«Oui, bon, pour le normal on repassera» je ne peux m'empêcher de penser, assise dans un canapé chez Lydie entre Tom et Marc. Dans le fauteuil d'en face Alex refuse d'effacer ce petit sourire moqueur qu'il maîtrise si bien et ce malgré les regards assassins que je lui lance depuis dix minutes. Je sais très bien ce qu'il a en tête : qu'on ne récolte que ce que l'on sème et que je vais bientôt être obligée de passer à l'étape de la vendange.
Le fait est que mon rendez-vous avec Tom mardi dernier ne s'est pas vraiment déroulé comme je l'avais imaginé. Quand j'ai voulu m'asseoir à la petite table près de la fenêtre où les deux chaises se trouvaient de part et d'autre de celle-ci, Tom m'a tirée vers une table avec une banquette qui faisait l'angle de la pièce. Nous nous sommes donc retrouvés côte à côté au lieu de face à face avec une table faisant rempart entre nous. Puis, quand à plusieurs reprises j'ai tenté de qualifier notre relation d'amitié, voire de camaraderie, Tom lui orientait spontanément la conversation dans une autre direction. On aurait dit qu'il avait comme un sixième sens qui lui indiquait quand changer de sujet. Et enfin, quand au moment de partir j'ai essayé d'arriver en première au comptoir pour régler ma part, Tom m'a interpellée pour me tendre mon écharpe que j'avais oublié sur la fameuse banquette, en profitant pour me passer devant et payer l'addition. Il est fort, très fort. Je n'ai rien pu faire (à part tourner la tête et m'enfuir alors qu'il essayait de m'embrasser avant que je ne monte dans mon tram). Oui, je le reconnais je suis vraiment montée en courant dans mon tram parce que je n'ai pas eu le courage de dire ce que je pensais réellement à un ami. Ça craint. Peut-être que je mérite d'être coincée le cul entre deux chaises, ou plutôt entre deux gars.
Quand à Marc, je ne sais pas quelle mouche l'a piqué, mais il ne me lâche plus depuis que Tom est arrivé alors que je ne l'ai pas vu de l'après-midi que j'ai pourtant passé chez lui avec sa sœur. En effet, Lydie m'a proposée de venir vers 15 heures pour qu'on ait le temps de nous préparer avant que ses invités n'arrivent. Ce qu'elle entendait par là s'était plutôt qu'elle voulait que je vienne tôt pour qu'elle ait le temps de me montrer une vingtaine de différentes tenues potentielles pour ce soir. Statut de meilleure amie oblige, je me suis donc prêtée au jeu, allongée dans son lit pendant qu'elle essayait la moitié de sa penderie. Ce n'est pas comme si j'avais grand chose de mieux à faire ...
« Tu es sûre qu'Alex vient ce soir?
- Pour la centième fois, oui Sarah je suis sûre puisqu'il me l'a confirmé ce matin. Vous vous êtes disputés ou quoi ?
- Hum. Plutôt la seconde option.
- Comment ça ?
- "Ou quoi"
- Quoi ? Mais qu'est-ce que tu racontes, ça n'a pas de sens!
- Non on ne s'est pas disputé, c'est juste que je ne l'ai pas vu depuis longtemps et qu'il ne m'envoie pas de message.
- Parce que tu lui en envoie toi ?
- Bah non, mais c'est moi qui lui ai envoyé le dernier donc logiquement c'est à son tour de commencer une conversation.
- Non mais n'importe quoi. Sarah, Alexandre ne va pas t'abandonner parce qu'il ne répond pas pendant quelques jours, contrairement à certaines personnes il t'est loyal comme un petit chiot avec son maître.
- Là c'est toi qui me perd. Alex n'est le petit chiot de personne et certainement pas de moi et tu entends quoi par "contrairement à certaines personnes" ?
- Jérémy avait arrêté de me répondre avant de rompre. J'essayais de me dire que c'était juste de la parano mais apparemment mon instinct était dans le vrai.
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Sacrés amis, sacré pari !
Roman pour AdolescentsA dix-sept ans, Sarah cherche à comprendre le monde loufoque qui l'entoure. Pourquoi sa meilleure amie Lydie s'accroche-t-elle à un looser au nom d'un concept aussi abstrait que l'amour ? Quelle raison biologique peut bien rendre Marc, le frère de L...