Sacrés amis, sacré pari !

Chapitre 14 : A la guerre comme à la guerre !

Assise sur le lit à baldaquin de Lydie je la regarde faire des allers-retours entre son armoire et la pile de vêtements qu'elle a entassée sur un fauteuil de style rococo. Je devais la retrouver chez elle avant que nous ne prenions le bus en direction du lycée Clemenceau. En effet, nous sommes le 17 décembre et cela fait déjà deux mois (c'est-à-dire depuis que la date est renseignée sur leur site) que ma meilleure amie a réservé ce samedi pour se rendre aux portes ouvertes des classes préparatoires de Clemenceau. Il n'est que 8h30 mais Lydie compte bien arriver au moins cinq minutes avant que les portes de Clemenceau ne s'ouvrent. Elle a depuis bien longtemps prévu cette journée dans les moindres détails et cela inclut arriver en avance afin d'être certaine de pouvoir faire le tour de l'établissement avant d'assister au discours du principal. Et ce même si pour cela elle a dû se lever aux aurores un samedi matin ce qui n'est pas vraiment dans ses habitudes.

C'est ainsi que je me retrouve confortablement installée sur son matelas pendant qu'elle ne s'agite à la recherche de la tenue parfaite en prévision d'une journée qui se doit d'être parfaite. Lorsqu'elle m'a appelé la veille pour convenir des détails de la journée, ou plutôt pour me rappeler de ne pas arriver en retard, elle avait pourtant déjà mis de côté des vêtements mais apparemment à trente minutes de son grand moment le stress lui fait tout remettre en question. Elle a atteint un niveau de nervosité dans lequel je l'ai rarement vu. Même avant ses compétitions d'équitation elle semble plus sereine. J'avoue avoir du mal à comprendre ce qui l'inquiète autant, elle ne passe pas un entretien pour entrer dans cette prépa mais va seulement s'y rendre pour visiter et se renseigner. Pourtant j'ai l'impression d'assister à ce qui pourrait précéder une intervention militaire de la plus grande importance. La journée est programmée à la minute près. Cependant son plan risque de prendre du retard si elle ne se décide pas rapidement.

Quoi qu'il en soit après m'avoir demandé mon avis plusieurs fois sans jamais en tenir compte, à court de temps elle finit par faire son choix avant de me faire courir jusqu'à l'arrêt de bus qui se trouve en bas de sa rue. Vingt minutes plus tard nous voilà à l'arrêt Foch' Cathédrale et Lydie me tire par la manche toute excitée, ses talons claquant contre les pavés nantais. Ce n'est pas la première fois que je passe devant ce lycée puisqu'il se situe à proximité du musée d'art de Nantes mais cela ne m'empêche pas de me dire une fois de plus qu'il en jette avec ses grandes portes en bois massif au milieu d'une façade en pierre blanche. Le bâtiment est assez impressionnant et Lydie m'apprend qu'on y trouve même une chapelle. Une fois la visite de l'enceinte commencée mon émerveillement retombe assez vite quand je réalise qu'un vieux bâtiment comme ça a tout autant de problèmes de chauffage que notre lycée actuel. Cela ne dérange en rien Lydie dont le sourire semble ne pouvoir retomber. Au contraire, à chaque nouvelle pièce il s'agrandit à tel point que je crains que son visage ne garde quelques séquelles de cette matinée. Elle s'y voit déjà et c'est vrai que je l'imagine très bien en train de s'acharner sur quelques exercices de mathématiques irrésolubles assise au milieu du CDI qui se trouve au premier étage.

Après avoir visité chaque recoin de sa potentielle future prépa et posé un milliard de questions aux enseignants présents, notamment sur les critères de sélection, Lydie accepte enfin de sortir. Nous partons de son nouvel endroit préféré, elle avec des étoiles dans les yeux et moi avec l'estomac vide. Je crois que son cerveau s'est mis en pause quand le principal a parlé de la difficulté des deux années à venir pour les futurs admis. Personnellement j'ai bien retenu des mots tels que « marathon », « concours », et « échec ». Mais heureusement pour mon amie elle semble être immunisée à ce genre de discours et est plutôt focalisée sur la perfection du dossier qu'elle va devoir présenter. Elle m'explique une énième fois pourquoi elle pense que son niveau d'équitation est un atout dans son dossier avant d'être interrompue par la sonnerie de son portable. Je capte seulement les réponses de Lydie : « Qu'est-ce que tu veux ? ... Oui on vient de sortir ! C'est le paradis sur terre, tu verras j'ai pris des photos ! ... Pourquoi pas ... OK dans cinq minutes devant la cathédrale... Oui oui à tout de suite. » Je la fixe d'un regard interrogatif avant qu'elle ne m'explique :