Chapitre 1 : A yellow lemon tree

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"I'm steppin' around in a desert of joy
Baby anyhow I'll get another toy
And everything will happen
And you'll wonder
I wonder how I wonder why
Yesterday you told me 'bout the
Blue blue sky
And all that I can see
Is just another yellow lemon tree
I'm turning my head up and down
I'm turning turning turning turning
Turning around
And all that I can see
Is just a yellow lemon tree"

- Sarah!

- Yup ? Je réponds en décrochant mes yeux de ce que je gribouillais : un gros citron bien luisant.

- Tu veux bien te reconcentrer un peu ? s'agace Lydie. Ça fait des jours que tu fredonnes la même chanson. J'en peux plus là.

- Okay okay, j'arrête. C'est juste que j'aime bien les paroles. Je lui réponds tout en levant les mains dans un geste pacifique.

- Vas y explique moi, il a quoi de si génial ce citron ? me demande Lydie les yeux levés au ciel, sa réaction préférée face à mes comportements parfois un peu étranges.

- Bah ... c'est une métaphore. Le chanteur veut dire qu'il n'arrive pas à songer à autre chose que ce magnifique citron plein de vie qui l'obsède et du coup il rate tout le reste ... Enfin du moins c'est que j'y comprends moi.

Lydie me regarde silencieuse pendant quelques instants avant d'exploser de rire. Elle essaie de reprendre son air sérieux mais je la connais mieux que ça. Depuis la maternelle, elle a toujours adoré m'écouter la « baratiner » — ses mots pas les miens. Moi j'appellerais plutôt ça un discours argumentatif sensé et sensible. Sensible parce qu'il a pour sujet un objet qui paraîtrait insignifiant à la plupart des gens. On me dit souvent que je raconte n'importe quoi, d'après Lydie le problème dans mes histoires c'est, je cite : « tu choisis un sujet inintéressant, dont tout le monde se fiche comme [insérer sujet, par exemple : l'escargot que j'ai écrasé ce matin] au lieu de parler de véritable sujet comme la faim dans le monde ! ». Enfin heureusement que je suis là pour parler de choses insignifiantes sinon nos conversations avec ma meilleure amie se résumeraient à : « Comment quelqu'un peut-il confondre mitose et méiose ?! »

- A quoi tu penses encore ?

- Aux différentes étapes de la méiose, je lui réponds.

Elle ne décèle évidemment pas l'ironie.

- Je pensais qu'on devait bosser nos exos de maths. Sarah, sérieux on doit finir ce DM avant mardi !

- On a encore une semaine de vacances Lydie. Et vu le sale temps qu'on se tape depuis début novembre on n'aura pas grand-chose d'autre à faire.

Devant son regard insistant je pose mon crayon dans la rainure de mon carnet, improvisant ainsi un marque-page, avant de le refermer délicatement. Après avoir enchaîné deux ou trois inspirations et expirations (technique de ma gourou de mère pour recentrer ses chakras sur un point précis, ou un truc comme ça), je lui dis avec un grand sourire :

- Ça y est. Je suis en mode maths. Alors où est-ce que tu bloques ?

- Sur cette intégrale ! Il faut savoir que Lydie perd vite son calme quand elle ne réussit pas quelque chose. Il faut aussi savoir que Lydie rate rarement quelque chose.

- Bah tu appliques la primitive, non ?

- Mais pourquoi y a ces saletés de variables a et b en plus de x ?! C'est pas comme ça dans le cours ! s'agace-t-elle tout en feuilletant frénétiquement son cahier de maths à la recherche d'une explication.

- Oui, mais ça ne change rien en fait. Tiens, regarde. Je lui prends doucement sa feuille et lui écrit la formule avant de tout développer pour ensuite lui rendre sa feuille.

Sacrés amis, sacré pari !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant