Chapitre 13

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H A R R Y


— Enfin ! s'exclame Louis en s'étirant les bras quand on descend du bus.

La chaleur vient immédiatement se coller à ma peau. L'air est plus sec que dans le sud-ouest. J'enlève le pull que j'avais enfilé sous la climatisation dans le bus, puis remets mon sac à dos sur mes épaules.

— On va par où ? il demande.

Je jette des coups d'oeil autour de moi, les yeux plissés.

— Tout le monde part par là, donc le centre doit être là-bas, je réponds en désignant du menton la route à ma droite.

Louis acquiesce, puis on s'y dirige. Il me prend la main. Je ne le repousse pas.

On s'enfonce dans la petite ville aux places ornées de fontaines, aux terrasses de café remplies, aux odeurs de poisson qui proviennent du marché. C'est joli. On aperçoit même des montagnes au loin, perçant le grand ciel bleu. On s'arrête quelque part pour manger. Louis est adorable avec moi; il m'encourage à manger sans jamais me forcer, il me dit de le prévenir s'il fait quelque chose qui me met mal à l'aise.

Plus tard dans la journée, vers dix-huit heures, on s'éloigne du centre pour trouver un endroit où dormir moins coûteux. Les rues sont quasiment désertes et les commerces laissent place à de la verdure.

On entre dans une petite auberge au plafond bas et aux fenêtres sombres.

— Ça fait flipper, pouffe Louis quand on passe le bas de la porte.

Je rigole un peu en lui disant de se taire parce qu'il y a une dame derrière le comptoir de l'accueil.

— Bonsoir.

Elle a l'air plutôt âgée, ses cheveux bruns mélangés à quelques cheveux blancs sont relevés dans un chignon. Ses traits sont durs et je ne sais pas pourquoi, mais elle ne m'inspire pas confiance.

Pendant que Louis demande s'il y a encore des chambres, je regarde furtivement autour de moi. Il y a une petite télé qui passe un vieux feuilleton grésillant un peu dans le fond de la pièce, il y a des croix chrétiennes accrochées sur chaque pan de mur. Je retourne la tête vers l'hôte.

Soudain, son regard glisse par dessus le comptoir. Je baisse les yeux vers nos doigts entremêlés avec Louis. J'avais oublié que je tenais sa main, tant il est naturel pour ma peau de se confondre avec la sienne. Quand j'aperçois la lueur de dégoût qui s'allume dans les iris de la dame, j'ai l'impression d'être... un rat. Sale et répugnant. J'ai chaud. Le silence est trop lourd, je n'entends même plus le grésillement de la télé ni le tic tac sourd de l'horloge.

Je m'apprête à retirer ma main de celle de Louis, mais il m'en empêche en la serrant encore plus fort.

— Alors, c'est bon pour la réservation ? demande-t-il fermement après plusieurs secondes de silence.

La dame penche un peu la tête, fronce les sourcils.

— Excusez-moi, mais vous êtes en couple ?

— N...

— Oui, Louis me coupe avant que je ne puisse répondre.

J'ai la bouche sèche.

— On ne va pas pouvoir vous accepter dans notre établissement, finit par répondre la dame d'un calme écrasant.

J'avale ma salive douloureusement.

— Pardon ? répond Louis sur le même ton.

— Navrée.

Puis elle baisse la tête sur des papiers posés devant elle, stylo en main, reprenant ce qu'elle était en train de faire.

Our Eternity - Larry StylinsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant