Chapitre 11

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H A R R Y


Les flammes éclairent le visage de Louis, lui donnant une teinte chaude et rassurante. J'ai toujours trouvé que les nuances orangées et rouges avaient quelque chose de réconfortant. Le soleil, le feu. Je pourrais passer des heures à les observer. Contrairement à l'eau. Elle est terrifiante. Parfois, je fais des cauchemars où je me noie. Ce n'est pas depuis toujours.

On est assis face à face autour d'un petit feu qu'on a fait avec des branches trouvées par terre, à quelques pas de nos sacs de couchage. Louis n'avait pas l'air très rassuré quand les étincelles se sont produites, mais je lui ai dit qu'il n'y avait rien à craindre. On fait griller des marshmallows qu'on a acheté avant de quitter le village tout à l'heure. Je crois que Louis en est au moins à son dixième.

— C'est trop bon, ce truc, il dit tout en léchant la pâte restée sur son bâtonnet.

— T'avais jamais goûté ?

— Non, je crois pas.

Estimant qu'il est assez brûlé, je retire mon marshmallow du feu.

— T'as raté quelque chose. Moi j'en mangeais tout le temps quand j'étais plus jeune. On les faisait griller chez mon meilleur ami et ça énervait ses parents parce que ça puait.

Je ris un peu. C'est des bons souvenirs, au fond. Tout était plus simple à cette époque là. Mais c'était avant. Avant...

— Tu m'as jamais parlé de ton meilleur ami.

Je hausse les épaules et porte le marshmallow à ma bouche. Le sucre, ce soir, ça ne m'écoeure pas. J'aime bien même, je lèche mes lèvres quand il n'y a plus rien sur le bâtonnet.

— Y'a pas grand chose à dire. On était amis quand on était gosses, puis on s'est éloignés.

— Pourquoi ?

— Pour aucune raison particulière. On avait juste plus aucun centre d'intérêt commun. Il s'est fait de nouveaux amis au collège, et moi, bah...

Louis arque un sourcil.

— Je suis resté tout seul.

Son regard est plein de pitié.

— C'est bon, Louis, dis-je en riant un peu.

— Ça a pas dû être facile.

— Pourquoi ? Parfois je me sentais encore plus seul quand j'étais entouré de personnes que quand j'étais vraiment tout seul, genre, physiquement.

Il hoche la tête, les yeux attentifs et pétillants du reflet des flammes.

— Je préférais me sentir seul quand personne était là. Au moins, on me traitait pas de bizarre ou d'impoli.

— Je comprends.

— Je l'étais vraiment, tout seul, tu sais... Comme si le monde me faisait comprendre que j'avais pas ma place ici. J'ai encore cette impression, parfois.

Là, Louis fronce carrément les sourcils. Il se lèche un peu la lèvre. Ça me donne envie de l'embrasser, au dessus de la chaleur du feu.

— Tu sais que tu l'es plus, hein ? Tout seul, je veux dire.

— Je sais.

— Vraiment, Harry. On est tout seuls à deux.

Je souris puis enfourche un nouveau marshmallow. J'ai vraiment faim.

— Ça va, j'aime bien être tout seul avec toi, je réponds.

— Moi aussi.

On finit de manger le paquet de marshmallow entier. Louis rigole en disant qu'il n'aurait pas dû s'empiffrer de cette manière parce que maintenant il a mal à l'estomac; je ne comprends que trop bien cette brûlure là.

Our Eternity - Larry StylinsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant