviez abattre et de ce qu'il avait fait. Il est temps pour lui de souffrir ! Si tu m'autorises une dernière fois à te faire un « cadeau », sors sur ton balcon, je te montrerai ce que je fais la nuit, je te montrerai ce dont je suis capable. »

Le mot n'est pas signé mais je comprends qu'il vient de Kaï. Sans réfléchir, je me précipite sur le balcon. Juste en bas, dans la pelouse noir, se tient celui que je reconnais comme la dernière victime de mon équipe. Il ne bouge pas, il est figé. Sa terreur est pourtant tangible. Je me sens alors aspirer. 

J'atterris dans un « monde psychique ». Tout à fait étrange comme endroit. Je suis là mais je n'ai pas les mêmes propriétés que dans le monde réel. Kaï, ou plutôt son image mental, se tient à côté de moi. Nous somme comme devant un écran... Je pense qu'il commande ce monde de là. Il est le réalisateur, je suis la spectatrice et notre victime, l'acteur. 

- Merci d'être venu, me dis la voix de Kaï dont le son provient de tout les côtés à la fois.

Je ne peux répondre car je n'ai aucun pouvoir en ces lieux. Il me dit que je n'ai qu'à regarder à travers la vitre. J'obéis et je me concentre sur l'homme de l'autre côté oubliant la présence du scénariste et réalisateur juste à côté de moi. 

L'humain ne comprends pas ce qu'il lui arrive. Il se retrouve dans l'immeuble dans lequel nous l'avons abattu. Plus précisément, il est à l'étage où Cléa a retrouvé les enfants. Ces derniers aussi sont là, mutilés. Il se croit alors revenu aux temps d'avant sa mort mais cela ne dure qu'un instant... Lorsque le kidnappeur/tortionnaire s'approche de ses innocentes victimes, leurs visages se transforment pour prendre ceux de ses frères et de sœurs. 

J'admire le travail de Nékaïeren. Il parvient a trouver ce qu'une personne à de plus cher pour le retourner contre lui. C'est tout à fait sadique. Il a un talent indescriptible pour la mise en scène. Mais ce n'est pas fini ! La scène continue de se dérouler devant moi.

Les six enfants le supplient et lui, lame en main, croit avoir écorché vif sa propre famille. Il se met à paniquer et surtout : à culpabiliser. Car c'est cela que cherche chaque tortionnaire des Enfers, le but est de faire culpabiliser les âmes damnées. Et le chef des Psychonaires est doué pour cela.

Une autre personne fait alors son apparition. Je comprends que c'est le père de ce sken. L'homme plus âgé lui annonce d'une voix détaché qu'il ne peut permettre à l'un de ses enfants de blesser les autres. Je remarque pour la première fois la carabine qu'il a à la main. Sans avertissement il met son fils tortionnaire et tétanisé en joue et tire une première fois. La balle l'atteins à l'épaule et lui cause une grande douleur. Sa terreur est visible lorsque, agenouillé, il reçoit une seconde balle le le crâne. 

C'est une exécution qui vient de se jouer... Son corps tombe au sol et ce « faux » monde part en fumée. Alors tout devient noir, puis blanc et le monde réel réapparaît devant moi. Je suis sur mon balcon, la victime de Nékaïeren sur la pelouse là en bas et Kaï juste à côté, les mains se détachant doucement des tempes du sken qu'Arthur a tué.

J'étends mes ailes et vole jusqu'à eux. Je pousse sans ménagement le pauvre humain et mets les mains sur les épaules de mon Démon. (C'est peut-être un peu possessif comme titre « mon Démon ». Mais je suis bien « son Ange » alors... ALORS je réfléchis trop !)

- Je ne te reproche pas ce que tu es. Je suis une tueuse en série, c'est moi qui rempli les enfers de sken et c'est dans l'espoir que des Démons comme toi s'en occupe. Non, ce qu'y m'a blessé c'est que tu m'ai caché tout ça.

- Je suis désolé.

- Je sais. Et maintenant que tout est dit, j'aimerais qu'on continue comme avant. Je te pardonne. Il me reste quelques jours ici et je ne veux pas les passer sans toi.

- Je... ne sais pas comment t'exprimer ma gratitude.

- Tu n'as pas à le faire. Allez, viens, on va m'acheter des souvenirs, je lance pour repartir dans la bonne humeur.

- Des souvenirs ?

Je m'élance vers la rue commerçante et il n'a d'autre choix que de me suivre. Je dépense pas mal d'argent en achetant des objets pour mes amis aussi. 

- Tu es vraiment imprévisible ! se plaint Kaï. À première vu tu es une Ange au caractère bien trempée mais c'est pire que ça ! Tu es une Ange qui prend son kidnapping aux Enfers pour des vacances !

- Oh ça va ! Si même en Enfer on peut pas s'amuser...

- Tu m'étonnes ! Toi, dans la cité des anges, tu dois sacrément t'ennuyer !

- T'imagines pas...

Le soir, en rentrant, nous apprenons que le rendez-vous entre le diable et mes supérieurs aura lieu demain soir. Il me reste qu'une seule journée aux Enfers et ça me... chagrine. Je suis bien ici. Mais tout va prendre fin bientôt.

Je veux faire un dernier tour avant de rentrer, ce que Kaï m'autorise. Après une heure, il décréte qu'il était temps de retourner dans mes appartements. J'accepte à condition qu'il m'attrape d'abord. 

Il refuse net : ce sont les enfants qui jouent ainsi. Mais en me voyant courir il ne peut résister à l'envie de me rattraper. Je n'ai aucune chance : il est bien plus grand, fort et rapide que moi mais ça me fait du bien de me défouler sur quelques mètres. Lorsqu'il arrive à ma hauteur il me prend dans ses bras et nous téléporte dans ma chambre.

- Que veux tu faire demain ? me demande t-il lorsque je me mets enfin au lit.

- Pour mon dernier jour je veux refaire un tour à la muraille de feu puis déambulé dans le palais. Mais les derniers heures j'exige de les passer dans mes appartements, à parler avec toi.

- Tu vas me manquer, avoue-t-il. Je n'aurai jamais imaginé autant apprécier une Ange.

- Tu es un Démon extra.

- Bonne nuit ma serial killer.

- Bonne nuit, je finis.

Il ferme doucement la porte, me laissant seule avec mes pensées. Les Enfers m'ont appris un tas de choses mais demain je rentre chez moi...




Angéliquement tueuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant